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CCRP : Attention au syndrome du Collège de sages

Publié le jeudi 30 juin 2011 à 19h13min

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Depuis le 23 juin, ils sont à l’œuvre et se savent attendus. Attendus par tous ceux qui espèrent voir l’horizon de la nation s’éclaircir davantage ; attendus par tous ceux qui ont refusé de se farcir le boulot et qui espèrent se saisir de leurs travaux pour alimenter leurs rancœurs et réaliser leurs programmes politiques.

Les 68 conseillers du Conseil consultatif sur les Réformes politiques (CCRP) savent donc qu’ils n’ont droit à aucune erreur et qu’ils seront lus et relus à la recherche de la petite bête dans un procès en sorcellerie qui ne dit pas son nom.

Après le gouvernement qui a été accusé de ne vouloir en faire qu’à sa tête et d’avoir ainsi mis en place un CCRP sur mesure pour des réformes toutes autant sur mesure, ils seront l’objet de toutes les attentions pour ne pas dire de toutes les pressions. C’est dire que la balle est dans le camp des conseillers ; ces hommes et ces femmes qui ont accepté relever le défi d’exprimer le plus fidèlement la volonté du peuple.

Des pressions, ils en subiront de toutes parts, sur tous les plans et sous toutes les formes. Particulièrement de ceux qui ont refusé d’en faire partie et qui tenteront, en leur donnant mauvaise conscience, de les pousser vers leurs extrêmes. La tactique n’est d’ailleurs guère singulière. Ils en sont tout au contraire coutumiers eux qui, en 1999 en avaient déjà usé pour pousser le Collège de sages à des jugements excessifs, afin d’espérer se donner une légitimité et une indépendance qu’ils lui refusaient. Ainsi pour espérer bénéficier de la légitimité dont il avait besoin il lui fallait montrer pattes blanches en se calant sur leurs positions.

La manœuvre n’avait échappé à personne et comme il fallait s’y attendre nos sages ont choisi d’incliner délibérément leurs jugements en faveur des « faibles » et des « grognards », espérant ainsi atténuer leurs instincts belliqueux et calmer par ricochet le climat social. On le sait, sur certains points de leur analyse de la situation nationale, ils avaient embouché la même trompette que le collectif de l’époque et s’étaient laissé aller à des considérations hors des limites de leur mandat.

Naturellement, alors qu’elles les récusaient, l’opposition politique radicale et une certaine société civile vont brutalement se muer en véritables chambres des sages et exigeront la mise en œuvre immédiate de leurs recommandations tout en exigeant d’aller au-delà lorsque celles-ci leur apparaissaient quelque peu molles.

A l’époque, alors que nous attirions l’attention de l’opinion publique sur les risques que les pressions de l’opposition faisaient courir sur la sérénité requise pour une véritable impartialité du Collège de sages, certains nous avaient accusés de « devancer l’iguane dans l’eau » et de voir le diable partout. Le résultat on l’a eu. Un réquisitoire sans concession contre le pouvoir accusé d’être responsable des scories de toute l’histoire et du présent de notre vie commune. Or nous écrivions un mois avant le dépôt du rapport du Collège et relativement à ces dangers que « c’est pourquoi le Collège de sages doit clairement appréhender ce pourquoi il a été créé et à quelle conclusion il veut aboutir pour assurer cette paix du cœur. Une claire conscience de sa mission est un paratonnerre contre tout risque de confiner un camp au rôle de victime expiatoire… ». (In L’Opinion n°94 du 14 au 20/07/1999).
L’avertissement vaut parfaitement pour le CCRP d’aujourd’hui.

En effet le risque est trop grand de vouloir contenter ceux qui ont choisi de se mettre en marge du processus, en cherchant à les contenter par tous les moyens pour en retour espérer leur reconnaissance. Parce que le pouvoir était ouvert à la critique et que l’opposition s’y refusait effrontément, les sages lui ont fait porter le chapeau. Parce que le pouvoir les a affranchis de toute pression venant de son côté, les sages s’étaient laissé prendre au chantage de tous ceux qui les traitaient de tous les noms d’oiseaux. La nature a horreur du vide dit-on.

On se retrouve comme en 1999 et il serait très dommageable de répéter les mêmes erreurs. Le CCRP doit avoir une claire conscience de son rôle et s’y coller hardiment en ayant à l’esprit qu’il s’agit de sauver tout un peuple et non une partie du peuple contre une autre, en l’occurrence le « faible » (l’opposition) contre le « fort » (la majorité). L’équation est beaucoup plus complexe. Les propositions doivent être inclusives et permettre à chacun de se réaliser pleinement.
Si la tâche n’est pas une sinécure, ce n’est pas non plus la mer à boire puisque les repères sont clairs, tout comme les objectifs : étendre le dialogue démocratique par la création de nouveaux cadres d’expression ; redéfinir les équilibres entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ; améliorer la gouvernance électorale ; et renforcer la gouvernance globale. La méthodologie, elle aussi, ne souffre d’aucune ambiguïté : élaborer un document de synthèse global des idées de réformes faisant ressortir les points de consensus et les points non consensuels ; identifier toutes les mesures d’accompagnement des options retenues ; initier toute étude susceptible de clarifier certains aspects des réformes envisagées ; et proposer toute mesure susceptible de favoriser la mise en œuvre des réformes proposées.

Un tableau de bord clair et des moyens clairs qui devraient permettre d’aboutir à des conclusions utiles, ouvrant la voie aux 2e et 3e phases du processus : les restitutions au niveau régional et les Assises nationales. On se demande comment malgré un tel agencement certains acteurs ont pu refuser d’y assumer leur part de responsabilité… De toute évidence, il leur a fallu une bonne dose de mauvaise foi.

Cheick Ahmed (ilingani2000@yahoo.fr)
L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 1er juillet 2011 à 00:01 En réponse à : CCRP : Attention au syndrome du Collège de sages

    A l’Opinion,le griot du pouvoir en place,j’ai lu la synthèse à ce jour du CCRP et ce qu’il faut dire,est que nous ne sommes pas sortis de l’auberge.C’est quoi cette histoire d’augmentation du nombre de députés ?C’est quoi cette histoire de création de sénat ?C’est quoi cette histoire d’un vice président ?C’est quoi cette histoire de statut particulier de la chefferie traditionnelle afin que nos chefs traditionnels deviennent des fonctionnaires puisqu’ils seront rémunérés ?SVP....nos politiciens n’ont pas à exercer un droit de cuissage sur notre cher Faso et cela au détriment des contribuables.Vous cherchez à couler le pays en cherchant en vous enrichissant.Vous ne cherchez pas le bien peuple sinon le CCRP devait se pencher en :
    1)sur la justice en exigeant que notre justice devienne vraiment indépendante avec beaucoup de moyens.Ainsi tous ces corrmpus,ces fossoyeurs seront vite rattrapés et mis à la maco
    2)sur l’éducation,obligation de tous les enfants en age d’être scolarisés au lieu de maintenir le peuple dans l’obscurantisme pour mieux profiter sur lui
    3)au niveau de la santé ;faire beaucoup d’efforts
    4)au niveau de la défense,que tous les militaires voyous qui ont trempé dans les différentes mutineries soeint radiés.Ayez le courage de le dire avec votre CCRP.Ensuite exiger une réduction drastique de nos hommes en tenue car nous en avons trop qui ne servent à rien
    Déjà voilà les 4 points essentiels au lieu de chercher à nous spolier encore avec vos histoires de députés,sénat et autres.Nous en avons marre que nos politiciens continuent à nous narguer et qui ne s’occupent qu’à eux mêmes

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