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REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : L’opposition refuse de se "rendre complice"

Publié le vendredi 24 juin 2011 à 00h49min

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Ceci est une déclaration de l’opposition politique du Burkina Faso relative au Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP). Elle estime que "l’idée de réformes profondes et appropriées n’est pas le souci" des gouvernants actuels.

Les partis politiques de l’opposition ont suivi avec intérêt le compte-rendu du Conseil des ministres en sa séance du mercredi 15 juin 2011. Au titre du ministère en charge des réformes politiques, les délibérations font état d’une relecture du décret n°2011-262/PRES/PM/MRPRP du 13 avril 2011 portant création, attributions, composition, organisation et fonctionnement d’un Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) au Burkina Faso et de la prise d’un décret portant nomination des membres dudit Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP).

L’opposition politique note avec le peuple burkinabè et les démocrates amis du Burkina Faso que les observations et conditions qu’elle avait émises le 17 mai 2011 sur le CCRP dans le sens d’une part, de garantir la neutralité et la crédibilité du cadre de concertation et d’autre part de créer un climat de confiance entre tous les acteurs intéressés aux réformes politiques ont été royalement ignorées par le gouvernement qui n’a pas jugé utile de donner suite à sa correspondance suscitée. Cet état de fait nous conforte dans notre conviction que l’idée de réformes profondes et appropriées n’est pas le vrai souci de M. Blaise Compaoré et ses amis. Les Burkinabè aspirent à être gouvernés autrement. Malheureusement, les réformes telles que voulues et orchestrées par le régime en place n’en montrent pas le chemin. Tout laisse croire qu’il s’agit même d’une diversion en temps de crise pour gagner du temps comme ce pouvoir en a malheureusement l’habitude.

L’opposition politique réaffirme principalement qu’elle ne peut se rendre complice d’un pouvoir à vie en allant siéger dans des structures ou instances où la possibilité de révision négative de l’article 37 n’est pas exclue. Y aller dans ces conditions serait cautionner même l’idée d’une révision constitutionnelle qui affaiblit au lieu de renforcer notre processus démocratique, un processus déjà fort verrouillé. De plus, ces réformes politiques et institutionnelles dont notre pays a besoin ne sauraient être laissées à la seule discrétion du président du Faso qui, comme à son habitude, ne manquera pas de les altérer et d’en faire ce que bon lui semble. Le sort que Monsieur Blaise Compaoré a réservé au rapport du Collège de sages, en 2000, suite à l’assassinant du journaliste Norbert Zongo et ses compagnons a largement édifié le peuple burkinabè sur ses capacités dilatoires pour gagner du temps et laisser passer la tempête.

A propos de la nomination des membres du CCRP, les partis membres de l’opposition politique informent l’opinion nationale et internationale qu’ils n’ont jamais transmis une quelconque liste de participants au ministre d’Etat Arsène Bongnessan Yé, en charge du dossier. L’opposition a consensuellement décidé après plusieurs séances de travail au siège du Chef de file de l’opposition politique (CFOP) de n’y envoyer aucun représentant. Nul ne peut donc prétendre représenter l’opposition au CCRP et y parler en son nom. D’éventuels partis politiques, dits de l’opposition, qui viendraient à s’y retrouver y sont à leur propre compte et pour des raisons qu’eux seuls connaissent. En clair, les partis politiques de l’opposition burkinabè n’ont envoyé aucun représentant au sein de ce CCRP qu’ils récusent. Par conséquent, le décret pris en Conseil des ministres puis recorrigé par communiqué de presse n’engage nullement l’opposition politique.

Aussi, l’opposition politique réaffirme avec force qu’elle se démarque de tout acte que des individus, cooptés par le gouvernement pour meubler son CCRP au nom de l’opposition, viendraient à poser. Donc, pour l’opposition politique burkinabè et au regard de la loi clarifiant le statut de l’opposition, la classe politique burkinabè n’est représentée au CCRP que par les seuls partis de la majorité présidentielle et ses alliés. En tout état de cause, l’opposition politique se réserve le droit d’user de toutes les voies de droit pour défendre ses intérêts conformément à la loi portant statut de l’opposition politique.

Peuple du Burkina Faso, à l’heure où le pouvoir tente de forcer la main aux partis politiques de l’opposition et aux associations représentatives de la société civile pour imposer au peuple des réformettes à sa convenance, l’opposition burkinabè lance un appel vibrant pour :
 rejeter ensemble une telle mascarade de consultations car dirigées et téléguidées par le gouvernement habitué au dilatoire et à la duplicité ;
 exiger ensemble une instance nationale véritablement représentative et compétente pour débattre de la situation de crise nationale et y proposer des solutions consensuelles exécutoires ;
 se mobiliser ensemble pour rejeter par tous les moyens légaux toute révision négative de l’article 37 qui ouvrirait la voie à une présidence à vie de Monsieur Blaise Compaoré, dévoyant notre processus démocratique vers une monarchie autocratique.

Ouagadougou, le 22 juin 2011

Pour l’Opposition politique

Maître Bénéwendé S. SANKARA Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso Porte-parole de l’opposition politique Président de l’UNIR/PS

Le Pays

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