Procès du putsch manqué : « La responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Diendéré », lieutenant Aliou Gorgo
Les auditions se suivent mais ne se ressemblent pas. À la barre ce mardi 11 septembre 2018, le lieutenant Aliou Gorgo, accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’État, meurtre, coups et blessures volontaires, a « émerveillé » le parquet et les avocats de la partie civile, par la cohérence de son récit avec les procès-verbaux.
c’est un complot contre sa personne, tout simplement parce qu’il a voulu faire son travail (http://lefaso.net/spip.php?article85367).
À la suite de ce dernier, c’est le lieutenant Aliou Gorgo qui est invité à la barre. De son récit, l’on peut retenir que du 16 au 26 septembre 2015, l’officier du Groupement des unités d’interventions de l’ex-RSP est resté au camp Naaba Koom II (quartier consigné).
Il se rappelle la réunion des officiers du corps avec le général Diendéré, au Poste de commandement, le 16 septembre 2015 autour de 16h30. C’est au cours de cette rencontre que l’officier général les a informés que les autorités de la Transition étaient aux arrêts et s’est excusé de n’avoir pas tenu tout le monde au courant, car « ce genre de choses, on ne peut pas dire à tout le monde ».
C’est à cet instant que le commandant Aziz Korogo, qui assurait l’intérim du chef de corps du RSP, a demandé au général Diendéré si l’armée était au courant. Et le général de répliquer qu’il se rendait au ministère de la Défense pour rencontrer la hiérarchie militaire à cet effet. Au cours de cet entretien, l’accusé se rappelle que le caporal Sami Dah (qui n’avait pas sa place dans cette rencontre des officiers), était dans la salle et portait un casque, un gilet pare-balles et un fusil AK47 comme arme.
Plus tard, vers minuit, le général Diendéré est revenu vers eux pour dire qu’une délégation de la hiérarchie militaire devait venir pour une rencontre au camp Naaba Koom II. C’est au cours de cette rencontre que les « sages », composés entre autres de monseigneur Paul Ouédraogo et du président Jean-Baptiste Ouédraogo, ont demandé de libérer les autorités retenues.
C’est pendant ces négociations que des sous-officiers comme l’adjudant-chef major Eloi Badiel, l’adjudant-chef Moussa Nébié dit « Rambo » et l’adjudant Jean Florent Nion sont revenus sur les problèmes que l’ex-RSP connaissait. Des propos que le capitaine Abdoulaye Dao et le capitaine Ousseni Zoumbri ont tenté de mieux expliquer aux sages.
N’ayant pas trouvé d’accord pour la libération des autorités, les visiteurs sont repartis. À la question du parquet et des avocats de savoir si monseigneur Paul Ouédraogo a dit d’assumer le coup « car le pays n’a pas besoin d’être dans une incertitude », l’accusé dit ne pas pouvoir confirmer ou infirmer ces propos tenus par ceux qui l’ont devancé à la barre.
Le lieutenant Gorgo reconnaît avoir envoyé le lieutenant Boureima Zagré (revenu en permission d’une mission onusienne) occuper la Place de la nation le 20 septembre, pour éviter tout rassemblement. Il reconnaît l’avoir envoyé sécuriser la poudrière de Yimdi le 21 septembre 2015, après l’attaque qui a causé un mort. L’accusé était sceptique quant à l’aboutissement de ce coup de force, car les officiers militaires ainsi que le corps de l’ex-RSP ont été mis à l’écart. Pour lui, ce n’est pas un sous-officier qui allait le commander.
À la question du parquet de savoir qui a fait ce coup d’État, l’accusé affirme que « la responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Diendéré ». « De quel groupuscule s’agit-il ? », relance le parquet. L’accusé cite le soldat Boureima Zouré, le sergent-chef Roger Koussoubé dit le « Touareg », le sergent-chef Laoko Mohamed Zerbo. À l’en croire, c’est d’ailleurs ces derniers qui composaient le fameux « commando invisible » qui commettait des exactions en ville.
Le lieutenant Gorgo a souligné que les officiers étaient surveillés par des binômes à moto, qui avaient pour mission d’épier leurs faits et gestes et de les tuer si toutefois ils tentaient quelque chose. L’accusé a été félicité par le parquet et les avocats des parties civiles et certains de la défense pour la simplicité, l’humilité et la constance de ses déclarations dans les procès-verbaux et à la barre. Son interrogatoire se poursuit le mercredi 12 septembre 2018 à 9h.
Marcus Kouaman
(kmagju@gmail.com)
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 12 septembre 2018 à 05:30, par caca En réponse à : Procès du putsch manqué : « La responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Diendéré », lieutenant Aliou Gorgo
Comment comprendre une justice au pénal à laquelle certains prévenus sont félicités et d’autres considérés comme des menteurs. C’est seul au Burkina qu’on voit ce type de tribunal. Je crois comprendre qu’au pénal il s’agit de peine lourdes qui attend un prévenu dans la mesure où il est reconnu coupable des crimes à lui reprocher. Je crois également comprendre que l’humilité et la constance d’un prévenu n’est un synonyme de vérité. Ce n’est pas parce que le prévenu répète la même chose qu’il est sincère. Je crois encore comprendre que dans l’interrogatoire individuel un prévenu choisit sa ligne de défense librement avant les confrontations des accusés. Mais si le parquet choisit déjà son prévenu qui le satisfait dans son élan d’accusateur. Est-ce que le procès sera équitable ?
Le 15 septembre 2018 à 06:50, par M. ZOURE. En réponse à : Procès du putsch manqué : « La responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Diendéré », lieutenant Aliou Gorgo
Analyse très pertinente. c’est Dieu qui est fort. Il fera le palabre des innocents.
2. Le 12 septembre 2018 à 05:46, par Lenovice En réponse à : Procès du putsch manqué : « La responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Diendéré », lieutenant Aliou Gorgo
Je faisais partie de tous ces sceptiques de la vraie justice au Burkina Faso. Mais voici des auditions qui nous consolent et nous permettent d’accorder encore du crédit à la justice. Puisse Dieu ramener tout ce que vous avez perdu mon lieutenant. Et que des gens comme vous soient véritablement acquittés.
3. Le 12 septembre 2018 à 08:01, par A la reherche d’avocats pour ... En réponse à : Procès du putsch manqué : « La responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Diendéré », lieutenant Aliou Gorgo
Au vu des auditions de ce procès et de ce qui est ressorti des débats, je suis à la recherche d’un ou plusieurs avocats pour porter plaintes contre le Togo et la Côte d’Ivoire. Ces deux pays ont soutenu les responsables de ce putsch en leur octroyant du materiel de maintien d’ordre et de l’argent (des millions). La Cour de Justice de la CEDEAO est ainsi interpelée.
Le 12 septembre 2018 à 15:19, par Mafoi En réponse à : Procès du putsch manqué : « La responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Diendéré », lieutenant Aliou Gorgo
Bien parlé car même les attaques lâches que nous subissons actuellement,ces 2 pays sont fortement impliqués avec bien sûr une forte complicité intérieure de félons,d’apatrides.En tout cas je ne crois guère à des actions de ces fous d’allah qui revendiquent toujours leur forfait aussi mineur soit-il.Le Togo,la CI ne digèrent toujours pas la chute sans gloire de leur criminel bilaise kouassi né compaoré mais nous resterons toujours debout
4. Le 12 septembre 2018 à 08:53, par ngoonga En réponse à : Procès du putsch manqué : « La responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Diendéré », lieutenant Aliou Gorgo
ALIOU VS ETES UN VRAI OFFICIER ET EN PLUS UN HOMME INTEGRE COMME LE DISAIT SANKARA. VS FAITES L’HONNEUR DE TOUTE NOTRE ARMEE
5. Le 12 septembre 2018 à 09:35, par Calmos En réponse à : Procès du putsch manqué : « La responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Diendéré », lieutenant Aliou Gorgo
Mon frère, laisse le Togo et la Cote d’ivoire en dehors de ça. Lavons notre linge. Honnêtement, je suis très choqué par les propos de bon nombre des accusés. Ils ne disent pas la vérité. J’ai pensé au début du procès qu’ils se comporteraient en bons militaires burkinabè en disant toute la vérité pour qu’on gagne en temps. Mais voici un, qui sort du lot. Il est à féliciter. Ne dit-on pas qu’une faute reconnue est à moitié pardonnée ? Les avocats des accusés cultivent le mensonge et les amènent à nier les faits. Quand vous dites la vérité, vous apaisez les cœurs des Burkinabè. Soyez courageux ! assumez vos responsabilités et Dieu vous pardonnera peut-être.
6. Le 12 septembre 2018 à 12:35, par Zola En réponse à : Procès du putsch manqué : « La responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Diendéré », lieutenant Aliou Gorgo
Bravo Lieutenant Aliou ! Bravo ! T’inquiète, tu seras pas le seul à dire franchement les choses et chercher à sauver ta dignité et celle de l’armée burkinabè. D’autres frères d’arme viendront et diront clairement les choses sans sourciller...Je le crois et espère ne pas être déçu. Ces jeunes ont été embarqués sans le vouloir par des vrais faux aventuriers qui ont cru que leur heure avait sonné.
7. Le 12 septembre 2018 à 12:58, par la loupe En réponse à : Procès du putsch manqué : « La responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Diendéré », lieutenant Aliou Gorgo
Bjr chers amis de la toile. Cet Lieutenant Aliou Gorgo est digne d’être soldat burkinabé de part son honnêteté et son souci de vérité des événements qui ont endeuillé les fils et filles de son pays. Même au cas où il n’aurait pas bénéficié de circonstances atténuantes l’histoire retiendra sa franchise en toute situation. A ceux qui pensent que beaucoup sont déçus de la gouvernance du pays actuellement, c’est vrai mais à penser que les populations sont prêtes à une insurrection je n’en vois pas de motifs mobilisateur des esprits. Ces gens doivent prendre leurs maux en patience en priant leurs dieux « Satan » pour que le régime franchisse le rubicon. Bonne chance nous tous !