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Putsch de septembre 2015 : Quatre ans après, syndicalistes et citoyens se souviennent de la résistance opposée par le peuple

Publié le dimanche 15 septembre 2019 à 22h55min

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Putsch de septembre 2015 :  Quatre ans après, syndicalistes et citoyens se souviennent de  la résistance opposée par le peuple

Restée gravée dans la mémoire des Burkinabè, cette journée du 16 septembre 2015 rappelle à des citoyens des moments de résistance contre un coup de force du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Quatre ans après ces événements, quels sont les souvenirs que les citoyens gardent de cette date ? Lefaso.net est allé à la rencontre de Burkinabè qui reviennent sur les événements du 16 septembre 2015 et évoquent leurs souvenirs.

Olivier Guy Ouédraogo, secrétaire général de la Confédération syndicale burkinabè : « La date du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 me rappelle le sursaut patriotique de notre peuple face à l’imposition que voulait faire effectivement le général Gilbert Diendéré d’un régime au peuple burkinabè. C’est la défense de la démocratie que nous avons eue comme cheval de bataille.

C’est ce qui me revient à l’idée. Et j’appelle effectivement tous les Burkinabè à toujours défendre la démocratie comme le disait Winston Churchill, « la démocratie, c’est le pire des systèmes en dehors des autres ». Donc je me rappelle surtout de la défense de la démocratie. »

Olivier Guy Ouédraogo, secrétaire général de la confédération syndicale Burkinabè

François Ouédraogo, responsable syndical : « Le 16 septembre 2015, j’ai été envoyé par ma centrale syndicale, la CGTB, au niveau du Conseil économique et social (CES) qui tenait donc sa session. Et c’est pendant qu’on était en train de vouloir terminer la session que les rumeurs ont commencé à circuler sur ce qui se passait à Ouaga 2000.

C’est dire que nous avons vécu quasiment en temps réel ces évènements d’autant plus que la clôture de l’activité n’a pu avoir lieu selon les règles de l’art parce que tout le monde était presque dans la débandade, notamment les représentants des provinces et des régions. On se posait pas mal de questions, on se demandait de quoi demain serait fait.

Mais nous avons été très agréablement surpris par l’esprit de résistance qui a été développé par notre peuple qui a su résister contre vents et marées contre le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) car à l’époque ne défiait pas le RSP qui voulait. Ce jour a été pour moi, un véritable signe des temps et un tournant décisif au niveau donc du pays. À cette occasion, je voudrais féliciter le peuple pour cette résistance et qui en même temps a constitué une nouvelle direction pour l’ensemble du pays ».

Dominique Yaméogo :« Je me souviens de ce jour où les populations se sont mobilisées et ont pu faire échec à coup d’Etat. La jeunesse s’est investie en barrant pratiquement tous les carrefours au niveau des voies bitumées pour faire avorter ce coup d’Etat.

Ainsi différentes forces, y compris au sein de l’armée se sont données la main pour dire que les coups d’Etat font reculer le pays. C’est le souvenir que j’ai. L’évènement a été amer et sanglant mais c’était nécessaire de résister aux RSP afin qu’il ne nous impose pas encore un régime autoritaire.

A l’approche de la date de cet évènement, il y a deux aspects tristes : c’est l’écœurement pour les morts, les assassinats qu’il y a eus et tout récemment avec le procès du putsch. Quand on voit que personne ne veut assumer en réalité la paternité de ces assassinats, ça fait mal. Ainsi, les gens ont fui leurs responsabilités d’assumer alors que nous avons eu des morts suite à ce coup de force. Or nous savons que ce n’est pas le ciel et le vent qui les ont assassinés, ce sont des gens au niveau du RSP. Vraiment c’est triste.

L’autre aspect, c’est le sentiment d’apaisement parce que le peuple a réussi à faire échec au coup d’Etat et que désormais « plus rien ne sera comme avant ». À cet anniversaire, je suis d’avis avec ceux qui disent qu’il faut commémorer cette date pour se souvenir, rendre un hommage aux victimes et à la jeunesse tout en les invitant à rester debout ».

Jean-Baptiste Badolo

Jean-Baptiste Badolo : « La date du 16 septembre 2015 me rappelle la résistance héroïque du peuple contre le coup d’Etat de type fasciste du général Gilbert Diendéré. A l’approche de cette date, je revois encore le peuple dans toutes ses composante debout pour barrer à des hors-la-loi.

Ainsi le peuple a refusé de courber l’échine et interpelle à ceux qui sont aux commandes aujourd’hui de savoir qui n’eût été cette résistance farouche du peuple, ils ne pouvaient pas prétendre diriger ce pays. Mais à eux à leur tour, ils ont décidé de criminaliser l’insurrection et de bâillonner le peuple. Mais le peuple refusera de se laisser faire. C’est pourquoi le 16 septembre 2019, le peuple sera encore sur les barricades pour dire non à l’arbitraire, non au terrorisme, non à la fragilisation du pouvoir pour une indépendance véritable ».

Nicolas Ouédraogo du CGT-B

Nicolas Ouédraogo de la CGT-B : « Quatre ans après le coup d’Etat manqué et la résistance héroïque de la population, on peut constater que c’est la désolation dans le rang du peuple qui constate que malgré ce sang versé qui a permis à certains acteurs d’arriver au pouvoir, on ne sent pas un comportement de leur part qui récompense un peu notre peuple face cet héroïsme. Et cela est un regret vis-à-vis de ceux qui dirigent le pouvoir. Je pense que le peuple saura en tirer des leçons.

Et on remarque même qu’il y a une manifestation prévue pour commémorer en quelque sorte cette date historique marquée par un coup d’Etat et une résistance héroïque. Les autorités travaillent dans le sens d’empêcher la réussite de cette activité. Je pense que ce n’est pas le comportement voulu par les résistants à ce putsch-là. On aurait voulu mieux voir un pouvoir qui allait prendre en compte leurs préoccupations. Mais malheureusement, on a en face de nous, un pouvoir qui travaille à contre-courant des aspirations populaires, incapable donc de garantir la sécurité et c’est la même gabegie, la même mal gouvernance alors que ce n’est pas pour rester dans cette même situation que le peuple a accepté de verser son sang ».

Conomba Traoré, SG de la fédération nationale des boulangers et pâtisserie :« Selon moi, quatre années après le coup d’Etat de septembre, c’est un sentiment de révolte qui m’anime, parce que nous constatons que les raisons pour lesquelles nous nous sommes battus ont été récupérées. Car aujourd’hui tous les acquis qu’on avait comme la liberté syndicale, de manifester, d’expression et j’en passe, tout est remis en cause et tous les engagements qui avaient été pris ne sont pas respectés.

Si je prends l’exemple des boulangers, nous avons signé une convention collective sur la table de négociation et les différentes parties avaient pris des engagements pour que son application soit efficace et rapide. Malheureusement, deux ans et demi après, rien n’est fait. Par conséquent j’invite tout le peuple burkinabè à se mobiliser non seulement pour commémorer l’anniversaire mais aussi à défendre chèrement tous les acquis qu’ils avaient engrangés ».

Sharaph Coulibaly, citoyen burkinabè « Quatre ans après le putsch manqué du général Diendéré et avec le procès qui vient de se terminer, je pense ça apaise maintenant les douleurs des familles et des victimes. Et ceux qui ont perdu la vie dans cette histoire aussi doivent mieux reposer en paix. Sinon au-delà de cela, c’est un souvenir qui fera toujours partie de l’histoire du Burkina Faso et on ne souhaite plus revivre une telle situation.

Il faut être donc beaucoup plus soudé maintenant pour avancer. Parce que, l’année prochaine, on sera dans une année électorale et beaucoup de décisions devront être prises par le Président du Faso pour que les Burkinabè puissent s’asseoir, se regarder, se parler et se pardonner pour qu’au sortir des élections de 2020, il n’y ait plus de distanciation sociale, ni trop de revendications sociales .

Tout enfant du Burkina Faso doit œuvrer à son niveau pour que le pays puisse avancer. Car, il y a déjà des terroristes qui ne nous laissent pas et si nous-mêmes, nous n’arrivons pas à parler d’une même voix et faire avancer notre pays, ce sera du temps perdu et une désolation pour la future génération ».

Propos recueillis par Issoufou Ouédraogo et Yvette Zongo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 15 septembre 2019 à 18:00, par kouadio En réponse à : Putsch de septembre 2015 : Quatre ans après, syndicalistes et citoyens se souviennent de la résistance opposée par le peuple

    Eclonomisez ces emotions et autres discours soi disant patriotiques pour se pencher sur l’etat du pays aujourd’hui sur les plans securitaire, gouvernance, economique, et moral. On tente de detourner les populations des menaces reelles qui pesent sur la nation, Quand le pays sera mieux on pourra revenir sur ces periodes de l ;histoire.

  • Le 15 septembre 2019 à 22:08, par Citoyen indigné En réponse à : Putsch de septembre 2015 : Quatre ans après, syndicalistes et citoyens se souviennent de la résistance opposée par le peuple

    Ce qui révolte le plus, c’est que le MPP tente d’interdire les manifestations commémoratives des ces moments historiques qui ont éprouvé la bravoure de notre peuple. Certains de ces parvenus avaient même fuit le pays. J’ai pas de mots suffisamment durs pour qualifier ces gars. !!

    • Le 16 septembre 2019 à 11:09, par Ka En réponse à : Putsch de septembre 2015 : Quatre ans après, syndicalistes et citoyens se souviennent de la résistance opposée par le peuple

      Cher Citoyen indigné : Sans parti pris, je dis ici que tu mets l’huile dans le feu est tellement forte, que finalement tu inquiètes le monde.
      Farouche partisan de l’alternance politique du Burkina avec sa jeunesse, je fais partie des déçus du régime mouta mouta qui n’a pas suivi radicalement les objectifs de la Transition et de sanctionner sévèrement les amis ou familles qui essaient de déraciner les racines de l’alternance politique voulu par le peuple et sa jeunesse le 31 Octobre 2014. Si ce régime avait collaboré avec les vrais acteurs de la transition comme A. Barry et autre, nous n’en seront pas là aujourd’hui, et ce n’est qu’une opinion personnelle qui ne regarde que moi. ‘’’Malgré le peu de temps, cette équipe de la transition a fait un travail bâclé qui n’a pas été repris par le président Roch Kaboré et son équipe. La transition nous a permis des élections transparentes et apaisées, arrêter les assassins de nos enfants, si cela n’avait pas été fait sous la transition et son équipe, rien ne prouve que cela sera fait avec Roch Kaborè et sa clique. Ce que le peuple demandait a Roch Kaboré et son équipe c’est de corriger les imperfections de l’équipe de la transition faites à la hâte, car leur temps de gouvernance était très court.
      Malgré de ce que je reproche au régime MPP, de nos jours avec le recul, surtout avec nos propres frères déguisés en terroristes et tuent qui ils veulent, là où ils veulent en étant dans nos foyers pour brûler notre pays, je dis que la donne a changé, et ce n’est pas le moment de porter le chapeau a un régime ou à un individu : Mais c’est heure du patriotisme et de la solidarité nationale pour sauver le pays que nous aimons tous. Pour te dire, que je suis partisan pour les luttes des classes qui vont pour les intérêts naturels des opprimés : Mais en ce moment où le loup attend devant la porte, les rassemblements et les marches sont les moments privilégiés et abondants pour les terroristes déguisés de faire des dégâts énormes.
      Comme je le dis très souvent dans ce forum, ‘’’ un régime qui refuse d’entendre les critiques, et, pire, qui les fait taire par tous les moyens possibles et imaginables, n’a aucun avenir dans un pays comme le Burkina. Mais pour une fois, au nom de notre sécurité qui est en jeu à cause de nos propres frères en terroristes et qui vivent dans nos foyers et connaissent nos habitudes, c’est au peuple d’écouter les consignes de nos décideurs. Souvent ma vérité blesse, mais ne tue pas, Ici ce n’est qu’un rappel pour que la jeunesse prenne conscience de qui nous arrive en rectifiant le tir autrement.

    • Le 16 septembre 2019 à 14:58, par Minute En réponse à : Putsch de septembre 2015 : Quatre ans après, syndicalistes et citoyens se souviennent de la résistance opposée par le peuple

      Citoyen indigné, cette commémoration rime à quoi ? Le pays est face à une situation d’insécurité. L’heure doit être à la mobilisation contre l’ennemi qui tue les burkinabé et met tout le pays en danger. Les manifestations d’aujourd’hui s’apparentent à de la politique. Le 16 septembre 2015 n’a pas été pour le syndicat seulement. Toutes les couches socio-professionnelles ont toutes résisté au phénomène. Nous sommes dans des difficultés aujourd’hui. En toute honnêteté, l’heure n’est plus à s’accuser ou à jeter l’anathème sur l’autre. Ces marches de ces jours cachent des idées lugubres. On se connait tous ici au Burkina. Il y a des commémorations que Bassolma et les siens ne veulent pas se rappeler. Le 16 septembre 1947 est une date hautement historique. personne ne s’en émeut. Là, on est patriote à dépasser les bornes. malgré cette insécurité, il se trouve des gens qui veulent se régler les comptes politiques et croient entrainer le peuple. Non ! Ils ont la chance qu’en face, il y a véritablement un président du Faso qui croit en la démocratie et en ses vertus. Autrement, Ngaow !

  • Le 16 septembre 2019 à 06:47, par Sacksida En réponse à : Putsch de septembre 2015 : Quatre ans après, syndicalistes et citoyens se souviennent de la résistance opposée par le peuple

    Voyez vous, apres avoir brise l’elan revolutionnaire economique, social et cultutel du Burkina Faso avec la Revolution Sankariste. Ils ont instaure le 15 octobre 1987 un regime dictatoriale et sanguinaire durant 27 ans, et ils n’ont pas trouve mieux, apres octobre 2014, a faire que de vouloir perpetre "un coup d’etat" trop bete contre le peuple Burkinabe afin de continuer leur dictature sanguinaire et leur pillage economique. En consequence, aujourd’hui ils ont abandonne notre cher pays en lambeau : Economie nationale malade, Education nationale et superieur completement desarticulee, Syteme de Sante boiteux et plus grave la securite et la defense defectueuses et gravissime avec l’apparition de la pieuvre terroriste. Donc, la meilleur solution ? Un regime democratique et populaire elu qui va reactualise le DOP et mettre en oeuvre un programme economique, social et culturel pour sortir le Burkina Faso du bourbier dans lequel Blaise compaore et ses collaborateurs ou ses ouailles ont amene notre cher Burkina Faso. Salut.

  • Le 16 septembre 2019 à 10:28, par Yako En réponse à : Putsch de septembre 2015 : Quatre ans après, syndicalistes et citoyens se souviennent de la résistance opposée par le peuple

    Pour l’instant les leçons que l’on peut tirer de cette folie collective dite insurrection populaire c’est la descente aux enfers de notre pays jadis havre de paix. Tout patriote sincère attaché à son pays ne peut que regretter ces événements malheureux,il suffit de regarder l’état du pays..Maintenant le plus important est de sauver l’essentiel qui est la paix et la sécurité la plus grande richesse que nos aînés nous ont légué de 1960 à Octobre 2014.Cordialement Yako.

  • Le 16 septembre 2019 à 13:22, par Bigbalè En réponse à : Putsch de septembre 2015 : Quatre ans après, syndicalistes et citoyens se souviennent de la résistance opposée par le peuple

    L’Histoire des peuples demeurera intacte et inattaquable ! Quand nous voyons aujourd’hui comment certains essaient de falsifier l’histoire du Peuple Burkinabè, c’est lamentable ! Mais le temps est le meilleur ami de ceux qui veulent la vérité. Ceux qui ont opté de porter les masques finiront par les laisser tomber et le peuple les découvrira dans leurs intentions saines ou malsaines. Le jugement des putschistes a eu bel et bien lieu advienne que pourra ! Les Burkinabè sauront se défendre quelques soient les pièges de ses ennemis ! A bon entendeurs, salut !

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