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Procès Thomas Sankara et douze autres : « Ce n’est pas une affaire de Sankaristes contre Blaisistes », selon Me Prosper Farama

Publié le lundi 7 février 2022 à 11h46min

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Procès Thomas Sankara et douze autres :  « Ce n’est pas une affaire de Sankaristes contre Blaisistes », selon Me Prosper Farama

Avant dernier avocat de la partie civile à plaider, Me Famara a exprimé, ce lundi 7 février 2022, un sentiment de soulagement sur la tenue du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de douze de ses compagnons, 34 ans après les faits.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, l’avocat a partagé une anecdote qui remonte à l’audience au cours de laquelle il a eu une altercation avec le général Gilbert Diendéré. « Un soir, un de mes fils m’a demandé ce qui s’est passé car il a appris que j’ai des problèmes. Il m’a dit que ses camarades lui ont dit que je m’en prends à des gens et que cela va me coûter cher. J’ai alors compris ce qu’avaient traversé les enfants de Thomas Sankara et des autres victimes. Je pensais faire mon travail mais si mon enfant a peur pour moi, alors je suis sur la bonne voie ».

Selon Me Prosper Farama, l’histoire du Burkina, connu pour sa longue série de coups d’Etat commence en 1966 lorsque les militaires prennent le pouvoir à l’appel de la population. La boîte de Pandore venait de s’ouvrir à cet instant, selon l’avocat.

Mais à l’en croire, même si les Burkinabè étaient habitués aux coups d’Etat, ils ont été interloqués par la violence utilisée pour déchoir le président Thomas Sankara et par le fait que le coup ait été perpétré par son ami, son frère d’arme. « Ils sont allés jeter les corps et sont rentrés chez eux et ont peut être chambré le champagne car Blaise Compaoré aimait le champagne. Des coups d’Etat, on en a connus mais pas venant d’un ami. Chez les Samouraï, même quand on vainc l’adversaire, on lui doit du respect ».

L’avocat s’est insurgé contre cette opinion qui veut que les familles des victimes tournent la page, 34 ans après les événements, en accordant le pardon aux accusés. « On a entendu des gens dire ‘’ qu’est-ce que voulez après 34 ans ? A quoi sert ce procès ?’’ Eh bien, ça sert à la justice. Nous ne sommes pas des primitifs ou une société de sauvages. Nous sommes une société d’humains. Comment voulez-vous parler de cohésion sociale dans un pays où il n’y a pas de justice ? 34 ans après, la justice et la vérité ne se périment jamais. On dit que l’Afrique est une terre de pardon. Avant que les familles ne pardonnent, il faut bien que quelqu’un reconnaisse ses fautes. Même la Bible le dit : Une faute avouée est à moitié pardonnée. Qui parmi ces accusés a avoué quoi que ce soit ou s’est repenti ? Personne. », a déclaré Me Farama.

A l’en croire, ce procès n’est pas une affaire de « Sankaristes » contre « Blaisistes ». « Thomas Sankara, reconnaît-il, est un symbole et ce ne sont pas les familles des victimes qui ont décidé d’en faire un héros. Et le minimum qu’on puisse rendre à un héros, c’est la vérité sur les conditions de son assassinat. La justice est, a toujours été et demeurera ».

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