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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Les agents de renseignements traités de « Mounafica »

Publié le lundi 22 novembre 2021 à 22h30min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Les agents de renseignements traités de « Mounafica »

Sous la révolution burkinabè, Victor Zongo était membre des services de renseignement, affecté au contre-espionnage. Aujourd’hui, adjudant-chef major à la retraite, il est chef d’un village de la commune de Loumbila, à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou. Avec pour nom de règne Naaba Sida (la vérité), il a été entendu au procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons en qualité de témoin.

« Le 15 octobre 1987, je suis arrivé au service de renseignement de la gendarmerie. J’ai constaté l’absence du chef de service Tinga Boubacar Kola. Mon collègue Romuald Douamba m’a dit qu’il est allé à la présidence avec une enveloppe sous pli fermé », a déclaré Victor Zongo. Discret en raison de la présence d’autres éléments plus jeunes, son collègue n’en dira pas plus.

Ce n’est que plus tard qu’il lui confiera que Tinga Boubacar Kola devait remettre l’enveloppe en main propre au président Sankara Et celle-ci portait la mention « Dénouement sanglant de la crise ce soir à 15h ». Selon toujours le témoin qui relate les propos de son collègue Romuald Douamba, il y avait, en plus de l’enveloppe, la cassette d’une conversation entre Jean-Pierre Palm et une autre personne.

Lors que les coups de feu ont retenti en ville, le témoin affirme avoir demandé à son collègue de retrouver leur chef et de le mettre en lieu sûr. Rentré chez lui au quartier Dagnoen Victor Zongo dit avoir appris la mort du capitaine Sankara à travers les ondes de Radio France internationale. Ce n’est que le lendemain qu’il s’est rendu au cimetière de Dagnoen avec Romuald Douamba. Là, les deux hommes ont trouvé des buttes de terre, des tiges et des bouts de papiers avec les noms des défunts : Thomas Sankara, Paténéma Soré, etc.

Par la suite, ils iront au service des renseignements où se trouvaient des groupes de personnes. S’ensuivra une rencontre organisée par Jean-Pierre Palm (accusé dans ce procès) et les éléments du renseignement. « À cette réunion, Jean-Pierre Palm a dit “C’est vous les Mounafica (Mauvaises langues, NDLR). C’est à cause de vous que tout cela est arrivé ». Il a dit qu’il va demander à la police d’arrêter un élément et qu’il se trouvait vers l’hôtel Azalai en train de discuter avec des journalistes. Nous avons tous ri dans la salle, car l’élément en question était absent du pays et était en stage à Moscou depuis six mois », a raconté le témoin.

Une deuxième rencontre a été organisée cette fois-ci par le lieutenant Djibril Bassolé. Ce dernier a demandé aux éléments du renseignement, qui avaient cessé toute activité, de reprendre le travail au nom du caractère républicain de la gendarmerie.

Au cours de sa déposition, le témoin a déclaré que Thomas Sankara galvanisait le travail des agents de renseignements qui avaient des conditions de travail difficiles ? « On avait 1 000 Francs de carburant par personne tous les trois mois alors qu’on devait collecter et traiter des informations (...) On a posé les jalons d’un grand service de renseignement. Rien ne pouvait se passer à Ouagadougou à Bobo-Dioulasso sans qu’on soit au courant », a clamé haut et fort Victor Zongo.

Il dit avoir appris plus tard que le président Sankara avait remis un chèque à son chef Tibo Georges Kaboré lorsque celui-ci est allé lui remettre l’enveloppe sous plis fermée pour l’avertir de l’imminence du danger. Ce chèque était destiné au service de renseignement en guise d’encouragement pour le travail abattu. Mais c’est lorsque Tibo Georges Kaboré se rendait au Trésor pour toucher le chèque que les tirs ont retenti en ville.

Le témoin a relaté également à la barre le déroulement d’une mission qu’il a effectué en juin 1987 avec un civil du ministère du Commerce en Côte d’Ivoire. Ils devaient recouper le maximum de renseignements sur la situation au Burkina dans ce pays voisin. Les deux hommes habitaient dans des villes différentes.

Et c’est lors d’une rencontre, qu’ils ont décidé d’infiltrer une mission angolaise à Abidjan. Et selon le témoin, il ressortait des discussions de cette mission que Boukary Kaboré dit le Lion (Commandant du Bataillon d’intervention aéroporté) était capable de faire un coup d’État. « Après le coup d’État, Tibo a dit que ces gens-là nous ont mené en bateau. Au contraire, c’était « Le lion » qui défendait Thomas Sankara », a laissé entendre le témoin.

L’audience a été suspendue et reprendra le mercredi 24 novembre 2021, avec la suite de l’audition de l’accusé.

HFB
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Vos commentaires

  • Le 23 novembre 2021 à 13:55, par Ka En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Les agents de renseignements traités de « Mounafica »

    Apres le passage de Gilbert Diendéré avec ses contradictions pour sauver sa peau, voilà que le deuxième homme au centre de l’Iceberg de ce massacre gratuit du 15 Octobre 1987 qui nie tout en bloc, pourtant il est la clé centrale de ce qui s’est passé. Le refus de de Jean pierre Palm d’assumer ses actes est un crime contre la justice. Si c’était une seule personne qui lui a vu avec un blanc à la salle d’écoute, on peut se douter, mais voilà que d’autres personnes confirment l’avoir vu avec l’Européen surtout disant que le responsable des écoutes est très dangereux : Surtout que tous les torturés citent que ce son nom.

    Que Mr. Jean P. Palm cesse de prendre les juges militaires et les Burkinabé pour des idiots et des aveugles... Le jour et la nuit ne sont pas à comparer. Il en est de même entre un diable comme lui et l’ange. Après avoir bénéficié des faveurs avec le drame du 15 Octobre 1987, et associé au pillage et tueries dans l’injustice de son propre pays pour s’enrichir, on veut maintenant se faire passer pour quelqu’un qui n’a rien fait et rester blanc comme neige. C’est de la manipulation, tout simplement ! Le pyromane d’hier qui se prétend aujourd’hui pompier, tout en refusant d’assumer ses actes.
    Presque personne n’est assez pur de péchés pour ne pas mériter un châtiment.( Victor Hugo). Monsieur Jean p. Palm, celui qui commet un crime va le payer. Notre Dieu est juste et fidèle, il est prêt à pardonner celui qui se repend. On sait qu’un soldat comme toi n’a pas de décision à prendre, tu étais un individu qui exécute les ordres de ses supérieurs hiérarchiques pourquoi ne pas les dénoncé et dire la vérité ? Quoi que tu utilises comme mensonges, les juges vont élucider les choses et dire le droit : Car, nul n’a le droit de tuer son prochain pour quelques causes que ce soit, surtout pas pour le pouvoir. Le 15 Octobre 1987, vous aviez utilisé les mêmes procédures et méthodes que les terroristes Djihadistes pour massacrer Thomas Sankara et ses compagnons, et nul n’a le droit de monter de tel scenario et tuer ses semblables pour le pouvoir. Les autres qu’il a tués ont également le même droit à la vie que lui.

    Conclusion : Malheureusement pour tous ceux qui mentent pour sauver leur peau, leur canari est cassé, et impossible de le reconstituer en l’erat. Vous êtes condamné a payer. Enfin les cris des morts sont entendus par Dieu. Il vaut mieux n’être pas avoir à subir le courroux de Dieu. Il est donc temps d’arrêter de menteur et de payer cette lourde dette. Vous aviez eu 27 ans de jouissance et d’honneur, vous aurez les années pour payer vos actes. Le prix du sang se paie tôt ou tard sur terre avant le séjour final. C’est une loi divine. Personne ne peut y déroger. Comme on dit la fin d’une chose vaut mieux que son début.

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