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Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

Publié le mercredi 3 juillet 2019 à 07h38min

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Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

Les jours se suivent et se ressemblent devant le Tribunal militaire. Ce mardi 2 juillet 2019, trois avocats se sont succédé à la barre pour plaider la cause de huit accusés. Tous sans exception ont clamé l’innocence de leurs clients et par conséquent ont demandé leurs relaxes pour infractions non constituées.

N’ayant pas fini de plaider la cause de ses clients dans la soirée du lundi 1er juillet 2019 (Caporal Timboué Touadamba, Soldat Adama Kaboré, Minata Guelwaré), Me Silvère Thiemtarboumbou avait la parole à la reprise du procès en cette matinée. Il n’a pas manqué de démontrer que le dossier de ses clients est vide et que l’accusation n’avait aucune preuve des faits infractionnels qui leur sont imputables. D’où sa demande de relaxer ses clients au bénéfice du doute.

Pour ce qui est de Minata Guelwaré par exemple (poursuivie pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat…), l’avocat se demande comment le parquet militaire peut requérir contre elle 5 ans de prison ferme.

Et cela, sans preuve puisque personne n’a pu prouver qu’elle a été dans la ville de Zorgho pour participer à l’incendie de la radio Laafi.

Le parquet s’est juste contenté de la description selon laquelle une femme au teint bronzé était de cette mission incendiaire. Me Silvère n’a pas manqué de demander au tribunal, surtout au président qui est juge de la société, juge de la politique, juge de la démocratie, de laisser les politiciens dans leurs querelles. « Ne rendez pas un jugement politique », a-t-il lancé. Car le crime de sa cliente est d’être une militante engagée de l’ex-parti au pouvoir CDP qui voulait voir son pays organiser des élections inclusives et démocratiques.

Défense du Lieutenant Alioun Gorgo (complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires), du Sergent Yahaya Guiré (complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires) et du Soldat de 1ère classe So Placide (coups et blessures volontaires, meutres), Me Orokia Ouattara dans une plaidoirie digne d’une dissertation juridique a demandé au tribunal de ne pas se baser sur le doute pour condamner ses clients. Pour elle, le parquet militaire s’est uniquement basé sur des « vraisemblances » pour requérir contre ses trois clients 15 mois de prison assortis de sursis pour chacun.

« La vraisemblance est le terrain de prédilection des organes de poursuite et non des organes de jugement », a-t-elle martelé. Pour ainsi dire que le tribunal ne juge pas par « vraisemblance », mais par « conviction ». Alors que pour le cas d’espèce le parquet militaire pour ce qui est de l’administration des preuves doit convaincre au-delà de tout doute, selon Me Ouattara. Surtout qu’en matière pénale, aucun doute n’est raisonnable. « Il faut des preuves », a-t-elle insisté. En ce sens que dans ce type de procès l’on ne peut tenir compte des indices, encore moins de la vraisemblance.

Et comme l’exige le procès pénal, l’on ne peut punir une personne pour les faits infractionnels commis par autrui. Mais l’avocat a dit faire confiance au tribunal qui va asseoir son intime conviction sur des preuves. Pour ce faire, le tribunal doit faire la distinction entre ceux qui étaient en ville avec des armes et ceux qui étaient en caserne ; ceux qui étaient en ville avec des armes et qui ont tiré, et ceux qui portaient les armes en ville et n’ont pas tiré ; ceux qui affrontaient la population, et ceux qui les évitaient. « Non, mes clients ne sauraient porter tous les péchés des éléments de l’ex-RSP. On ne peut pas trouver en eux des coupables idéals », a-t-elle martelé. Pour toutes ces raisons, l’avocate a demandé que le tribunal puisse prononcer purement et simplement la relaxe de ses clients pour infraction non constituée.

En cette journée du 2 juillet 2019, Me Ignace Tougouma a plaidé la cause du Soldat Arouna Ouédraogo et du Sergent Amidou Pagbelem.

Marcus Kouaman
(kmagju@gmail.com)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 3 juillet 2019 à 08:26, par Le Duc du Yatenga Nouveau En réponse à : Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

    Que personne ne réagisse aux propos des DEFENDEURS..

  • Le 3 juillet 2019 à 08:32, par caca En réponse à : Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

    Même s’il faut se réjouir le progrès démocratique de notre justice militaire, cependant le doute existe quand à la transparence de la décision finale. Notre justice de manière générale est toujours dominée par un sentiment du politique correcte et la justice de l’opinion de l’homme de la rue. Les enquêtes pendant l’instruction manque toujours de preuve irréfutable et pendant le procès des zones d’ombres existent.
    Le putsch manqué en lui seul constituait une infraction si nous le prend dans sa définition. Outre, il me semble qu’il y a une raison qui peut faire naitre ce sentiment de prendre le pouvoir d’État par les armes.C’est sûr que le manqué engendrait une sanction de par part du pouvoir qui a pu déjouer cela. Malgré cela, les putschiste devraient avoir la même sentence selon le rang de chacun, mais dans le cas de notre putsch manqué, il y avait déjà des têtes pensantes qu’il faudrait éliminer même s’il n’y avait pas coup d’État. La tête du Gal Diendéré était déjà mise en vente depuis l’insurrection qu’il fallait faire tout pour le pousser à une faute. Quand tu lu tout ce que les uns écrivent sur lui, il parait normal pour le parquet de lui en vouloir sa mort en prison malgré le manque des preuves, car notre justice n’a pas encore les moyens technologiques pouvant surprendre un suspect. Et surtout au Burkina le fantasme est une réalité qui contraint même le juge à croire l’opinion de la rue. Car le génie imaginatif burkinabè serait une âme existante.
    J’espère que le juge ne suivra pas la réquisition du parquet.

    • Le 3 juillet 2019 à 09:16, par Un Burkinabê En réponse à : Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

      Caca, je suis partiellement d’accord avec vous. Le coup d’Etat était de mon point de vue un cas de flagrant délit. Ce cas est très clair si le juge pouvait avoir un temps soit peu l’esprit de raisonnement scientifique par l’absurde. Utiliser les similitudes entre les faits et déroulements des coups d’Etat du Cl. Saye Zerbo, du Cdt. JBO, des Cpt. Sankara et Blaise pour en faire des preuves de celui du Gal Diendéré. A noter que Diendéré a le grade le plus élevé parmis tous ces "faiseurs de coup d’Etat". Que Diendéré a utilisé le même corps d’arme que Sankara et Blaise l’ont fait par le passé. Le coup d’Etat de Sankara a réussi parce que le peuple avait peur des militaires et aussi parce que Sankara était aimé de la jeunesse voltaïque. Celui de Blaise a réussi parce que le peuple était tétanisé et que les militaires du BIA qui voulait s’opposer ont été détruits. Le coup du Gal a échoué parce qu’il n’était pas aimé par le peuple, la jeunesse est sortie le défier et manifester pour la Démocratie et enfin l’armée républicaine s’est organisée pour le faire plier l’échine dans le camp Naba Koom 2.

    • Le 3 juillet 2019 à 09:53, par SOME En réponse à : Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

      Eh caca tu es fort deh ! on devrait te donner le grade de ton mentor djendjere. vraiment je t’admire !!! Ta mauvaise foi et ton egoisme le plus primaire sont tels qu’il n’y a meme pas besoin de commentaire pour les qualifier
      c’est grave !
      SOME

  • Le 3 juillet 2019 à 09:53, par Ti zeingne bala En réponse à : Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

    Internaute 3 ’’UN Burkinabè’’ il y a une motion ; vous dites :’’...et que les militaires du BIA qui voulait s’opposer ont été détruits.’’ je regrette.
    Le BIA n’a jamais voulu s’opposer.Ce que vous avez écouté à la radio à l’époque était du coupé-collé. Le Lion a dit à ces hommes de déposer les armes et lui même est parti. C’est pour cela que quand le groupe formé par BONKIAN et compagnie est arrivé, les militaires étaient tous désarmés. On vous a fabriqué des preuves pour détruire le BIA. Le BIA a été le groupe qui avait assuré la sécurité du président SANKARA lors de son déplacement à Bobo. Le CNEC de Blaise avait été purement renvoyé avant koudougou car il leur avait été signifié que le BIA était déjà sur place à Bobo pour la sécurisation.
    C’est un règlement de compte qui a été fait au BIA car le déplacement de Bobo devait être la mort de SANKARA ; donc le BIA a fait foirer.
    Renseignez vous avec les journaliste de l’époque.

    • Le 3 juillet 2019 à 10:22, par Un Burkinabê En réponse à : Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

      Ti zeingne bala, merci pour les détails. La finalité reste la même en ce sens que des corps habillés qui n’approuvaient le coup de force ont été réduits en cendres. Le RSP avait demandé que les troupes de l’intérieur du pays soient stationnées à 50km de Ouaga (peut-être pour mieux les zigouiller).

    • Le 3 juillet 2019 à 11:36, par Kouda En réponse à : Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

      Ti zeingne bala,
      Vous savez, il y a des gens qui aiment bavarder dans le vide, qui aiment croire à ce qu’on leur fabrique. Ne soyez pas étonné que ça soit ces mêmes personnes qui croient dur comme fer à l’histoire écrite par le colon alors que la réalité a été quelques fois toute autre.
      Effectivement, il a été posé la question au Lion du Boulkiemdé de savoir ce qu’il ferait si ses hommes et lui sont attaqués. Et il a répondu que "si nous sommes attaqués, nous nous défendrons jusqu’à la dernière balle". Les journalistes de RFI, poursuivant des objectifs inavoués, ont coupé la partie "on se défendra jusqu’à la dernière balle" pour la passer en boucle et faire croire que le BIA a déclaré la guerre au front populaire.
      Vous faites bien de rappeler la vérité car c’est difficile de comprendre que de nos jours, avec cette information accessible depuis bien longtemps, des gens continuent de passer complètement à coté de la plaque.

      • Le 3 juillet 2019 à 17:29, par Un Burkinabê En réponse à : Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

        Kouda, si c’est moi que vous visez dans votre post, sachez que c’est peine perdue.
        1- Quelle difference ya t-il entre le cas du BIA et celui des troupes de l’intérieur qui avaient dit "nous venons pour désarmer le RSP sans effusion de sang" ?
        2- Pourquoi le lion a t-il attendu tant de temps pour dire sa part de vérité. Il aurait pu le faire en rappelant RFI ou en cablant radio Africa No1 ou encore radio Ghana afin de dementir la version de RFI et préserver la vie de ces soldats.
        3- Mon post n’a pas vocation de blamer le lion mais de dire que pour la Démocratie le juge doit se pencher sur l’histoire de notre pays pour prouver les charges qui pèsent sur le Gal Diendéré

  • Le 3 juillet 2019 à 10:52, par LE PEUPLE En réponse à : Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

    A écouter la défense, le coup d’Etat le plus bête du monde n’a jamais existé et DIENDERE ne s’est jamais pavané dans les plateaux de télévision comme le président du CND ou comme "le nouvel homme fort" pour reprendre les termes de leur griot RFI. Les soldats du RSP ne sont jamais sortis avec les armes du peuple pour tirer sur la popuation et il n’y a jamais eu de morts ou que les victimes sont mortes de leur maladie. Quelle absurdité !!!!! Heureusement, le tribunal est composé de juges ayant vécu au Burkina Faso au moment des faits. 25 ans fermes pour chacun des soldats de petit rang et des civils égarés et bien plus pour les gradés avec déchéance de leurs grades seraient une clémence de la part du tribunal.

  • Le 3 juillet 2019 à 13:51, par Ka En réponse à : Procès du putsch du CND : Me Orokia Ouattara demande au tribunal de ne pas juger selon des « vraisemblances »

    Maintenant je me demande pourquoi les avocats des accusés menteurs qui ne voulaient pas assumés leurs actes en se prétendant non coupable tremblent ? Pourquoi vous tremblez pour des peines clémentes de ceux qui ont tué leurs semblables surtout des innocents, de sang-froid, sans remord, sous des prétextes fallacieux d’accaparer le pouvoir a une transition qui plantait l’alternance politique voulu par le peuple ?

    Pourquoi vos clients se mettent maintenant à demander pardon et de clémence s’ils ne sont pas ‘’’coupables ?’’’ Dire qu’au départ vous les avocats alimentaires, vous vous permettez avec arrogance insulter les familles des victimes en défendant des menteurs manipulateurs ! Vraiment, il faut être fou pour le faire ! C’est pourquoi je vous dis vous les avocats alimentaires, qu’on n’a pas tous les mêmes valeurs de la vie. Pour moi, la vie est sacrée qu’elle soit celle d’un innocent ou même d’un rebelle terroriste. C’est pour cela que j’estime que les sanctions infligés à ces menteurs qui avait opté de plaider non coupables, sont très, très, clémentes. Pourquoi vouloir maintenant se dérober ? Quand on a été brave et fier d’assumer un tel coup d’état a la maternelle qui a ôté la vie a des innocents, on récolte sans se plaindre ce qu’on n’a semer.

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