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Procès du pustch : Une vaste manipulation en préparation par le MPP, selon le PITJ de Soumane Touré

LEFASO.NET | Par Oumar OUEDRAOGO

Publié le lundi 12 février 2018 à 11h00min

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Procès du pustch : Une vaste manipulation en préparation par le MPP, selon le PITJ de Soumane Touré

Les propos du premier responsable du MPP, Simon Compaoré, sur le dossier Djibrill Bassolé (relatif au putsch et dont le procès est annoncé pour s’ouvrir le 27 février 2018) continuent de susciter l’indignation chez certaines personnes, notamment des politiques. Le Parti de l’indépendance, du travail et de la justice (PITJ) a animé à cet effet, une conférence de presse ce samedi, 10 février 2018 à Ouagadougou.

"Nous nous sommes comportés en citoyens normaux, en citoyens qui ont un grand sens de responsabilité et du civisme. C’est pourquoi, jusque-là, nous nous étions tus, nous n’avons rien dit. Les choses se sont passés devant la justice ; tout le monde a introduit ses recours (que ce soit l’avocat de Djibrill Bassolé comme celui de l’Etat, tout le monde a fait ce qu’il devait faire et la décision est tombée). Ce qui nous amène à réagir maintenant, c’est non seulement le refus de la part des usurpateurs du MPP qui, comme tout citoyen, devait accepter sereinement la décision, mais surtout les propos du président par intérim du MPP qui amènent cette réaction.

Ce dernier ne réagit pas en citoyen discipliné, en citoyen qui fait confiance à la justice et accepte sereinement ses décisions après que toutes les procédures aient été épuisées. Le PITJ se refuse de se substituer pour dire la justice à la place de la justice. Ce n’est pas à nous d’entrer dans le dossier, que nous ne possédons même pas, pour dire que ceci est juste ou pas juste. Les uns et les autres ont leur avocat, les procédures sont-là, mais si au bout, on nous dit que c’est cela la décision, toutes les procédures sont épuisées, la décision s’impose à tout le monde, et les gens doivent l’accepter", a d’abord campé le secrétaire général du PITJ, Soumane Touré, sous un ton de révolte.

Pour le parti de Wemtenga (quartier où se situe le siège du parti), ce qui inquiète et préoccupe, c’est donc le risque du comportement des ténors du MPP sur les décisions de justice. "Ce, d’autant que certains d’entre eux sont appelés à la justice, notamment, l’ex-président du MPP, Roch Marc Christian Kaboré. Votre confrère L’observateur Paalga a publié la liste des témoins et a conclu qu’une chose est de convoquer les gens, une autre est qu’ils acceptent de répondre. Non, tout le monde doit répondre devant la justice. Si vous ne craignez rien pour vous-mêmes, vous devez vous présenter librement", exhorte Soumane Touré.

Le PITJ, sur l’avenir de ce procès, croit que les responsables du parti au pouvoir commencent à préparer une vaste manipulation. "Ce sont eux qui ont peur des procès à venir, ce n’est pas quelqu’un d’autre. Nous qui vous parlons, vous avez entendu notre nom dans quelque chose ? Rien ! Ni crime de sang, ni crime économique, ni crime politique. Donc, qui est inquiet, au point de vouloir monter des gens pour créer des troubles à l’occasion de ce procès ? Ce sont eux. (...). Aurons-nous une justice sereine, équitable ? Cela dépendra du comportement des uns et des autres. Eux, ils montrent qu’ils ne sont pas prêts à accepter une justice équitable et sereine. Et c’est cela dans l’affaire de Bassolé ", s’inquiète Soumane Touré, après avoir reconstitué le fil des péripéties judiciaires et surtout en se référant aux propos du président par intérim du MPP, Simon Compaoré.

Du dossier Auguste Denise Barry

Fort de tout son diagnostic, le secrétaire général du PITJ appelle le peuple à la vigilance, pour ne pas se laisser "encore" manipuler. Soumane Touré pense que la paix et l’unité nationale sont menacées de par les comportements des ténors du parti au pouvoir, des attitudes que le PITJ dénonce. Pour lui, le procès du général Gilbert Diendéré est un "procès central et transversal" de par les implications.

"Vous serez obligé de lui demander... (il l’a dit, dans un Etat de droit, on ne fait pas de coup d’Etat), pourquoi tu en as fait alors ? Il sera obligé de dire pourquoi contre la transition, il a fait le coup d’Etat. Et comment nous en sommes arrivés aujourd’hui à l’usurpation du pouvoir par le MPP qui bafoue le pouvoir, la constitution, les lois et règlements de la république ainsi que les instruments internationaux auxquels nous avons souscrit. Ça va être le procès du siècle pour notre pays et notre peuple", perçoit M. Touré.

Interrogé sur l’affaire Auguste Denise Barry, le secrétaire général du PITJ dit rester sur sa soif. "On dit qu’il a voulu déstabiliser le pays. Ce sont eux qui le disent. Ce sont eux qu’il voulait déstabiliser ou le pays ; parce que tout le monde à parler à un moment d’un rapport que sa structure (Centre d’études stratégiques en défense et sécurité, CESDS, ndlr) avait produit sur les questions de sécurité, qu’on disait secret défense, etc. Si c’est parce qu’un citoyen a fait des analyses sur notre dispositif de sécurité, il a le droit de le faire. C’est écrit dans la constitution : tous les citoyens ont le droit de participer aux affaires du pays. Ce n’est pas en tant que membre du gouvernement seulement !.. (...). Donc, sur l’accusation de vouloir déstabiliser le pays, nous attendons qu’on nous le démontre ", a-t-il émis.

Pour les responsables du PITJ, le MPP est "une association de malfaiteurs, de criminels. Et tous les jours, vous les voyez à l’oeuvre, les méfaits et les crimes, ce sont des prédateurs. Vous avez vu avec quelle boulimie ils sont en train de piller les ressources nationales, les deniers de l’Etat ? Leur histoire de gré-à-gré, on en arrive jusqu’à attribuer des marchés à des gens, sans dossier. On signe des chèques pour lui, en disant qu’il va amener le dossier après. Tout cela se fait sous vos yeux, vous êtes au courant..."

Des arguments aux justiciables tels François Compaoré et autres

A en croire le conférencier, la conséquence du comportement du pouvoir vis-à-vis du dossier Bassolé, est énorme. Elle part de la perte de la crédibilité du pays sur l’échiquier international à l’amenuisement des chances d’extradition d’autres justiciables. "François Compaoré, lui-même, avait dit que s’il peut être assuré d’une justice équitable, il n’a rien à se reprocher, qu’il va se présenter devant la justice. (...). Quand vous traitez Djibrill Bassolé comme cela..., honnêtement, pensez-vous pouvoir demander à François (Compaoré), à Blaise (Compaoré) ou à tous ceux qui sont dehors-là de venir répondre devant la justice, qu’on ne va rien leur faire, alors qu’on est en train de faire à quelqu’un. Ce n’est pas la justice qui va leur faire quelque chose, non. Ce sont ces usurpateurs du MPP ; c’est ce que nous avons appelé leur haine, ils sont haineux et ils sont prêts à l’arbitraire. Et vous voulez que les citoyens viennent se donner à eux ?", déplore Soumane Touré.

Le premier responsable du PITJ précise ici que le combat du parti n’est pas celui d’une position en faveur ou contre une personne, mais plutôt de défense de valeurs fondamentales.

"Voyez-vous, nous ne faisons la promotion d’aucun individu. De Djibrill Bassolé dont nous sommes en train de parler et de défendre les droits fondamentaux de citoyen, sur cette terrasse, il est venu avec des gendarmes m’arrêter (sous le CNR, Conseil national de la révolution), m’ont gardé à la gendarmerie pour ensuite m’envoyer à Kamboinsin où ils m’ont enfermé nu pendant 23 mois. Mais, si vous êtes un homme honnête, un citoyen (parce que je dénonçais à l’époque le déficit de liberté, de démocratie et tout), ce n’est pas parce que Djibrill Bassolé est de ceux qui m’ont fait cela sous le régime d’exception, qu’aujourd’hui qu’on va lui faire ça dans l’Etat de droit, je vais l’accepter.

En défendant Djibrill Bassolé, c’est nous-mêmes que nous défendons, que nous soutenons d’avance. Si nous sommes un croyant, et nous sommes un peuple de croyants, si vous avez traversé ces situations que j’ai traversées par leur fait, la moindre reconnaissance à Dieu, qui vous a sorti de ça, indemne, en bonne santé, c’est de ne plus permettre à ce que cela arrive à un autre homme. Vous devez empêcher cela. Nous n’avons pas de haine, on n’a pas de sentiment de vengeance, on veut les libertés pour tout le monde, la justice pour tout le monde, nous voulons la démocratie où tout le monde verra ses droits respectés. C’est cela notre combat", confie le secrétaire général du PITJ, Soumane Touré.


Lire aussi : Affaire Djibrill Bassolé : Le PITJ prend à témoins les "propos graves de conséquences" de Simon Compaoré


Oumar L. Ouédraogo
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