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Procès Sankara : « C’est comme si Thomas Sankara voulait se faire tuer », dixit le témoin Kagambèga Aboulassé

Publié le mercredi 22 décembre 2021 à 13h39min

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Procès Sankara : « C’est comme si Thomas Sankara voulait se faire tuer », dixit le témoin Kagambèga Aboulassé

2e témoin à déposer devant le tribunal militaire ce mercredi 22 décembre 2021, Kagambèga Aboulassé. Il était sergent chef au moment des faits et chef d’une des équipes affectées à la sécurité du président Thomas Sankara.

Dès le début de son témoignage, il soutient que les tensions entre Blaise Compaoré et Thomas Sankara étaient connues de tous. En tant que responsable de la sécurité du président, lui et ses frères d’armes lui avaient demandé quoi faire face à la situation. "Il n’a jamais été d’accord que quelqu’un prenne une arme contre Blaise Compaoré", précise le témoin, qui dit avoir l’impression que le père de la révolution "voulait se faire tuer", tant il ne réagissait pas malgré toutes les informations qui lui étaient rapportées. Kagambèga Aboulassé dit avoir même déconseillé à Thomas Sankara, de tenir des réunions au conseil, pour sa sécurité, puisque Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré y étaient basés.

Le 15 octobre 1987, le témoin dit s’être rendu au palais pour la séance de sport hebdomadaire. Il était en convalescence parce qu’ayant subi une fracture au bras, mais pratiquait le sport pour vite se rétablir. Et pendant son indisponibilité, son équipe était dirigée par Somda. K. Eugène. Arrivé donc à peine à la porte du Palais présidentiel le 15 octobre, il entend les premiers coups de feu et se dit que la situation a sûrement dégénéré. En voulant se préparer à reagir, il constate qu’il n’ y a pas de munitions et que la PKMS avait été sabotée puisqu’une de ses pièces avait été retirée, donc impossible de l’utiliser.

C’est alors qu’un soldat venu du conseil leur apprend que le président a été tué. Peu de temps après, un char est venu se positionner en face du palais. Kagambèga Aboulassé dit alors avoir compris, que si lui et ses camarades tentaient de réagir, ce serait un carnage. Il a alors dit aux hommes de mettre leurs armes dans une VLRA stationnée et de rentrer chez eux. À Famoro Ouattara et à l’aide de camp Étienne Zongo arrivés entre temps, il a conseillé au premier de se réfugier dans une ambassade et avec le second ils ont entrepris de prendre la fuite vers le Ghana. Leur véhicule tombe en panne en cours de route et ils sont obligés de se cacher dans la nature.

Des demandes de munitions qui sont restées vaines durant trois mois

Selon le témoin, trois mois avant les faits, la garde présidentielle a exprimé des demandes en munitions qui n’ont jamais été satisfaites. Il affirme que l’aide de camp qui était chargé de recenser les besoins, dit avoir rédigé et adressé une demande au lieutenant Diendéré Gilbert, qui était chargé de doter les équipes en munitions. Mais face au tribunal, Diendéré Gilbert soutient n’avoir jamais reçu de demande de munitions venant de l’aide de camp. Mieux, il laisse entendre que les munitions n’étaient pas servies suite à une demande rédigée et déposée, mais sur de simples bons que lui même approuvait.

Il continue en disant qu’il n’ y a jamais eu de retard ou de refus avec les bons qui lui étaient adressés, surtout que la sécurité présidentielle était, dit-il, prioritaire en matière de dotation en matériel. Pour Diendéré Gilbert, Kagambèga Aboulassé a évoqué le manque de munitions, pour couvrir le fait qu’il n’ait pas réagi avec ses hommes, face à la situation. Et le témoin de répliquer qu’il n’a pas réagi pour éviter un bain de sang. Il précise d’ailleurs qu’il ne sous entend rien en évoquant la rupture des munitions et qu’il ne voulait pas faire croire que c’est par manque de munitions de la garde rapprochée que le président Sankara avait été tué. "Il peut ne pas être de mauvaise foi, mais c’est ce qui s’est passé", dit-il à l’endroit de Diendéré Gilbert.

Dans son témoignage, le témoin avait laissé entendre que la PKMS positionnée au sein du palais avait été sabotée donc inutilisable. Cette arme était pilotée par Traoré Bossobè, qui était chef tireur mais assisté par d’autres éléments. À la barre, Traoré Bossobè soutient n’avoir jamais tiré avec une arme lourde comme la PKMS. Il dit ne savoir utiliser que des Kalachnikovs. Il reconnaît toutefois comme les autres soldats, avoir appris sommairement à démonter l’arme.

Avant de quitter la barre, Kagambèga Aboulassé a dit trouver dommage que les gens nient tout en bloc. Selon lui, on peut certes oublier certaines choses avec le temps passé, mais pas nier les actes que l’on a posés.

Armelle Ouédraogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 22 décembre 2021 à 13:50, par Nick En réponse à : Procès Sankara : « C’est comme si Thomas Sankara voulait se faire tuer », dixit le témoin Kagambèga Aboulassé

    C’est Ca qui est la verite et me fait mail. TS avait un complex de martyr. Il voulait se faire tuer ou il a laisser se faire tuer pour qu’on parle de lui pour tjrs. Il l’a meme dit au lion qui lui a dit quil ne mourra pas avec lui. Au lieu de prendre les devants pour sauver le pays. Je suis que lui quand meme allait arreter Balise sans le liquider physiquement.

  • Le 22 décembre 2021 à 14:28, par SOME En réponse à : Procès Sankara : « C’est comme si Thomas Sankara voulait se faire tuer », dixit le témoin Kagambèga Aboulassé

    Voilà des gens qui restent logiques dans une certaine vérité. Les choses se précisent avec ce bossoba Traoré . Il veut faire croire à qui que lui il sait démonter une arme mais ne sait pas l utiliser. Il faut savoir mentir un peu !
    SOME

  • Le 23 décembre 2021 à 05:11, par jan jan En réponse à : Procès Sankara : « C’est comme si Thomas Sankara voulait se faire tuer », dixit le témoin Kagambèga Aboulassé

    Thomas Sankara n’avait pas pas de complexe de martyrs, il s’est rendu compte que c’est lui seul qui était "révolutionnaire" en faite, il s’est rendu compte que grâce à lui des criminels en puissance étaient montés au pouvoir, il s’est rendu compte que pour son rêve, le rêve et la réalité étaient très différents. Il s’est rendu compte de sa grande erreur, il a vu que son entourage était pire que ceux qu’il a qualifié de réactionnaires, il a installé son pouvoir sur le sang, c’est ça qui l’a bouffé. Quand un état finance vos études à 100%, ce n’est pas pour venir le détruire M. Sankara et ouvrir la cage aux fauves sur ce pays, c’est bien la cage aux fauves que vous avez ouvert. Du 4 août 83 à octobre 2014, ce pays était aux mains de renégats grâce à vous et votre rêve Sankara, que de sacrifice pour un rêve, dommage pour ce Peuple qui à tant souffert.

  • Le 23 décembre 2021 à 20:58, par N’dabi En réponse à : Procès Sankara : « C’est comme si Thomas Sankara voulait se faire tuer », dixit le témoin Kagambèga Aboulassé

    Juste une question me taraude la tête.
    Peut-on être un général ou officier d’arme et ne pas pouvoir porter ses "couilles" et reconnaître ce qu’on a pu faire de par le passé ?
    Aidez moi à trouver une réponse.

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