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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Nous avons eu une attitude de vaincus », a déclaré Ambroise Diarra, numéro 2 de la FIMATS

Publié le lundi 20 décembre 2021 à 13h30min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Nous avons eu une attitude de vaincus », a déclaré Ambroise Diarra, numéro 2 de la FIMATS

Suspendue vendredi 17 décembre, l’audition du témoin Ambroise Diarra a repris ce lundi 20 décembre 2021, à la salle de banquets où se tient le procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de douze de ses compagnons. Il était officier de Police et numéro 2 de la Force d’intervention du ministère de l’administration territoriale et de la sécurité (FIMATS), commandée par Vincent Sigué à l’époque.

A la barre, Ambroise Diarra a déclaré que le 15 octobre 1987, le lieutenant Tibo Ouédraogo (Aujourdhui colonel à la retraite et accusé) est venu au camp de la FIMATS accompagné de huit militaires qui étaient à bord d’un véhicule léger de reconnaissance et d’appui (VLRA). Ils ont dit être venus de l’Escadron de transport et d’intervention rapide (ETIR) pour les appuyer .

A la demande de Tibo Ouédraogo de désorganiser le dispositif sécuritaire de la FIMATS pour en constituer un autre, Ambroise Diarra dit s’y être opposé, car n’ayant pas pris pour argent comptant les propos de son vis-à-vis qui disait être venu de l’ETIR. Qu’à cela ne tienne, cette opposition n’a pas créé de grabuge entre les deux hommes. Mieux, selon le témoin, Tibo Ouédraogo lui a même remis un pistolet automatique.

« Nous avons eu une attitude de vaincus. C’est de manière pacifique que Tibo est resté avec nous. Il n’y a pas eu de velléités d’attaques (…) Je ne me suis jamais senti en insécurité avec lui. Je crois que Tibo est venu en premier lieu pour prendre la FIMATS mais sur les lieux, il s’est rendu compte que ce qu’on disait de la FIMATS n’était pas ça. Il s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’atomes crochus entre nous et l’Escadron de transport et d’intervention rapide (ETIR). De plus, il a certainement compris qu’avec moi, il fallait plus échanger que tirer », a déclaré le témoin. Il n’oubliera pas de marteler que la FIMATS n’a pas été désarmée.

Parmi les soldats qui accompagnaient Tibo, se trouvaient l’adjudant-chef Albert Pascal Sibidi Bélemlilga, aujourd’hui accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. « Tibo me l’a présenté et je lui ai demandé s’il me connaissait. Son père Bélemlilga Joanny a été directeur du collège d’enseignement général de Fada N’Gourma où j’ai passé quatre ans ».

Selon Me Mamadou Coulibaly, avocat de Bélemlilga, c’est à cause des déclarations du témoin que son client se trouve sur le banc des accusés. Et Ambroise Diarra de se défendre en précisant qu’il l’a juste reconnu parce qu’il le connaissait physiquement. Mais, à la décharge de Bélemlilga Albert, il dira qu’il ne l’a pas vu commettre un acte.

« Est-ce que le Centre national d’entraînement commando (CNEC), dont le lieutenant Gilbert Diendéré était le numéro 2 avait besoin de la FIMATS pour le coup ? A cette question du parquet, le témoin a fait savoir que la FIMATS était en construction au moment des faits et que son décret de création avait même été adopté au conseil des ministres, le 14 octobre 1987. À l’en croire, Gilbert Diendéré aurait surestimé les forces de la FIMATS. Mais il n’était pas question pour lui, Ambroise Diarra, de laisser transparaître le contraire. « Vous pensiez que j’allais dire que nous ne sommes pas armés ou entraînés ? Non. On joue quand même à l’homme même quand on est à terre. A la FIMATS, on avait des individualités combattantes à l’image de Vincent Sigué », dira le témoin qui va préciser que la FIMATS était composée de 109 éléments.

Dans une autre question, la partie poursuivante dira au témoin qu’il ressort de certaines déclarations que ce sont les éléments de la FIMATS qui devaient exécuter le coup de 20h contre Blaise Compaoré le 15 octobre 1987. « Comme je l’ai dit nous étions en construction. Nous n’avons jamais fait de tirs ensemble. Est-ce qu’on peut s’aventurer à prendre une telle troupe pour faire un coup ? Jamais », a répondu Ambroise Diarra. Pour lui, contrairement aux rumeurs qui couraient, « il n’a jamais été dit à la FIMATS que nous étions des éléments pro Sankara. »

D’ailleurs, il dira à la barre qu’un ami lui a demandé dans quel camp serait la FIMATS s’il devait y avoir un affrontement entre Blaise Compaoré et Thomas Sankara. « Je lui ai répondu qu’on est obligé de suivre le premier groupe qui nous aura dans sa main ».

Le témoin Ambroise Diarra a également déclaré à la barre avoir accompagné le lieutenant Tibo Ouédraogo chez le lieutenant Gilbert Diendéré le 16 octobre 1987. Ce dernier l’a remercié pour le travail abattu par la FIMATS et a sollicité son concours pour se rendre avec des hommes à Koudougou où deux éléments du CNEC auraient été détenus par le Bataillon d’intervention aéroportée, commandé alors par Boukari Kaboré dit le lion. Il n’y a pas opposé un refus.

Appelé à la barre pour une confrontation, Tibo Ouédraogo nie avoir remis un pistolet automatique au témoin comme déclaré à la barre. « Si je vous ai remis un P.A, de grâce, remettez moi ça. J’en ai besoin », a-t-il lancé à Ambroise Diarra. Ce dernier est catégorique, c’est l’accusé qui lui a remis le pistolet automatique qui a été par la suite déposé au commissariat central de Ouagadougou. « Quand on est devant un tribunal aussi sérieux, on devient quelqu’un d’autre », a balancé le témoin à Tibo Ouédraogo. Ce dernier a également nié avoir conduit, avec le témoin, une mission à Sapouy à la recherche de Boukari Kaboré dit le lion.

En ce qui le concerne, le général Gilbert Diendéré a également nié avoir envoyé Tibo Ouédraogo pour désarmer la FIMATS. Il reconnaîtra cependant avoir félicité le numéro 2 de la FIMATS de n’avoir pas pris les armes au regard des rumeurs d’une attaque de ce corps en tandem avec l’ETIR contre le CNEC. Cette collaboration de la FIMATS était, à l’en croire, une épine en moins.

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