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Yamba Malick Sawadogo, le prisonnier qui a "organisé" l’enterrement de Thomas Sankara et ses douze compagnons

Publié le vendredi 17 décembre 2021 à 13h05min

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Yamba Malick Sawadogo, le prisonnier qui a

C’est par moments en larmes que le témoin Yamba Malick Sawadogo a fait sa déposition dans l’après-midi de ce jeudi 16 décembre 2021 devant le tribunal militaire.

"Le 15 octobre 1987, j’étais au palais de la justice. J’étais prisonnier et je travaillais au greffe de la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou)", situe le témoin. C’est de là qu’il entendra les tirs autour de 16h. Il dit avoir vu donc les gens courir dans les rues. Il prend donc sa moto (une CT), mise à sa disposition par la MACO.

Impossible de rejoindre la MACO, de par les effets des tirs (et le conseil de l’Entente, théâtre des évènements, étant situé sur la route du retour), il se retrouve chez lui au quartier Paspanga. "A 19h, les tirs ne cessaient pas", se souvient-il. Il se résout à trouver les moyens de regagner la MACO, car detenant les documents des prisonniers qui devaient être libérés le lendemain.

C’est une fois à la MACO que grâce aux éléments de garde (il précise que la MACO était gardée par des éléments du Conseil), il apprendra qu’il y a coup d’État. Sans détails.

Le régisseur l’appelle pour lui dire de préparer 20 personnes pour une corvée. Ce qu’il fit, en s’incluant sur la liste. Ils vont se retrouver au cimetière de Dagnoën par un détour au conseil de l’Entente.

Sur place au cimetière autour de 20h, le régisseur leur ordonne de creuser une dizaine de tombes. Lui comprend par là qu’il faut creuser dix tombes et ce fut fait. Un des deux véhicules VLRA qui les ont convoyés sur les lieux et dont les phares ont servi d’éclairage pour le creusage, se retire pour aller ramener les corps.

C’est pendant les inhumations, avec des identifiants (il précise que les corps étaient reconnaissables), qu’ils se rendront compte que non seulement il y avait treize corps, mais que le président Thomas Sankara en faisait également partie.

"Et là, tout le monde était glacé", décrit le témoin, qui se perd en larmes.

Ils se mettent donc à creuser trois autres tombes, dont celle de Thomas Sankara qu’ils ont placée devant.

Ils finissent autour de 3h du matin, sous pression du régisseur.

M. Sawadogo note qu’ils étaient au total 23 personnes en cette nuit d’inhumations (20 prisonniers, les deux chauffeurs des VLRA qui étaient des militaires, plus le régisseur de la MACO).

Interrogé sur cette affaire de bague du président Sankara, dont avait précédemment fait cas un témoin, Yamba Malick Sawadogo explique : "Les effets, notamment la bague et les chaussures du président, ont été effectivement enlevées par un prisonnier devant tout le monde et devant Karim Tapsoba (le régisseur de la MACO)".

Les parties, elles, n’ont pas eu de questions à adresser au témoin, qui s’est retiré de la barre après 21 minutes (14h 32-14h 53 ) de rappel des faits.

L’audience se poursuit, exceptionnellement, demain, vendredi 17 décembre 2021(elle a lieu normalement du lundi au jeudi) pour "rattraper" la suspension du lundi et du mardi pour cause de décès d’un avocat et d’un magistrat stagiaire.

O.L.
Lefaso.net

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