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Coup d’État du 15 octobre 1987 : L’ex-chef du département affaires politiques de Thomas Sankara à la barre

Publié le jeudi 16 décembre 2021 à 18h40min

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Coup d’État du 15 octobre 1987 : L’ex-chef du département affaires politiques de Thomas Sankara à la barre

Fidèle Kientéga, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un administrateur civil à la retraite et fut, entre autres, ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation dans les années 2002. Chef du département affaires politiques au cabinet de Thomas Sankara, le témoin tient Blaise Compaoré pour responsable des évènements du 15 octobre 1987, car ayant été aussi le bénéficiaire direct.

A la barre, celui-ci est revenu sur ses missions au sein de ce département, qui sont entre autres, l’organisation des audiences du président Thomas Sankara, ses voyages, la rédaction de ses interventions.

Tout comme nombre de ses prédécesseurs, Fidèle Kientéga explique que dans les derniers moments qui ont précédé le 15 octobre, il y avait une persistance des rumeurs sur le coup d’État. A telle enseigne qu’un de ses cousins lui a dit qu’étant donné que Thomas Sankara ne voulait pas prendre de dispositions par rapport au coup d’État contre lui, de trouver un alibi pour rester à la maison, car ils allaient être massacrés à la présidence.

Il se souvient que c’était à environ une semaine du 15 octobre 1987. Par la suite, l’aide de camp de Thomas Sankara est venu lui expliquer que le président du Faso devait être exécuté à une des barrières, côté ministère des Finances. Il se souvient aussi qu’un jour, Thomas Sankara devait se rendre chez Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando a donné l’alerte aux éléments de garde d’abattre Thomas Sankara à son arrivée. Blaise Compaoré sortira pour dire à la sécurité que le président du Faso arrive, évitant le drame ce jour. Fidèle Kientéga se dit persuadé que cette réaction de Blaise Compaoré visait simplement à brouiller les pistes, Hayacinthe Kafando ne pouvant pas, selon lui, prendre une telle décision d’éliminer le président Sankara sans son accord.

"Ce n’est que ce que nous nous entendions qui est arrivé le 15 octobre 87, et la responsabilité de Blaise Compaoré ne peut être exclue, même si ce n’est pas lui qui a tiré", a conclu Fidèle Kientéga.

Dans ses réponses aux questions du tribunal et des parties, le témoin a relevé qu’après les évènements du 15 octobre 87, le cousin ci-haut mentionné a été aperçu aux côtés de Gilbert Diendéré.

Dans ses révélations il dit qu’un jour, Thomas Sankara l’a appelé pour lui demander s’il avait peur. Le témoin dit avoir répondu par l’affirmative. "C’est là il m’a dit : mais, qu’est-ce que vous croyez quand vous formez le poing et levez pour dire La Partie ou la mort ?", révoque M. Kientéga.

L’ancien proche collaborateur de Thomas Sankara pense, par ailleurs, que Blaise Compaoré a aussi été influencé par les autorités coutumières sur la base de critères régionalistes. Car, de son avis, les autorités coutumières se sont certainement senties frustrées par des actions de la révolution.

O.L.

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 décembre 2021 à 20:17, par Le Vigilent En réponse à : Coup d’État du 15 octobre 1987 : L’ex-chef du département affaires politiques de Thomas Sankara à la barre

    Je pense qu’au niveau national Blaise Compaore a été influencé surtout par les anciens politiciens, certaines autorités coutumières du plateau mossi, sans oublier les faux idéologues des groupuscules pseudo communistes. Les vrais manœuvriers sont les puissants de la sous-région et leurs maîtres impérialistes. Quelque soient les influences, il faut avouer que l’élément déterminant a été la boulimie du pouvoir de Blaise Compaore lui-même. Même Foccar a exprimé ses inquiétudes à propos du goût trop prononcé de Blaise Compaore pour le luxe et la fortune. Un tel personnage ne pouvait pas supporter les mesures d’austérité que Thomas Sankara imposait à tous.

  • Le 16 décembre 2021 à 20:44, par HUG En réponse à : Coup d’État du 15 octobre 1987 : L’ex-chef du département affaires politiques de Thomas Sankara à la barre

    J admire votre courage en emettant l hypotheses par rapport aux autorites coutumieres.Elles ont accompagné blaise compaoré pendant son regne.

  • Le 17 décembre 2021 à 12:31, par Mankougdougou Gomnoaga En réponse à : Coup d’État du 15 octobre 1987 : L’ex-chef du département affaires politiques de Thomas Sankara à la barre

    Merci infiniment Monsieur Fidèle KIENTEGA ! Jusque-là nous indexons tantôt la France tantôt les voisins complices en ignorant parfois royalement cette chefferie qui a milité, mijoté, entretenu et a nourri dans le plus grand secret des rumeurs d’intoxication, de confusion car pour elle la féodalité c’est sa raison d’être !
    Cette chefferie a écrit certes, les belles pages d’organisation du pays mais elle doit comprendre que dans l’évolution humaine il y a des pratiques à bannir. La Révolution avec à sa tête Thomas SANKARA n’hésitait pas à décrier les pratiques féodales aux antipodes de la Révolution et de la liberté. Et cela heurtait profondément l’amour-propre de la chefferie féodale. Et cette chefferie n’a jamais accepté qu’il y ait un esprit supérieur à même de commander au Faso et la placer au second plan. Curieusement face au terrorisme les bonnets rouges sont abonnés au cabaret et les bérets rouges au front !
    Féodale est la chefferie traditionnelle, féodale elle le demeurera ! Car cette chefferie abonnée aux boubous, au luxe et au pouvoir trouvait en B.C. son complice idéal pour assurer sa pérennité. Le croco aux yeux gluants, l’orang-outan aidés par la principale vipère terrestre, la France, n’ont fait que battre le tambour des billets pour que la danse macabre ait lieu !

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