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Coup d’État du 15 octobre 1987 : Sacré Sinaré, celui qui a aidé à ramasser les corps

Publié le jeudi 16 décembre 2021 à 22h16min

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Coup d’État du 15 octobre 1987 :  Sacré Sinaré, celui qui a aidé à ramasser les corps

La matinée de ce jeudi 16 décembre 2021 a connu la déposition, devant le tribunal militaire, du témoin Sacré Sinaré, soldat de première classe à la retraite et en service au conseil de l’Entente à l’époque des faits.

Le témoin, niveau de français au seuil du compréhensible, dit être de garde en cet après-midi de jeudi, 15 octobre 1987. "Je jure devant la justice militaire, je vais dire la vérité, ce que j’ai vu sur le terrain", a formulé le témoin, la main gauche levée. Le président du tribunal "acquiesce", mais lui demande de dire simplement "je le jure" (après lecture par lui de la formule consacrée), en soulevant cette fois-ci la main droite.

Le témoin se ravise, lève la main droite, puis maintient : "Je jure devant la justice militaire, je vais dire la vérité, ce que j’ai vu sur le terrain". C’est dans ces bribes de rires que le président acceptera le serment du témoin, qui est immédiatement passé à sa déposition.

Une déposition qui fut d’ailleurs brève

Le soldat de première classe, Sacré Sinaré, explique qu’en cette nuit du 15 octobre 1987, il était à son poste au Conseil, lorsqu’un certain Karim Tapsoba, régisseur de la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou), est venu l’appeler de venir aider à ramasser des corps pour mettre dans un véhicule. C’était douze corps, déclare-t-il plus loin, en réponse à une question (Thomas Sankara a été assassiné avec douze de ses compagnons, dit-on : ndlr).

Ce à quoi il dit s’être exécuté avec d’autres éléments. "Après ça maintenant, je ne sais pas où ils sont partis", a clos le témoin, ouvrant ainsi la phase des questions du tribunal et des parties.

A la question donc de savoir où il était en cet après-midi du 15 octobre 87, le témoin dit qu’il était chez lui à la maison, à Larlé. Il dit n’avoir entendu aucun coup de feu. Mais plus tard dans ses explications, il va révéler qu’il devait être de garde dans l’après-midi de ce jeudi 15 octobre 1987 et qu’il est arrivé au Conseil vers 15h. Or, selon les informations, le drame a eu lieu autour de 16h, contextualise le président du tribunal. Ce qui confond le témoin. "Ça fait 35 ans maintenant, est-ce que je peux me rappeler ", a-t-il réagi à l’observation du président. Ce dernier, dans un air détendu, lui fit savoir qu’en Afrique, les vieillards sont considérés comme des bibliothèques, de par aussi leurs capacités à se souvenir des évènements et sans même les avoir notés.

"Mais je n’ai rien fait !", se lâche par moment M. Sinaré, aussitôt rassuré par le président qu’il n’est qu’un témoin et non un accusé. De ce fait, il n’a pas à se défendre, mais plutôt à dire ce qu’il sait des évènements du 15 octobre 1987 et à même d’éclairer le tribunal.

Malgré ces "encouragements" d’Urbain Méda, le témoin n’a visiblement pas apporté les réponses attendues par les parties (il est resté moins verbeux et évasif).
A la suite de Sacré Sinaré, l’adjudant à la retraite, Karim Sankara.

O.L.
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 17 décembre 2021 à 06:28, par Mogo En réponse à : Coup d’État du 15 octobre 1987 : Sacré Sinaré, celui qui a aidé à ramasser les corps

    Le conseil de l’entente était truffé de soldats analphabètes, tueurs à la solde de ce sanguinaire de Diendéré. Ils savent ce qu’ils ont fait. Ce qui me désole c’est cette posture de ce tueur de Diendéré qui nargue tout le monde. Tous ces crimes de sang au Burkina et ailleurs dans la sous région, il est impliqué d’une manière ou d’une autre. C’était lui la tête pensante et ses soldats analphabètes faisaient le sale boulot.

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