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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Passe d’armes entre le général Diendéré et le témoin Abderrahmane Zétiyenga

Publié le jeudi 9 décembre 2021 à 13h18min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Passe d’armes entre le général Diendéré et le témoin Abderrahmane Zétiyenga

Chaude confrontation, ce jeudi 9 décembre 2021 entre le général Gilbert Diendéré et le témoin, Abderrahmane Zétiyenga au procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et douze autres.

Avant le drame du 15 octobre 1987, le conseil de l’Entente a abrité une réunion aux environs de 9h. Selon le témoin Abderrahmane Zétiyenga, c’est lui qui aurait suggéré la convocation de cette rencontre au lieutenant Gilbert Diendéré. Elle devait réunir les éléments de la sécurité rapprochée de Thomas Sankara et ceux de Blaise Compaoré, mais aussi les éléments de la sécurité éloignée, donc celle du conseil de l’Entente. Mais selon Zétiyenga, seul le soldat Hamidou Maïga est venu représenter la garde de Blaise Compaoré. Hyacinthe Kafando, décrit comme le chef du commando ayant assassiné Thomas Sankara et ses compagnons, était absent.

Selon toujours le témoin, il a été proposé à cette rencontre que l’on oblige Sankara et Compaoré à se retirer loin de Ouagadougou pour discuter et aplanir leurs divergences. Le lieutenant Diendéré n’aurait pas pris la parole à cette réunion. Après celle-ci, Gilbert Diendéré aurait dit à Abderrahmane Zétiyenga, en présence d’autres soldats, détenir un message de catégorie A selon lequel Thomas Sankara projetait un complot dans la soirée du 15 octobre à 20h. Et pour éviter le bain de sang, Diendéré lui aurait dit qu’il allait prendre les devants en procédant à l’arrestation de Sankara.

Appelé pour la confrontation, le général Gilbert Diendéré rejettera en bloc les dépositions du témoin. Il dira au tribunal que ce n’est pas
Abderrahmane Zétiyenga qui lui a suggéré la tenue de la réunion. « Généralement les jeudis, on tient une réunion. Ce n’est donc pas la première fois que je convoquais une telle rencontre. Zétiyenga a juste suggéré que je convoque les deux gardes rapprochées parce qu’il arrive que celles-ci ne viennent pas, compte tenu des agendas des deux personnalités. Il dit que je n’ai pas parlé à cette rencontre. C’est difficile de croire que je convoque une rencontre et que je ne prenne pas la parole. Ce n’est pas possible », a déclaré le général Diendéré.

Il a également qualifié de « totalement faux » le témoignage sur la supposée information de catégorie A selon laquelle Sankara envisageait d’arrêter Blaise. « Après la réunion du matin, chacun est reparti d’où il est venu. Moi je suis parti me restaurer chez moi à la cité An 3. Je n’ai jamais reçu une note de catégorie A. Je ne peux pas prendre la décision d’arrêter le président Sankara. Ce n’est pas possible. Je ne pourrais jamais le faire. Et même si j’avais eu cette information de catégorie A comme il le dit, je n’allais jamais m’ouvrir à lui pour lui donner une information de ce genre, vu les liens qu’il avait avec Thomas Sankara. »

La confrontation s’est poursuivie sur un autre point. Selon le témoin, le général Diendéré, alors lieutenant, lui aurait donné instruction d’aller prendre position à un poste, près de la radio nationale. Il lui aurait également donné l’ordre de ne laisser entrer personne, après le passage du cortège du président Sankara. « Je ne l’ai jamais envoyé à un poste quelconque. Zétiyenga était en stage à Pô mais est revenu à Ouagadougou pour voir le président Sankara qui lui avait adressé une lettre. Il n’avait aucune fonction officielle à ce moment qui méritait que je l’envoie faire quelque chose d’important à ce poste. Aussi, le poste où il dit que je l’aurais envoyé, n’était pas le poste d’entrée officielle au conseil de l’Entente. », a déclaré le général Diendéré.

Et le témoin de répliquer « J’étais commandant de la troisième compagnie (du 1er Bataillon d’intervention rapide, NDLR). Est ce que je peux aller occuper un poste et interdire quelqu’un d’entrer au conseil. Il dit que le poste que j’ai gardé n’était pas important. Pourtant c’est par là que le président Sankara passait d’habitude. Lors de la confrontation chez le juge d’instruction, Il a dit que s’il m’a envoyé à ce poste, c’est probablement parce qu’il y avait des rumeurs sur une attaque de l’Escadron de transport et d’intervention rapide ». Après cela, le général Diendéré a tenu à préciser que la conjonction « Si » était une condition et non une affirmation. Et le président de lui dire que cela prête à confusion et qu’il aurait dû employer l’expression « S’il s’avérait que… »

L’accusé a rappelé que lors de sa déposition, le témoin avait dit n’avoir pas vu le cortège du président passer par ce poste. Selon lui, ce serait une preuve que le poste que Zétiyenga gardait n’était pas important et qu’il ne l’aurait pas envoyé à ce lieu. Pour le parquet militaire, le général Diendéré aurait bien pu envoyer Zétiyenga à ce poste pour l’éloigner de la scène du drame.

Le témoin a-t-il empêché Somda Eugène d’accéder au conseil de l’Entente ? « Lorsque Somda Eugène est arrivé au poste, les éléments m’ont averti. J’ai dit de le laisser passer. Il m’a dit qu’il est venu s’enquérir des nouvelles de Thomas Sankara qui est venu au conseil pour une mini rencontre. Il dit qu’il a entendu des tirs. Comme Diendéré après les tirs n’a pas envoyé quelqu’un, je n’avais pas donc d’éléments à donner à Somda. Je ne pouvais donc pas le bloquer. J’ai demandé à un élément de l’accompagner à l’intérieur. Quand l’élément est revenu au pas de course, je lui ai demandé ce qui se passait en vain. Mais il n’a pas pu me dire un mot. Quand Somda est revenu, il était débraillé. Il était calme. C’est lui qui m’a annoncé la mort de Thomas Sankara ».

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Vos commentaires

  • Le 9 décembre 2021 à 14:39, par Ka En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Passe d’armes entre le général Diendéré et le témoin Abderrahmane Zétiyenga

    Comme disait un citoyen lambda au moment de la suspension de dix minutes, ’’’’les gens vont déserté ce tribunal devenu une salle de théâtre à cause des mensonges d’un colonel félon et menteur.’’’’ Pour moi il a raison. Comment être le président de la commission militaire du coup d’Etat pour tuer Thomas Sankara financé par Blaise Compaoré avec l’argent offert par son beau le feu Président Houphouët Boigny après son mariage avec Chantal, et s’assoir devant les juges pour mentir ?’’’’

    Il n’y a jamais un crime parfait, et tu vas le payer malgré tes mensonges. Tu disais a ton mentor Blaise Compaoré au moment de votre gloire ‘’’Voilà toi voilà moi, tu me trahi je te trahi. Le moment est venu pour toi Gilbert Diendéré dise toute la vérité pour être à moitié pardonné, Car, tes mensonges te condamnent a 100%.

  • Le 9 décembre 2021 à 14:43, par lewang En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Passe d’armes entre le général Diendéré et le témoin Abderrahmane Zétiyenga

    Meme si on arretait le procès a ce stade je pense que les patriottes sinceres devraientmeme etre comblés du fait de voir les tout puissants d’hier entrain de peiner pour se justifier à la face du monde. Qui l’aurait imaginé ? c’est le Tout Puissant qui est fort ! pour moi le verdict importe peu

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