LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Procès du putsch : Boukaré, la victime qui se soigna avec de la potasse et du sel

Publié le mercredi 10 avril 2019 à 12h42min

PARTAGER :                          
Procès du putsch : Boukaré, la victime qui se soigna avec de la potasse et du sel

Débutée la veille, le témoignage des victimes du coup d’Etat de septembre 2015 se poursuit, ce mercredi 10 avril 2019 au tribunal militaire de Ouagadougou. Une vingtaine de victimes sur la soixantaine retenue par le tribunal ont été déjà entendues. Tantôt glaciale tantôt détendue, l’atmosphère au prétoire était assez particulière avec des victimes qui n’attendent que le verdict pour enfin faire le deuil.

Blanchisseur de profession, Sawadogo Boukaré dit n’avoir pas dormi en apprenant l’arrestation des autorités, le 16 septembre 2015. Le lendemain, il décide de rendre une petite visite à sa sœur au quartier Patte d’oie avant de faire un tour à la place de la Nation, à califourchon sur son VTT. C’est le début de ses malheurs.

Là il sera interpellé par des soldats du RSP à bord d’une 4×4. "Ils sont descendus avec des cordelettes et m’ont dit de me coucher. Je leur ai répondu que je n’avais rien fait. Ils ne m’ont pas écouté et m’ont répété de me coucher. J’ai dit NON. Le soldat resté dans le véhicule a dit aux autres de me mettre à terre. Ils m’ont balayé et m’ont donné un coup de cordelette au ventre", a raconté la victime qui se souvient avoir imploré en vain le pardon de ses tortionnaires.

De retour à la maison, avec ses blessures, Sawadogo Boukaré, demande à son épouse de préparer de la potasse et du sel pour le masser. Face au refus de celle-ci, il décide de se soigner lui-même, après avoir pris le soin de sortir son épouse et de fermer la porte à crochet.

Avant de rejoindre sa place, la victime a lancé un appel aux Burkinabè à plus d’intégrité et à toujours avoir le sens de la vérité.

Lengani Ernest, lui a été roué de coups au niveau du rond-point de la bataille du rail, par trois soldats dont deux cagoulés. Il a eu une fracture au bras gauche.

Lompo Chistophe, titulaire d’une maîtrise en droit, a échappé de peu à la mort, le 17 septembre, sous le hall du stade municipal de Ouagadougou. Alors que lui et d’autres camarades s’étaient couchés pour échapper à leurs poursuivants dans un pick-up up, ils seront surpris par ceux-ci. Alors qu’un soldat s’apprêtait à ouvrir le feu sur eux, un autre fait tomber l’arme et se dirige vers eux avec une cordelette. Commencent ainsi les coups jusqu’à ce que la victime ne trouve refuge dans une cour où le propriétaire lui administre les premiers soins avant son évacuation par les sapeurs-pompiers au CHU-Yalgado.

Paré Ousmane, sapeur-pompier a été touché par balle dans une ambulance alors que son équipe se rendait à la place de la Nation pour porter secours à un blessé. Il sera plongé dans un coma de 48h. A l’en croire, la balle est toujours logée dans sa poitrine.

Appelé à la barre, Bagbila Michel, une autre victime, ne déposera pas finalement. Élève âgé de 20 ans, il avait 16 ans au moment des faits. Me Prosper Farama, répondant à une inquiétude de la défense, dira qu’il ne s’agit pas pour l’heure de débattre sur la recevabilité des parties civiles. Pour lui, il n’y a aucun problème à ce que la victime dépose. Mais en l’absence de son père dans la salle, le président du tribunal a demandé au concerné de rejoindre sa place.

L’attaché de santé, Nacoulma Jean Firmin a été roué de coups, le 20 septembre 2015, alors qu’il tentait d’échapper au RSP, dans les environs de l’hôtel Laïco. Son bourreau, un soldat cagoulé armé d’une cordelette est reparti avec ses téléphones et sa tablette. Mais grâce à un système de sauvegarde sur l’appareil, la victime a reçu plus tard des images prises par son bourreau. Au regard des photos reçues sur le compte Google de M. Nacoulma, il s’agirait du soldat Soulama Seydou, qui était en fuite en Côte d’Ivoire.

Appelé à la barre l’accusé nie avoir effectué une mission à l’hôtel Laïco. Aussi il dit n’avoir jamais porté de coups sur quelqu’un, encore moins volé une tablette. Pour le parquet, il n’est pas tard pour l’accusé de reconnaître ses fautes et de demander pardon. Mais Me Sawadogo Mahamadi a renvoyé le parquet à l’arrêt de renvoi et de mise en accusation en précisant que son client est poursuivi pour coups et blessures et non pour vol.

NB : Vous avez la possibilité de suivre en direct les témoignages par SMS sur votre téléphone en envoyant Info au 3433 sur TELECEL, Info au 344 sur Orange ou en composant le *200*4*3*2# sur TELMOB

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Putsch de septembre 2015 : Minata Guelwaré est décédée
La problématique de la liberté chez Jean-Jacques Rousseau