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Tertius Zongo : « Jérôme Bougouma s’est repenti, il est pardonné »

Publié le mercredi 19 janvier 2011 à 23h46min

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 L’augmentation du nombre de maroquins n’entraîne-t-elle pas de coûts exorbitants ? « Pas autant que cela »
 A quoi répond la création de nouveaux ministères ? « A des soucis d’efficacité »
 Le ministre chargé des Réformes n’est-il pas celui de l’article 37 ? « Une perception qui bloque l’esprit »
 Pourquoi le nombre de femmes n’a pas augmenté dans la nouvelle équipe ? « Là, on a tourné en rond »
 Le come-back de Jérôme Bougouma ? « Il s’est repenti, il est pardonné ». Comme il fallait s’y attendre, il a réponse à tout. Avec force persuasion, il faut le lui reconnaître. Au point de presse tenu hier mercredi 19 janvier 2011 dans la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères, le Premier ministre Tertius Zongo est resté égal à lui-même : loquacité toujours aussi impressionnante et facilité d’égayer le public, le chef du gouvernement s’est prêté volontiers à toutes les questions que suscite la formation de sa présente équipe.

Avant l’entame de la rencontre, un préalable : les questions doivent porter sur les affaires domestiques et non sur l’actualité internationale comme nous l’incite l’évolution sociopolitique dans bien des pays africains. Mais, c’est plus fort que certains, comme qui dirait.

Malgré ces limites tracées par le dircom de la Primature, Cyriaque Paré, des journalistes n’ont pu résister à la tenace curiosité de transgresser la règle du jeu pour s’informer sur les répercussions de certains soubresauts de l’histoire, comme la crise ivoirienne ou tunisienne dans le vécu des Burkinabé.

Et puisque « c’est l’exception qui confirme la règle », a-t-on coutume de dire sous nos cieux, concernant les effets de la situation actuelle de la Côte d’Ivoire, Tertius Zongo dira qu’ils sont déjà perceptibles sur l’économie nationale : « Il y a des surcoûts sur les produits pétroliers à cause du ralentissement dans le transport ferroviaire… Le manque à gagner pour l’Etat se chiffre déjà à 2,2 milliards de francs CFA ».

Qu’à cela ne tienne, le Budget 2011 sera exécuté sans encombres. « Toutes les dispositions sont prises, les prévisions budgétaires ne seront pas revisées à la baisse ».

Bon augure donc pour l’exécution du quinquennat du président Blaise Compaoré, priorité de l’Exécutif : « La mise en œuvre du Programme du chef de l’Etat, ‘‘Bâtir, ensemble, un Burkina émergent’’, est la philosophie qui a sous-tendu la structuration de cette équipe renforcée et remotivée de même que les objectifs qui lui sont assignés que je voudrais expliciter au cours de la présente rencontre ».

C’est en effet en ces termes que le Premier ministre Tertius Zongo a introduit la conférence de presse qu’il a tenue hier mercredi 19 janvier 2011 dans la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères. Rendez-vous qui a mobilisé une kyrielle de journalistes, l’ensemble des directeurs de médias d’Etat et un nombre impressionnant de directeurs de communication de la presse ministérielle (DCPM).

"Ce n’est pas un ministre de l’article 37"

Premier point des échanges entre le chef du gouvernement et la presse : « le nombre pléthorique », 38, des membres du nouveau gouvernement composé. « Le décret portant rémunération des ministres est public et les salaires des membres du gouvernement sont connus. Et globalement en termes de charges, est-ce qu’un ministre coûte aussi cher par rapport aux objectifs que l’on s’est fixés d’accroissement de la production et d’investissement des personnes ? Tel que le gouvernement a été articulé, nous avons tout fait pour ne pas créer des ministères qui vont entraîner un gonflement de structures et par conséquent un gonflement de charges. Il faut prendre également en compte le fait que les ministres délégués n’ont pas de services propres et donc n’entraînent pas de charges supplémentaires. »

Tertius Zongo a ensuite présenté un mémoire en défense au sujet de la création de nouveaux ministères et du changement de dénomination de certains.

« Les Réformes politiques méritaient-elles vraiment un département dont le titulaire est considéré comme ministre de l’article 37 ? » « Ce n’est pas un ministre de l’article 37. Ceux qui disent cela bloquent les esprits. La pertinence de sa création est tout à fait justifiée. Objectivement, en observant l’évolution du discours du Président du Faso, qui a demandé à la classe politique de faire des propositions pour les réformes, on devrait s’étonner si ce ministère n’existait pas. Certes, le MATD, dans ses attributions pouvait s’en occuper mais lorsqu’on voit ce que les réformes politiques impliquent comme dialogue, comme concertation, on doit convenir de la pertinence de la création de ce ministère ». Fort bien. On attend de voir, en fin de compte, de quoi accoucheront ces fameuses réformes tant demandées par le chef de l’Etat.

Quant au département chargé du Cabinet présidentiel, il répond, foi du conférencier, à un souci de coordination entre le gouvernement et le cabinet du Président du Faso en impliquant directement le directeur de Cabinet qui avait déjà rang de ministre puisqu’il participait au Conseil des ministres. La Communication, devenue un ministère à part entière, répond, quant à elle, à des exigences « d’anticipation et de pro-activité ».

« Depuis longtemps, les médias publics sont la portion congrue alors que la presse privée est en expansion. Aussi, Il faut se préparer pour 2015, année du passage au numérique ».

La création d’un portefeuille de la Recherche scientifique et de l’Innovation ? Chacun devrait s’en réjouir et « applaudir » son avènement. « L’innovation est la base de l’émergence et désormais, les autorités en charge de la Recherche disposeront de plus de marge de manœuvre ».

Si le maroquin de l’Industrie vise à mettre l’accent sur la transformation de la production nationale, le rajout de la dénomination « Promotion de l’Initiative Privée » a pour but « de contribuer à un changement de comportement en matière d’initiative privée et de donner la chance de réussir à tous ceux qui ont de l’initiative ».

« Réforme de l’administration », « Education nationale », et « Développement durable » sont autant de nouvelles terminologies qui viseraient à apporter un plus en termes de valeur ajoutée à ce qui a déjà été fait.

Au sujet de son autorité au sein de l’équipe gouvernementale, Tertius Zongo n’y est pas allé par quatre chemins pour montrer qu’il n’y a pas deux capitaines dans un bateau : « Je suis responsable de la conduite du gouvernement et de ses résultats. L’autorité, c’est mettre chacun à sa place. Un ministre peut être fort quelque part, mais c’est moi qui fais leur évaluation à la fin de l’année. Je ne tiens pas compte de la force individuelle de chacun ».

Au sujet des ministres qui n’ont pas été reconduits, le chef du gouvernement écarte toute idée de sanction. Ainsi, par exemple, le départ de Clément Sawadogo de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD) n’est aucunement lié à une quelconque insuffisance de résultats.

Bien au contraire : « Il faut le féliciter. Alors que le gouvernement était dissous, il a continué à travailler. Il a bien servi la nation, et il continuera de le faire là où il sera ».

« Je suis là ! Je ne suis parti nulle part ! »

« Mais pourquoi avoir rappelé quelqu’un qui avait démissionné du gouvernement » ? Il n’a pas fallu plus pour que chacun comprenne que la question porte sur le retour de Jérôme Bougouma, naguère ministre du Travail et de la Sécurité sociale, aujourd’hui titulaire du portefeuille de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.

A l’origine de ce come-back, un acte de rémission. « Le ministre Bougouma est un bon technicien et tout le monde le reconnaît. Il a eu quelques problèmes qui ont bien fait vendre bon nombre de journaux. Mais il a eu le courage de se repentir et a démissionné. A partir du moment où il y a repentance, où il y a remords, on doit pardonner. Que ce soit dans les religions révélées, ou dans nos coutumes et traditions, quelqu’un qui reconnaît sa faute et se repent, a droit au pardon. M. Bougouma revient parce qu’il a fait exactement ce que la mémoire collective exigeait de lui. Même après son départ, il s’est toujours mis au service de la Nation. Vous voulez quel meilleur exemple ? Je ne suis pas Dieu et s’il arrive que je me trompe, je voudrais qu’il me pardonne et qu’on me pardonne ». Souveraine indulgence d’un chef, ou acte de charité chrétienne ?

Sur les rumeurs qui faisaient état de son possible départ notamment pour cordonner le MCA Afrique de l’Ouest, Tertius Zongo donne une leçon de vie : « Je suis là ! Je ne suis parti nulle part ! La vie est faite de lois naturelles et l’une d’elles est d’arriver et de partir, de naître et de mourir. Cette loi s’applique à tous les niveaux de la vie. L’essentiel est que quand on quitte on aille quelque part. Au MCA, paysan dans une brousse profonde, ou enseignant, il y aura toujours un nouveau départ pour moi. »

« Responsable de la conduite de l’action gouvernementale, le PM estime-t-il avoir connu des échecs » ? Question que le conférencier a gardé pour la fin de la rencontre. « Echouer, c’est un bien grand mot, je parlerais plutôt de grande insatisfaction liée au manque de courage d’assumer sa responsabilité que l’on constate toujours chez certains responsables. Un DG n’est pas un gamin à qui l’on doit attraper la main pour l’aider à traverser une route ».

Alain St Robespierre & Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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