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DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DE TERTIUS ZONGO : L’ombre de Justin Zongo a plané sur l’hémicycle

Publié le vendredi 18 mars 2011 à 02h04min

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2h 17 minutes ! C’est le temps mis par le Premier ministre pour délivrer sa déclaration de politique générale ce 17 mars 2011 devant un hémicycle presqu’au grand complet. Les 100 députés physiquement présents, sur un total de 111, ont écouté attentivement ce grand oral marqué par une longue introduction sur la situation nationale consécutive aux troubles liés à la mort de l’élève Justin Zongo et une esquisse des chantiers « pour un Burkina émergent ».

Le Premier ministre s’est livré à un exercice dont il a l’habitude. C’est le troisième de sa carrière depuis sa nomination à la tête du gouvernement en juin 2007. Mais cette fois, le contexte était particulier. Comment parler des chantiers d’un Burkina émergent alors que le pays est plongé dans des manifestations de rue, suite à la mort de l’élève Justin Zongo à Koudougou ? Tertius Zongo a mis les pieds dans le plat. Rappelant les faits et l’origine de la colère des scolaires, il a pris une distance nécessaire pour dire ceci : « Dans un tel contexte, son décès deux mois plus tard des suites de sévices subis ou simplement de maladie, donc de causes controversées, ne pouvait que susciter la colère et l’indignation. »

Si le Premier ministre comprend la colère des manifestants, partage la douleur des familles éplorées (il y a eu en tout 6 morts en mémoire desquels, il a demandé une minute de silence), en tant que chef de gouvernement, il a rappelé les actions en cours pour faire toute la lumière sur les événements de Koudougou.

Rechercher la vérité dans l’apaisement

On a senti dans son discours comme une volonté de rupture dans le traitement de dossiers similaires : « C’était un premier message clair aux fonctionnaires et autorités de l’Etat que nul ne saurait être considéré comme au-dessus des lois de la République." C’est dans cette logique qu’il a condamné les violences et surtout les destructions de biens publics qui ont émaillé les manifestations de colère. « Certains ont transformé les manifestations pacifiques de désapprobation des bavures successives en actes de vandalisme et de destructions de biens publics et privés, délégitimant, de ce fait, leur indignation », a-t-il lancé.

Pour le chef du gouvernement, on ne saurait rechercher la vérité dans l’anarchie : « Nous devons rechercher cette vérité dans l’apaisement. » Les événements de ces derniers jours, il les considère comme « révélateurs » de problèmes de fond qui « concernent aussi bien le fonctionnement des services de l’Etat, y compris ceux du maintien de l’ordre, que les relations entre citoyens et le système judiciaire, le développement politique et économique de notre pays, l’offre d’opportunités éducatives et d’emplois par notre jeunesse, notre conception de la liberté et le comportement citoyen pour la protéger et l’approfondir ».

Ce constat a marqué la transition pour présenter aux députés les grandes lignes de l’action gouvernementale qui va consister à la mise en œuvre du programme présidentiel pour un "Burkina émergent" sur la période 2011-2015. Tertius Zongo a rappelé la bonne tenue de l’économie burkinabè dans un contexte de tension inflationniste. Mais à l’orée de ce nouveau mandat à lui confié, le pays se trouve confronté à plusieurs défis dont, entre autres, celui de la lutte contre la corruption, le renforcement des capacités humaines et institutionnelles et le défi de la lutte contre la pauvreté.

S’appuyant sur la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), le Premier ministre a énuméré les domaines prioritaires d’investissement : le renforcement du système sanitaire et éducatif, la formation professionnelle, la jeunesse, la solidarité nationale, la protection sociale et le développement de l’intelligence économique. L’objectif, à terme, est d’atteindre un taux de croissance annuelle moyen de 10% . Le financement à mobiliser sur cette période est de 7 496,2 milliards de francs CFA pour la mise en œuvre des projets et programmes.

Le coût global des investissements, selon le Premier ministre, s’élève à 4 238,5 milliards de F CFA, soit 56% du financement requis. Le Premier ministre assure que cette stratégie de croissance sera financée à hauteur de 63,3% par des ressources propres.


Quelques élus apprécient...

Aline Koala, élue CDP : "J’ai apprécié le caractère exhaustif du discours"

"C’est un discours que je qualifie de républicain, car nous venons de sortir d’une élection présidentielle avec un chef de l’Etat qui a un programme et a investi un Premier ministre catalyseur de la mise en oeuvre de ce programme. Alors, c’est un exercice crucial devant l’Assemblée nationale qui a l’obligation d’accompagner le gouvernement et de contrôler la mise en oeuvre dudit programme quinquennal du chef de l’Etat. Avec le temps, nous allons suivre l’exécution du programme. Ce discours est aussi important pour l’opinion publique mais surtout c’est un guide. Personnellement, j’ai apprécié le caractère exhaustif du discours et aussi l’accent qui est mis sur les ressources humaines et les stratégies de mobilisation."

Hama Arba Diallo, élu PSD/Opposition : "Je me demande si nous ne sommes pas dans deux mondes différents"

"Tout ce qu’il nous a cité comme ambition légitime pour un pays comme le Burkina Faso, cela suppose qu’il a à sa disposition ou qu’il peut compter sur l’intérêt, la mobilisation de notre peuple pour accompagner et soutenir de telles actions. Je me demande si nous ne sommes pas dans deux mondes différents : le monde des ambitions de la part d’un Premier ministre qui est très honnête et celui de la réalité. Il a disserté sur ce qu’il va faire et nous nous l’avons écouté. Moi, je vais partir tout de suite à Dori ; qu’est-ce que je vais dire à la population de Dori ? Que la vie est belle ? Que tout ira pour le mieux ? Quand et comment ? Personne ne le sait.

Il faudra en tout cas que les uns et les autres se donnent pour que l’on sorte de la crise dans laquelle notre pays est plongé et sur toute l’étendue du territoire. Les jeunes sont au front actuellement et vivent des angoisses et des peines. Je ne suis ni jeune ni élève mais leurs angoisses, je les partage également. J’estime que les élèves et les jeunes attendent qu’on leur dise : asseyons-nous et trouvons ensemble une solution."

Nestor Bassière, président du groupe parlementaire ADJ : "Nous pensons que pour une fois un dossier en justice pourra aboutir."

"Il a, dans sa dernière partie, décliné ce qu’il fera. C’est un programme et nous pensons ce qui a été dit pourra être fait pour le bonheur des Burkinabè. Mais nous, en tant que députés, je pense que nous aurons l’occasion de l’interpeller. Sur l’affaire Justin Zongo, il fait le point sur ce qui est fait. Nous pensons que pour une fois, un dossier en justice pourra aboutir."

Laurent Bado, élu non inscrit : "Je ne peux rien dire."

"Ecoutez, je ne peux rien dire. Quand c’est tellement long, je ne suis pas un robot, je ne peux pas tout résumer. Si j’avais reçu le discours avant, oui, mais là, je ne peux rien dire. Il fait 1h 40mn, c’est long."

Me Bénéwendé Sankara, Chef de file de l’opposition politique burkinabè : "C’est un rituel"

"C’est un rituel, c’est l’article 109 de la Constitution. Ce discours, je l’ai déjà entendu en novembre 2010 et en tant que membre de l’opposition, nous allons suivre la mise en oeuvre et comme le maçon au pied du mur, on appréciera."

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 mars 2011 à 04:49, par Wilfried En réponse à : DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DE TERTIUS ZONGO : L’ombre de Justin Zongo a plané sur l’hémicycle

    Felicitation Mr le 1er ministre. Mais Comme Maitre Benewende l’a dit nous avons entendu ce discours deja. Vous avez l’art du parler mais pas pour agir ! Dommage !Tout ce que je veux savoir c’est si il y’a eu des accuses dans l’assasina de l’innocent Justin le simple limosage du gouverneur et Directeur ne sont pas suffisant. Nous voulons du concret, on veux savoir ce qui on mal traite l’enfant.

  • Le 18 mars 2011 à 06:35, par Le membre de la sociète civile H Y I En réponse à : DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DE TERTIUS ZONGO : L’ombre de Justin Zongo a plané sur l’hémicycle

    Mon exelence Mr le PM, personnellement beaucoup de burkinabé trouvent satisfaction de votre compassion au peuple, votre engagement, votre crédibilité. Moi, je vous souhaite courage. Je vous demande de rester ferme, corriger, remplasser, sanctionner...tous ceux là qui n’ont pas soucis pour notre chèr Burkina. Votre entourage font aujourd’hui que nous avons perdu confiance à notre président et son gouvernement. Surtout la justice, où mon père a un dossier deuis 2009 pour une affaire de terrain entre notre famille ILBOUDO et la Famille NIKIEMA dont le problème est de 2005 est sans suite. Le préfet, le Haut commissaire et autres ont néglisé l’affaire à son temps. Mon vieux, parmi les premiers membre de l’ODPMT, CDP, regrette d’avoir soutenir un pouvoir qui décline sa responsabilité où les dossiers dorment dans les tirroires et qui peuvent provoquer des frustations. Vous avez parlé, nous attentons le respect de ce discous.

  • Le 18 mars 2011 à 08:58, par Kôrô Yamyélé En réponse à : DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DE TERTIUS ZONGO : L’ombre de Justin Zongo a plané sur l’hémicycle

    Bonjour chers internautes.

    J’ai suivi hier nuit, étant dans mon village et dans mon exploitation, une émission de la RTB, Eco-Finance, où le ministre de l’Agriculture entouré de son staff et du Ministre des Finances, répondaient aux questions.

    J’aurai aimé donné des réponses plus précises à beaucoup de questions posées et dont les répondants n’ont pas suffisamment clarifié, par exemple concernant le foncier.

    Mais je vais me limiter à une seule : la question posée par quelqu’un et ayant trait au partenariat entre le MAHRH et les collectivités territoriales, et je crois que la personne vient de l’ENAM ou de la société civile.

    Aucun n’a donné une réponse ! Seul le ministre des Finances a tenté une réponse en parlant vaguement des objectifs qui seront bientôt mis en œuvre ! Messieurs les ‘’spécialistes du dimanche’’, moi je vais proposer une réponse à l’auteur de cette question. Je vais répondre brièvement à votre place, puisque vous avez tous été incapables de donner une réponse claire au monsieur :

    - En fait le MAHRH avec ses services déconcentrés, travaille dans l’espace territorial des collectivités que sont les communes. Partant de ce fait, il est essentiel et normal que les Plans Communaux de Développement (PCD) prennent en compte le secteur de l’agriculture en vue de le décliner dans les Plans d’Investissements Communaux. Mais quels sont les projets normalement qui puissent être concernés ? La commune doit agir ici comme soutien à la production. Dans ce cas, elle doit cibler les projets qui créent les conditions cadres d’un meilleur exercice de la profession agricole, qui elle aura des facteurs favorables pour créer des richesses, des emplois et lutter contre la pauvreté. C’est le souci d’ailleurs de la SCADD que vous n’avez pas fini de citer dans votre émission. Ces projets qui créent les conditions cadres sont simples : par exemple, une commune peut prendre sur elle d’aménager un bas-fond et de louer les parcelles de culture aux paysans qui payent ensuite des redevances à la commune. Elle peut construire un marché de légumes et fruits et de le louer aux marchands de légumes et fruits qui payent des frais de location. Ainsi les communes permettent aux citoyens de s’enrichir et de pouvoir payer ensuite les taxes qui permettent aux communes de fonctionner. Dans certaines communes, ce type de travail se fait, mais les gens ne savent tout simplement pas que c’est un partenariat de ce type.

    Voilà monsieur, une vraie réponse à votre question que tout ce staff de crâneur a évité soigneusement.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 18 mars 2011 à 11:53 En réponse à : DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DE TERTIUS ZONGO : L’ombre de Justin Zongo a plané sur l’hémicycle

    Monsieur le Premier minstre tout ce que vous dite est bien beau mais ne pensez vous pas que pour une fois il faut la justice prenne ces responsabilités et faire aboutir ce dossier et que votre gouvernement communique plus avec tout le monde que fuire le face à face ? Pour ma part je crois que ce sont vos responsables politique ( vos élus locaux)qui sont incompétent et vomi de la population

  • Le 18 mars 2011 à 13:07, par Conscience En réponse à : DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DE TERTIUS ZONGO : L’ombre de Justin Zongo a plané sur l’hémicycle

    Je suggère que le PM, le PF ou le gouvernement pense à purifier notre Faso de tout ce qui est arrivé de malheur sur notre cher Faso depuis un certain temps (15 oct 87, 27 oct 87, 13 dec 98 et d’autres situations malheureuses de mort d’hommes, d’atrocités, etc.).
    Il nous faut des sacrefices du côté des coutumiers, des prières du côtés des religieux, etc. On aurait dû faire cela pour accompagner la journée du pardon en mars 2001. Ce sont ces malheurs qui nous suivent jusqu’aujourd’hui. Dieu et les ancètres ne sont pas dutout contents pour tout ce qui est arrivé au Faso depuis un certain temps. Nous devrons implorer leur pardon et nous pardonner mutuellement aussi dans la sincérité et la paix du coeur. Sinon notre cher Faso va connaitre de pires situations encore à l’avenir. Cela a déjâ commencé avec le 1er sept 2009, des morts d’hommes qui continuent, la paix sociale menacée à tout moment pour un pauvre pays comme le nôtre. Que Dieu et les Ancêtres bénissent le Faso et ses Habitants !

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