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Nouveau gouvernement : Tertius Zongo explique

Publié le mercredi 19 janvier 2011 à 23h47min

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Trois jours après la formation du nouveau gouvernement, le premier ministre Tertius Zongo a tenu à expliquer, à travers une conférence de presse, les raisons de la hausse de l’équipe, les changements de dénomination de certains départements et les défis à relever. Il était entouré du ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, du secrétaire général du gouvernement et du ministre délégué auprès du Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Chargé de la Coopération régionale. « Le temps presse et il faut passer à l’action » a-t-il laissé entendre.

L’ardeur au travail, le refus du découragement et l’éthique du courage et du sacrifice des compatriotes les plus démunis constituent, avec sa foi en Dieu, la viatique du chef du gouvernement. « C’est l’ingrédient secret qui me motive chaque matin et me permet d’affronter chaque journée avec un enthousiasme constant et un optimisme raisonné et justifié » précise Tertius Zongo dans sa déclaration liminaire. « Le temps presse et nous devons passer à la vitesse supérieure », ajoute-t-il. Car la franchise impose de ne pas trop se satisfaire des progrès réalisés durant la décennie écoulée. Le recul de la pauvreté ne sera une réalité que dans 35 ans avec la croissance démocratique et la croissance du PIB actuel. « C’est inacceptable », martèle celui qui dirige l’équipe gouvernementale depuis juin 2007. « J’ai instruits mes collaborateurs de retrousser les manches pour prendre à bras-le-corps les difficultés qui se posent à notre pays », précise-t-il.

La phase de questions réponses a permis à M Tertius Zongo d’expliquer ses choix de l’équipe postélectorale. Le passage de 34 à 38 ministres répond à des exigences de structuration et d’efficacité pour l’atteinte des objectifs fixés, et les coûts engendrés seraient, d’après lui minimes par rapport aux résultats attendus.

Les deux nouveaux ministères rattachés à la présidence en charge des réformes institutionnelles et du cabinet présidentiel n’entrainent pas de dépenses exorbitantes. Pas de gonflement de structures, donc pas de gonflement de charge de l’Etat. Mais leur création répond à une question de pragmatisme et d’efficacité. Car, ce gouvernement est censé être un gouvernement de résultats, seule façon réaliser le rêve de l’émergence.
2011 étant annoncée comme une année de reformes, la création du ministère en charge des reformes s’imposait. « Seul quelqu’un qui n’est pas honnête devait être étonné de voir la naissance de ce ministère », estime le premier ministre. Mais, il sera constitué d’une équipe restreinte, pas de DAF ni de DEP et autres directions budgétivores, assure-t-il.
Quant au ministère chargé du cabinet présidentiel, rien ne change en termes de charges sauf qu’il voit son volume de travail s’accroître. Le directeur du cabinet du président du Faso avait déjà rang de ministre dans le traitement et il sera désormais tenu de participer au conseil des ministres et faire le compte rendu aux conseillers et autres cadres de la présidence.

Le ministère de la communication répond à une logique de mieux s’occuper de la communication gouvernementale et de préparer les médias au passage du numérique d’ici à 2015. Greffer cette tâche à la culture et au tourisme risquait de laisser un goût d’inachevé car, il serait difficile pour un seul ministre d’être sur tous les fronts, a laissé entendre Tertius Zongo.

4e et dernier nouveau ministère qui vient de voir le jour : le ministère de la recherche scientifique et de l’innovation. Il constitue une des réponses au défi de l’émergence. Il permettra mieux encadrer la recherche et de vulgariser les résultats. Du coup, il allège la tâche du ministère des enseignements secondaires et supérieurs qui pourra mieux s’occuper de la réforme en cours. Le nombre de candidats au BEPC double cette année. Il en sera ainsi dans quatre ans pour le BAC. Le ministre serait confronté à la question de la priorisation de l’enseignement et de la recherche. Scinder ces deux ministères permettrait de produire plus de résultats.

Pas de nouvelle femme dans ce gouvernement, la question était inévitable. Les consultations n’ont pas permis de trouver la perle rare au moment où on parle de quota genre. Ce n’est peut-être pas si mauvais car il ne faut pas favoriser la complaisance. Tertius Zongo a dit tout son regret de ne pas voir le nombre de femmes s’augmenter. « Si Dieu nous donne l’occasion de former un autre gouvernement, on essaiera d’y penser », assure-t-il.

Il a aussi expliqué les changements de dénomination de certains ministères.

« Nous sommes conscients des insuffisances, accompagnez-nous avec des critiques constructives », conclut-il en s’adressant aux journalistes venus nombreux couvrir la conférence de presse qui a duré près de deux heures.

La présence de Jérôme Bougouma au gouvernement quelques mois après sa démission suite à une affaire de mœurs intriguait bien de journalistes qui ne percevaient pas très bien la pertinence de son rapide retour à la tête d’un ministère. A partir du moment où il a fait repentance en démissionnant de son plein gré, toutes les religions révélées et nos coutumes prescrivent le pardon pour le fautif. Loin d’être une prime au vice, il faut comprendre sa nomination comme un pardon pour une faute que l’intéressé lui-même a reconnue et payée, a expliqué en substance Tertius Zongo. Alors qu’il entame la mise en œuvre d’une nouvelle feuille de route, le premier se veut serein, estimant n’avoir pas enregistré d’échec dans l’action passée, mais plutôt des insatisfactions, dues essentiellement au manque de courage de certains responsables d’assumer leurs responsabilités en refusant de lier leur noms aux réformes qui dérangent, mais qui sont indispensables.
Avis aux ministres solitaires !

Moussa Diallo et Joachim Vokouma

Lefaso.net

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