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Procès du putsch du CND : « Aller conduire quelqu’un et cela devient 25 ans de prison ferme ? », s’interroge le Soldat Samuel Coulibaly

Publié le jeudi 4 juillet 2019 à 00h46min

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Procès du putsch du CND : « Aller conduire quelqu’un et cela devient 25 ans de prison ferme ? », s’interroge le Soldat Samuel Coulibaly

Les plaidoiries des avocats se sont poursuivies devant le tribunal militaire ce mercredi 3 juillet 2019. Neuf accusés ont pu prendre la parole à la suite de leurs défenses pour réaffirmer leur innocence.

Tout comme ses confrères, Me Maria Kanyili a plaidé la cause du Colonel Omer Bationo et du soldat Samuel Coulibaly. Pour ce dernier le parquet a requis 25 ans de prison ferme pour les faits de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, dégradation volontaire aggravée de biens. Pour l’avocate, son client qui était en permission à Nouna (pour cause de maladie de son enfant) n’est revenu dans la capitale que dans l’après-midi du 17 septembre 2015. Il a directement rejoint son poste de garde à la Présidence du Faso. C’est ainsi que le lendemain 18 septembre 2015, le Sergent-chef Ali Sanou de passage lui demande de le conduire.

Cliquez ici pour lire aussi Procès du putsch du CND : Me Paul Kéré stoppé dans ses envolées lyriques

Le soldat demande à son interlocuteur de voir son chef de poste, le Sergent-chef Lamoussa Badoum. Il est donc autorisé par ce dernier à conduire le Chef Ali. C’est donc au volant du véhicule qu’ils se sont rendu à Zorgho. Selon le récit du soldat, il est resté dans le véhicule et ne sait pas ce qui s’est passé, jusqu’à ce qu’on lui dise de reprendre la route de Ouagadougou.

Pour Me Kanyili son client n’a rien vu, il n’a rien fait. Par conséquent, conduire quelqu’un ne peut être considéré comme une infraction. « Nul n’a le droit de travestir les faits », a-t-elle lancé. Elle n’a pas manqué d’accabler le parquet militaire qui ne dispose d’aucune preuve matérielle, à l’en croire, pour condamner son client.

Le soldat de l’ex-RSP Samuel Coulibaly n’a pas manqué de montrer sa déception quant aux réquisitions du parquet militaire le concernant. « Ce jour-là, lorsque je suis rentré à la maison, j’ai pleuré. Moi un soldat de 1ère classe, au milieu de deux chefs, qu’est-ce que je peux faire. Aller conduire quelqu’un et cela devient 25 ans de prison ferme ? Je vais aller dormir pendant 25 ans en prison », a-t-il souligné avec désespoir. Il a souhaité que Dieu touche le cœur du président du tribunal pour qu’il le déclare non coupable lorsqu’il rendra son jugement.

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Me Pascal Ouédraogo quant à lui a plaidé la cause du Sergent Salif Coulidiaty et le Caporal Pascal Mounkoro. Des faits, il ressort que le Caporal Mounkoro (poursuivi pour complicité d’attentat à la sureté de l’Etat…) était au mauvais endroit au mauvais moment. Le 16 septembre 2015, il était de passage au palais présidentiel pour laver sa moto.

C’est ainsi qu’il fut intercepté dans le hall par le major Badiel Eloi entouré d’autres frères d’armes. En tenue de sport, on lui trouve rapidement une tenue et même une arme. C’est ainsi qu’on lui ordonne de suivre le Sergent-chef Ali Sanou pour aller désarmer la garde rapprochée des autorités de la transition à la présidence du Faso.

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A la suite de la plaidoirie de son avocat et homonyme qui a demandé sa relaxe pure et simple, le Caporal s’est exprimé en ces termes : « Je suis comme un moustique qui est tombé dans les filets d’une araignée ». Ce qui a suscité des éclats de rire dans la salle d’audience.

Pour lui, son seul malheur a été de se rendre en ce lieu précis à cette heure de la journée pour laver sa moto. « Cette moto là même, monsieur le président, je l’ai vendue », a-t-il lancé. Laquelle moto est perçue comme la source de son malheur. L’accusé a dit ne pas connaitre la procédure pour faire un coup d’Etat donc il ne peut que demander la clémence du tribunal.

Marcus Kouaman
(kmagju@gmail.com)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 4 juillet 2019 à 09:54, par cil En réponse à : Procès du putsch du CND : « Aller conduire quelqu’un et cela devient 25 ans de prison ferme ? », s’interroge le Soldat Samuel Coulibaly

    Mon chère Coulibaly, c’est toujours le plus faible qui recolte les pots cassés. Sinon tout le monde sait que dans l’armée l’ordre hiérachique est forcément exécuté. toi subalterne doit exécuté l’ordre du chef. Mais quand ça chauffe, on connait la suite. C’est comme le cas de l’Adjudant SIMDE dans l’affaire David OUEDRAOGO. Tout le monde sait que SIMDE a reçu l’ordre de la hiérarchie pour faire un tel travail. Mais quand c’est devenu chaud, quelqu’un a dit que lui il était en voyage au moment des faits. C’est comme un ordre on ne peut pas le donner avant d’aller en voyage, ou encore par tél, on ne peut pas le donner. Mais comme c’est de l’oral. Mais tout le monde comprend que dans l’armée c’est des ordres. On sait qu’on lui a ôté la vie parce qu’ils sont plus forts. Mais il y a de plus fort qu’eux. Dieu ! Dieu ! Dieu. Trop ou tard, chacun est appelé à mourir un jour. D’autres même sont déjà demi mort. Si tu a vraiment fait la mission dans le sens hiérarchique sans aucune autre intention, Dieu va apaiser les cœurs des juges et il vont dimunier ta peine ou bien même te gracier. Que Dieu nous protège tous et surtout nos juges qui ont des gros poissons devant eux. Amen.

  • Le 4 juillet 2019 à 10:27, par Le réaliste En réponse à : Procès du putsch du CND : « Aller conduire quelqu’un et cela devient 25 ans de prison ferme ? », s’interroge le Soldat Samuel Coulibaly

    Il n’y a pas un vrai complice et coauteur que toi et les 25 ans requis par le parquet est même peu. En effet, Si SANOU Ali est sa bande d’indisciplinés dont toi, n’avaient pas eu de conducteur, la radio laffi de Zorgho n’allait pas être détruite. Le Coup d’Etat a été fait au moment où tu étais en permission et Dieu t’avait ainsi épargné des hostilités. Tu décides de ton propre gré d’écrouter ta permission pour rejoindre les insoumis à l’appel de tes chefs rebelles. On t’appelle à l’improviste de te rendre à Zorgho sans ordre de mission. On charge des roquettes et autres armes dont tu connais la nuisance. Arrivée à Zorgho, tu n’es pas aller viser un ordre de mission. Tu n’as pas dénoncé la destruction de la radio à ton retour si tu n’étais pas d’avis. Il n’y a pas meilleur délinquant que toit.

  • Le 4 juillet 2019 à 10:31, par sibnaba En réponse à : Procès du putsch du CND : « Aller conduire quelqu’un et cela devient 25 ans de prison ferme ? », s’interroge le Soldat Samuel Coulibaly

    Mon cher soldat Coulibaly ; c’est très facile de dire que tu n’as rien vu ni rien fait. Même les Généraux putschistes disent qu’ils n’ont rien fait dans ce coup d’Etat et pourtant d’innocents citoyens ont été tués cadeau devant leur domicile ou en pleine rue de Ouagadougou. Je suis sur que si ce coup d’Etat foireux avait réussi, tu réclamerais un poste de ministre pour ton parent ou ami car tu as pris part à la réussite du coup d’Etat. Il s’agit ici d’une responsabilité collective et tu as bel et bien participer à cette action de coup d’Etat. Le Président du tribunal n’y peut rien en te déclarant non coupable au risque de subir lui aussi la furia des innocents défunts arrachés horriblement à leurs parents et enfants. Il faut simplement assumer et conseiller les autres parents pour l’exécution d’ordre visiblement illégal car même dans l’armée ce type de refus d’exécuter existe bien. Enfin, saches mon cher soldat Coulibaly que le parquet militaire dans sa réquisition a été très clément au vu des dégâts causés par votre milice dite RSP qui a causé la mort gratuite de plusieurs Burkinabé morts sans savoir encore qui a ordonner de les tuer cadeau. Mémé des Généraux refusent d’assumer ce coup d’Etat qualifié de "plus bête du monde."A bon entendeur, salut.

  • Le 4 juillet 2019 à 11:26, par LE PEUPLE En réponse à : Procès du putsch du CND : « Aller conduire quelqu’un et cela devient 25 ans de prison ferme ? », s’interroge le Soldat Samuel Coulibaly

    Conduire quelqu’un peut bien donner 25 ans de prison. Un meurtrier te sort de ton sommeil de le conduire. Tu l’amènes à son lieu de crime, il commet le meurtre et tu le ramènes tranquillement chez lui sans aviser la police ou la gendarmerie jusqu’à ce les enquêtes mettent la main sur le meurtrier et toi. Vous êtes punis au minimum de la même peine. Ce quelqu’un que tu as conduit se trouve être au cœur d’une vaste conspiration contre l’Etat burkinabè et qui conduit à la grande déstabilisation du pays et à des pertes en vies humaines. Qu’attends-tu en retour ? une décoration ? Soyons sérieux. Le parquet a même été très clément pour les 25 ans seulement.

  • Le 5 juillet 2019 à 12:58, par caca En réponse à : Procès du putsch du CND : « Aller conduire quelqu’un et cela devient 25 ans de prison ferme ? », s’interroge le Soldat Samuel Coulibaly

    J’ai un petit conseil pour les accusés du putsch manqué. Je sais que certains d’entre vous seront condamnés de lourdes peines. Vous devez dès présent préparer votre esprit à vivre dignement cette peine comme la conséquence de vos propres choix. Personne ne vous a trompé dans cette aventure. Heureusement pour vous et le conseil que moi, Caca vous adresse.
    Je voudrais vous dire que la morale épicurienne est une morale qui fait du plaisir le seul bien, et de la douleur le seul mal. Pour atteindre le bonheur (l’ataraxie), l’épicurien suit les règles du quadruple remède, appelé le Tetrapharmakos :

    les dieux ne sont pas à craindre ;
    la mort n’est pas à craindre ;
    la douleur est facile à supprimer ;
    le bonheur est facile à atteindre.

    Je souhaite que vous appliquez ces quatre règles dans votre nouvelle carrière en prison, et vous verrez que la punition passera vite. Votre Caca à votre service !

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