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<I> Une Lettre pour Laye</I> : De nouveaux éléments pour Wens

Publié le vendredi 17 décembre 2004 à 07h15min

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Cher Wambi,

Il y a de nouveaux éléments, pour ne pas dire des détails, dans l’affaire Norbert Zongo. Dans son numéro spécial paru le 14 décembre, soit le lendemain de la commémoration par le "Pays réel" du sixième anniversaire de l’assassinat de son directeur de publication et de ses trois compagnons d’infortune, l’hebdomadaire burkinabè l’Indépendant a, en effet, prêté main forte au juge d’instruction, Wencelas Ilboudo, en servant à ses lecteurs "de nouvelles révélations". Des révélations, qu’en retenir cher cousin ?

Le plat de résistance du dossier est le même qu’avait servi à l’opinion nationale et internationale la Commission d’enquête indépendante (CEI) créée par décret présidentiel aux lendemains du drame de Sapouy. Les acteurs pour ne pas dire les vedettes, sont aussi les mêmes. Faits nouveaux apportés au dossier : La tentative d’empoisonnement de Kaya. En son temps, la Commission d’enquête indépendante, si j’ai bonne mémoire, n’avait trouvé aucun lien entre la tentative d’empoisonnement et l’assassinat de Norbert Zongo le 13 décembre 98, soit quelque un mois plus tard. Tout au plus avait-elle parlé d’intoxication alimentaire.

Mais six ans après, L’Indépendant rapporte que ladite tentative d’empoisonnement serait l’œuvre de Wampasba Nacoulma et de feu Edmond Koama, et que le poison aurait été remis par un vieux du Boulkiemdé, spécialiste en sciences occultes. Le poison n’avait fait qu’intoxiquer tous ceux qui avaient partagé le repas avec Norbert, et ce dernier plus sérieusement que les autres.

Face à un tel échec, la décision fut prise d’utiliser la méthode employée le 13 décembre 98 à Sapouy. L’épisode Casimir Kaboré. Comme l’Indépendant le dit si bien, le lieutenant Casimir Kaboré était un inconditionnel du président Blaise Compaoré. Les deux hommes étaient des amis d’enfance, ils le sont restés jusqu’à la mort inexpliquée du lieutenant Casimir Kaboré. Serait-il une victime de l’affaire Norbert Zongo ?

Toujours selon l’Indépendant, c’est lui qui aurait donné tous les détails de l’affaire à Blaise Compaoré. "Pendant que Marcel Kafando, le seul inculpé à ce jour, cherchait encore à cacher la vérité, Casimir, l’homme de confiance du président, lui avait déjà tout dit. Casimir était rentré un jour chez lui après avoir fait un tour à Ziniaré. Tout à coup, il sentit un malaise et s’écroula.

Le temps de l’amener à l’hôpital Yalgado, il était dans un état comateux. On voulait le passer au scanner, mais ce n’était pas possible puisqu’il était dans le coma. Il ne s’est jamais relevé de cet état. Il aurait seulement eu le temps, avant de tomber dans le coma, de déclarer à sa famille avoir consommé du poisson à Ziniaré, le patelin présidentiel".

Comme pas mal d’autres sources, L’Indépendant souligne que l’assassinat du journaliste Norbert Zongo a surpris Blaise Compaoré. A la lumière de ce numéro spécial de l’Indépendant, cher cousin, je me suis laissé dire que beaucoup de gens pourraient être entendus par le juge d’instruction, qui semblait être en carence d’éléments nouveaux.

Mais combien sont-ils ceux qui accepteraient de se prêter aux questions de Wens, à plus forte raison de confirmer ce qu’ils tiennent pour pure vérité hors du palais de justice ? De sources proches de certaines compétences judiciaires, les plus bavards dans la rue et dans les journaux se sont souvent révélés être les plus muets devant le juge d’instruction.

Alors, cher cousin, connaîtra-t-on jamais la vérité ? Pour ma part, j’estime que c’est l’extrême politisation et l’internationalisation de cette affaire qui la compliquent, même si on peut se demander si ceux qui en tirent profit ont intérêt à ce qu’elle soit élucidée. En tous les cas, Wens la balle est dans ton camp.


Cher cousin, tu voulais savoir où est passé l’édile de la capitale depuis la fin du Sommet de la Francophonie ? Après un séjour dans l’Hexagone, Simon Compaoré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, se serait envolé en début de semaine pour les Etats-Unis d’Amérique. A ce qu’on dit, notre vaillant bourgmestre est allé assister son épouse, qui soutient sa thèse en linguistique cette fin de semaine chez l’Oncle Sam.


Tu l’as certainement appris, la semaine dernière, les pandores se sont signalés par la manière forte du côté de Dapoya, secteur 12 de la capitale, après qu’un des leurs a été poignardé dans la nuit. La suite, on la connaît : dans les environs chacun a eu sa dose de ceinturon, mais celui-là par qui le coup de poignard a été donné resterait introuvable. Après qu’il a été repéré il y a quelques jours dans un village de l’Oubritenga, l’escadron envoyé le cueillir est arrivé sur les lieux avec quinze minutes de retard, et il s’était déjà volatilisé. En tout cas, on promet de remuer ciel et terre pour le retrouver, car, dit-on, il ferait partie d’un clan de poignardeurs professionnels, bien connus à Dapoya et des services de sécurité, qui seraient à leur huitième victime. Les sept premières victimes en ont eu moins de chance que le pandore puisqu’elles ne sont plus de ce monde. Mais pourquoi avoir tant attendu ?


Cher cousin, as-tu eu vent du deuil qui frappe l’Association des promoteurs du "porc au four" ? Wendengoudi Sarré n’est plus ! Si tu n’y es pas, sache que ce n’était autre personne que le célèbre "Gouda", qui officiait depuis des années dans les quartiers saints à Ouagadougou. En tout cas, ils sont peu nombreux les jeunes cadres et les fins gourmets qui ignorent ses talents en gastronomie. J’en connais, cher cousin, qui sont plus frappés par le deuil que les parents et confrères du regretté Gouda, qui a été inhumé mercredi dernier à son domicile au quartier Tanghin, secteur 23. Un précurseur s’en est allé ; c’était en effet un des tout premiers à se lancer dans ce job qui s’est révélé aujourd’hui une mine d’or, une filière porteuse.


Avant que je t’ouvre le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, cher Wambi, rendons-nous à Saaba ce dimanche. Ambiance garantie et pour cause : la tribu des Goungounga reçoit le chef de Gaogo, localité du Zoundwéogo, dont ils sont originaires, le Naaba Kaongo. Au programme des festivités, une messe d’action de grâce en l’église Saint- André de Saaba à partir de 7h 30, suivie d’une procession avec la chorale jusqu’à la résidence Emmaüs, où un rafraîchissement sera servi de 9h 45 à 10 h 00. Ensuite :
- visite de courtoisie au chef de Saaba, en compagnie du chef de Dapoya ;
- plantation d’arbres (fromager, caïlcédrat, baobab) dans la grande famille. Et cerise sur le gâteau, un déjeuner familial à la résidence Emmaüs de 11h30 à 13h. Un entretien avec la famille (rappel historique et actualités) mettra fin à cette visite, qui a pour thème : "Rassembler pour agrandir". Du côté de Kaya, on s’affaire pour la célébration du 10e anniversaire de la couronne de Sanmatenga. A l’occasion, le Naaba Koanga et toute la population du canton de Sanmatenga seraient heureux de vous compter, vous de Laye aussi, parmi leurs invités aux festivités, qui auront lieu les 17, 18 et 19 décembre 2004 à Koanguin/Kaya.


Et maintenant cher cousin :

- Mardi dernier, les enseignants de la circonscription de Ouaga n°1 ont marché sur leur inspection pour manifester leur mécontentement suite aux menaces contre l’un des leurs, en l’occurrence M. Souleymane Sam, menaces proférées par un homme de tenue, l’adjudant-chef Madou Traoré. Contrairement à ce qui a pu être dit ou écrit, ce dernier n’est pas du corps de la gendarmerie. Il serait plutôt de l’Intendance militaire.

- Le ministre délégué chargé des Transports, M. Patrice Nikièma, aurait été évacué en début de semaine dans l’Hexagone pour des problèmes de sciatiques. On ne peut lui souhaiter en cette fin d’année qu’un prompt rétablissement.

- Malgré les dernières contre-performances de notre onze national de football, ils sont nombreux les Etalons qui ont trouvé preneurs dans des écuries occidentales. Le dernier en date s’appelle Hado Brice Gildas Dima, l’héritier légitime du célébrissime Christophe Dima, qui s’envole ce dimanche pour le Portugal, où il évoluera au sein de la formation junior de la Desportivo Beira-Mar à Lisbonne, sur les traces de ... Narcisse Yaméogo. A 18 ans bien sonnés, il promet de se forger de nouvelles armes pour la cause nationale.

- Depuis quelque temps, il y a une forte odeur de pétrole qui pollue l’atmosphère de l’Assemblée nationale. On aurait cru que face aux montées vertigineuses et itératives du prix des hydrocarbures, le Parlement s’était résolu à avoir ses propres cuves ou ses propres pompes, mais de tout cela il n’en est rien. La forte odeur viendrait d’un détournement de bons d’essence d’une valeur cumulée, tenez-vous bien, de 24 millions de nos francs. C’est ce qui se susurre en tout cas dans les couloirs de l’hémicycle. Autant dire qu’avec un tel pipe-line, le ou les responsables de ce forfait ne doivent même pas s’être rendu(s) compte que le prix du jus a encore grimpé, juste avant le Sommet de la Francophonie.

- Toujours au sujet de l’Assemblée, on apprend que les députés sont passés à la caisse en début de semaine pour empocher un million de francs chacun. Une somme qui représenterait une partie des 3 millions dont dispose annuellement chaque élu pour financer de petits projets dans sa circonscription. Et le fait que ça tombe juste avant les fêtes de fin d’année n’y change rien. Honni donc soit celui qui mal y pense.

- On le sait, le président togolais Gnassingbé Eyadéma est un grand amateur de viande sauvage, et il n’hésite pas à en commander de l’extérieur, notamment du Burkina, où la chasse est ouverte depuis quelques semaines. Il aurait ainsi envoyé récemment quelque 3 millions de FCFA pour qu’on lui ramène du phacochère, du kob et de l’antilope du Faso. Bon appétit mon général !

- On a surpris l’autre jour une discussion fort animée dans un hôtel de la place. Les voix s’élevaient, les gestes partaient dans tous les sens. Renseignement pris, il s’agissait d’une histoire de crédit qu’un opérateur économique avait l’habitude de contracter auprès d’une dame quand il était coincé. Et quand il empruntait 3 millions, il devait rembourser 3,8 millions, fût-ce au bout d’une semaine seulement. Une, deux, trois, quatre... fois, les crédits se suivirent jusqu’à ce que le débiteur finisse par être excédé de ces taux usuraires, et "tilte". Et voilà un problème sur fond de menaces de toutes sortes entre deux personnes qui se connaissent pourtant très bien. Argent, quand tu nous tiens !

- L’école régionale de Ouahigouya, créée en 1903, sous le nom d’école primaire indigène, a accueilli ses tout premiers élèves en 1904. Rebaptisée tour à tour "école régionale de Ouahigouya", "école centre de Ouahigouya", elle porte de nos jours le nom d’"école Bimbilin". Centenaire cette année, cette école a contribué à former des milliers de cadres de haut niveau et de toutes compétences. Des enseignants de toutes catégories, des hommes de lettres, de sciences et de droit, des ingénieurs, des pilotes, des infirmiers et des médecins, des chercheurs et techniciens de tout genre commencé leurs études dans cette école.

La commémoration des cent ans de l’école régionale de Ouahigouya aura lieu du vendredi 17 au dimanche 19 décembre 2004 à Ouahigouya, sous le parrainage du général Sangoulé Lamizana, ancien élève de ladite école. Sont sortis également de l’école Bimbilin Gérard Kango Ouédraogo, Bougouraoua Ouédraogo. Au programme de la manifestation, des conférences, des témoignages d’anciens élèves et d’enseignants et une exposition de photos et de cahiers d’élèves de l’époque.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

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