Procès du peuple contre la Françafrique : Le rendez-vous de Ouagadougou a tenu ses promesses
LEFASO.NET | Par Aïssata Laure G. Sidibé
Le samedi 17 novembre 2018, environ 3 000 Burkinabè ont pris d’assaut la Maison du peuple de Ouagadougou, à l’occasion du lancement du procès du peuple contre la Françafrique initié par le président de l’ONG Urgences panafricanistes, Kemi Seba.
Il était 15h20 lorsque le président de l’ONG Urgences panafricanistes (UP) a fait son entrée à la Maison du peuple, à Ouagadougou. Il a été accueilli sous des ovations bien nourries d’une population, composée en majorité de jeunes, sortie nombreuse pour dire « non » à la Françafrique, un instrument de répression monétaire de l’Afrique, comme l’a souligné l’ONG.
Cette cérémonie qui marque le lancement du procès du peuple contre le néocolonialisme est prévue pour se tenir dans tous les pays francophones. Elle a vu la participation du président du Mouvement africain pour la renaissance, Hervé Ouattara ; du secrétaire général du Cadre « deux heures pour Kamita », Serges Bayala ; du Balkuy Naaba et de nombreux autres invités.
A l’occasion, Relwendé Koumtoumbré, Assane Bationo, Vincent Nébié, Karim Ouédraogo et deux filles ont fait des témoignages sur des thématiques axées, entre autres, sur l’exploitation des ressources africaines, les crimes politiques, le franc CFA, les médias de la Françafrique, devant un tribunal présidé par Kemi Seba. Serges Bayala était le procureur de la cour. « La cour condamne sans pitié le néocolonialisme français ». C’est le verdict qu’il a livré à l’issue des différents témoignages.
« Il y a une vraie prise de conscience africaine qui est présente et aucune force exogène, aucune corruption africaine ne nous empêchera de dire ce que nous pensons et d’agir comme nous le devons face à cet impérialisme qui a tué nos parents (pères, mères, frères et sœurs) depuis trop longtemps », a, pour sa part, lancé Kemi Seba. Dans les pays où il est interdit d’accès, notamment la Côte d’ivoire et le Sénégal, il dira que « le peuple s’organisera et le combat se mènera d’une manière ou d’une autre. Le combat aujourd’hui est plus que jamais rallumé et nous allons déguerpir les colons et les traitres africains qui travaillent pour ces derniers ».
Puis d’ajouter que « ça ne dépend pas que de moi. C’est quelque part un esprit beaucoup plus grand qu’une seule personne qui est en train de s’organiser un peu partout. Vous l’avez vu, la salle était remplie ». Le président de l’ONG UP a, en outre, exprimé sa déception face aux agissements de certains médias de la place. « Ils ont tous fait cette semaine pour que la Maison du peuple ne soit pas remplie », a-t-il dit. « Mais le peuple burkinabè s’est réuni massivement pour une cause commune. Et ça sera la même chose pour les pays d’Afrique francophone », a-t-il promis.
Pour Kemi Seba, le fait de les attaquer et d’interdire l’accès de certains pays, est la preuve qu’ils « tapent juste ». « Si nous, nous parlions dans le vent, ils nous laisseraient entrer comme certains chanteurs qui disent qu’ils sont panafricanistes et qui sont sponsorisés par RFI. Nous, notre démarche est claire. Nous sommes diabolisés par l’impérialisme français, nous sommes persécutés par l’impérialisme français parce que nous dérangeons véritablement le système et nous réunissons les masses africaines ; ça les dérangent profondément », a expliqué l’activiste.
En sus, il a précisé qu’il n’est le leader de personne. « Je ne suis qu’un porte-voix. Et si aujourd’hui, on s’est réuni, c’est parce que les ancêtres nous boostent et veillent pour que nous nous relevions contre ce système prédateur ».
Tous les pays d’Afrique francophone auront connu des procès populaires d’ici mars. « A la fin de toutes ces audiences, une sanction commune et collective sera établie par le peuple, pour le peuple, contre l’impérialiste français et les traitres africains qui collaborent au quotidien avec ce néocolonialisme. Je fais le serment, au nom des ancêtres, que le néocolonialisme va vivre ses dernières heures d’ici quelques temps », a-t-il conclu.
Aïssata Laure G. Sidibé
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