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Les 500 militaires et le boulanger

Publié le vendredi 10 décembre 2010 à 20h29min

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Cher Wambi,
La messe est dite, Blaise Compaoré rempile pour un nouveau bail de cinq ans à la tête du pays des Hommes intègres ; c’est en effet le verdict rendu ce mardi 7 décembre par le Conseil constitutionnel au terme du scrutin du 21 novembre 2010. Avec ses 80,15% des suffrages, l’enfant terrible de Ziniaré devance respectivement Hama Arba Diallo (8,21%), Bénéwendé Stanislas Sankara (6,34%), Boukary Kaboré (2,31%), Maxime Kaboré (1,48%), Emile Pargui Paré (0,86%) et Ouampoussogo François Kaboré qui ferme la marche avec 0,65%.

La page de la présidentielle ainsi tournée, cap maintenant sur les législatives et les municipales jumelées de 2012, pour lesquelles le landerneau politique a déjà commencé à remuer ciel et terre. Mais, en attendant, les sujets du Grand sachem piaffent de savoir quand est-ce qu’il prêtera serment.

En tous les cas, ceux qui avaient jeté leur dévolu sur la date du 10 décembre en marge des festivités du cinquantenaire de notre pays à Sya devront de nouveau consulter les tapeurs de sable du Gourma ; car, selon des sources généralement bien informées, cette cérémonie de prestation de serment, sauf changement de dernière heure, pourrait avoir lieu le lundi 20 décembre, même si certains convives de luxe au djandjoba du 11 décembre devraient refaire le pèlerinage au pays de Maurice Yaméogo ; et à ce qu’on dit aussi, cher cousin, c’est le palais des Sports à Ouaga 2000 qui abritera l’événement.

Si sur les rives du Kadiogo, les militants et sympathisants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), de l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP), de l’Alliance pour la Démocratie et la Fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) et de la Fédération associative pour la paix avec Blaise Compaoré (FEDAP-BC) sont déjà en liesse, sur ceux de la lagune Ebrié, les militants et sympathisants du Front populaire ivoirien (FPI) scrutent plutôt l’horizon avec anxiété.

Quel pas de danse en effet esquisser alors que leur champion, Laurent Koudou Gbagbo, rejeté par les urnes, autoproclamé par le Conseil constitutionnel, vient d’être solennellement désavoué par la Communauté internationale ? Pire, la Côte d’Ivoire est plus que jamais une hydre à deux têtes qui menace la paix et la stabilité, et promet un bain de sang à toute la sous-région.

L’enfant terrible de Mama se pliera-t-il aux injonctions de la CEDEAO, de l’Union africaine, de l’Union européenne et du Conseil de sécurité des Nations unies, qui lui indiquent la porte de sortie ? Rien n’est moins sûr, cher cousin ; qu’il se soumette à la pression internationale en libérant le fauteuil en faveur d’Alassane Dramane Ouattara, le président élu, ou pas, s’il est un acteur de la scène ivoirienne qui doit fulminer de rage, c’est bel et bien le facilitateur dans la crise, Blaise Compaoré, floué à plus d’un titre par Koudou Laurent Gbagbo.

Sais-tu en effet que le président sortant avait formulé la demande d’un renfort de quelque 500 militaires burkinabè pour la sécurisation du scrutin ? Demande agréé par le Grand Sachem, mais une fois les soldats regroupés pour une formation conséquente, Laurent reviendra sur sa demande à la veille du scrutin au motif que les fonds font défaut. Evidemment, à Ouagadougou, c’était la grogne dans les rangs, vu que certains militaires étaient préalablement destinés au Darfour et que nombre d’entre eux aussi s’étaient déjà autorisés des prêts bancaires et pour cause.

Roulés proprement dans la farine, nos bidasses ne savent plus quel éléphant de la forêt ivoirienne dévorer, et pourtant ; ensuite, la promesse faite au facilitateur de reconsidérer le couvre-feu décrété à la veille du scrutin du 28 novembre restera vaine ; pire, quand ,après les jours qui suivirent le premier tour, Blaise l’appela au téléphone mille et une fois, Gbagbo ne daigna pas répondre et il ne réagira qu’après son coup de force du jeudi 2 décembre 2010. A son tour aussi, Blaise, furieux, laissera le téléphone pleurer, pleurer, pleurer. Où en sont leurs relations après les condamnations qui pleuvent de partout ?

En tout cas, le nouveau ministre des Affaires étrangères de Gbagbo, Alcide Djédjé, était annoncé à Ouaga ces jours-ci par certaines chaînes, mais, jusqu’au moment où je traçais ces lignes, point de nouvelle de cet envoyé vraiment spécial. Aux dernières nouvelles, j’apprends, grâce aux confidences de La Lettre du continent, que l’épouse de Laurent Gbagbo, Simone, vient de séjourner du 5 au 7 décembre dernier à Cotonou.

Ce serait pour acquérir une des somptueuses villas (entre 300 et 500 millions de francs CFA) construites en bord de mer dans la capitale béninoise pour le sommet de la CEN-SAD en 2008. C’est certainement ce qui a fait dire dans certains milieux à Ouagadougou que Gbagbo préparait son exil prochain au Bénin. Vrai ou faux ?

En attendant, retour, cher cousin, aux manifestations commémoratives de l’indépendance de notre pays pour dire qu’à l’instar de Sya, qui en sera le pôle d’attraction, Simonville entend marquer d’une pierre blanche l’événement : ainsi, depuis ce jeudi 9 décembre, de nombreuses rues et avenues de la capitale ont été baptisées des noms d’illustres filles et fils de ce pays, dont le maître d’école de Passek-taalé, M. Sorgho Daogo Mathias, et le fils du catéchiste de Laye, le Pr Hilaire Tiendrébéogo, sans oublier...

Ki-Zerbo Jacqueline ;
Yougbaré Paul Hamado ;
Sankara Inoussa ;
Zoungrana née Tapsoba Thérèse ;
Simporé Mamadou ;
Démé Sylvain Mosac ;
Coulibaly Tidiane ;
Ouédraogo Goama Charles ;
Ilébou Djata.

Dans ma dernière Lettre, cher cousin, je te faisais part de l’attaque dont une mission conjointe ONU/Union africaine, conduite par le médiateur, notre compatriote Djibrill Bassolé, aurait été victime le 1er décembre dernier dans une université de Zalingay au Darfour. Eh bien, je suis des plus heureux aujourd’hui d’apprendre que les événements se seraient déroulés après que le diplomate burkinabè fut parti avec ses hommes. Je ne t’en dirais pas plus, puisque ses services t’en font la preuve à travers ce communiqué, qui m’est parvenu en milieu de semaine :

“Suite aux divers articles de presse faisant état d’incidents qui auraient menacé la sécurité de Monsieur Djibrill Yipènè Bassolé, médiateur conjoint de l’ONU et de l’Union africaine lors d’une visite au Zalingay à l’Ouest du Darfour, le Médiateur voudrait porter à la connaissance de l’opinion nationale ce qui suit :

Dans le cadre des pourparlers de paix de Doha concernant le Darfour et selon le calendrier adopté par les parties, le médiateur conjoint et le ministre d’Etat chargé des Affaires étrangères du Qatar, pays hôte des pourparlers, ont entamé une tournée de consultation du 26 novembre au 2 décembre 2010 dans les principales villes des 3 Etats du Darfour. L’objectif de cette tournée était de recueillir les points de vue de la classe politique, des leaders d’opinion, de la société civile et de toute autre partie prenante sur des questions essentielles relatives aux pourparlers en cours à Doha.

A l’étape de Zalingay, lors d’une rencontre de concertation avec la société civile organisée par la Mission des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour (MINUAD) au sein de l’université de cette ville de 35 000 habitants située à l’Ouest du Darfour, un groupe de manifestants favorables au gouvernement s’est formé à l’extérieur de l’université pour scander des slogans hostiles à la société civile. Le groupe de manifestants revendiquait être associé à la concertation en cours, en indiquant que la société civile à elle seule ne saurait représenter les opinions de toute la population.

En réaction, un autre groupe, composé essentiellement d’étudiants favorables au chef rebelle Abdulwahid Al Nour, s’est spontanément formé pour organiser une contre-manifestation et exiger de s’adresser au médiateur conjoint. Accédant à leur requête, M. Bassolé et le ministre d’Etat du Qatar ont tenu un meeting public qui a permis de ramener le calme après le message de paix et de réconciliation qu’ils ont adressé au groupe d’étudiants.

La Médiation s’est dirigée vers l’aéroport de Zalingay dans le but de rejoindre El Fasher, la prochaine étape de la tournée. Avant le décollage de l’hélicoptère transportant le médiateur conjoint, la délégation a été informée par les services de sécurité de la MINUAD que la manifestation des étudiants avait dégénéré en affrontements avec la police locale après son départ, affrontements au cours desquels un étudiant a été abattu sur les lieux de la manifestation.

Un deuxième étudiant aurait également été abattu plus loin devant l’hôpital de la ville. Le médiateur conjoint déplore ces malheureux incidents qui ne sont que la manifestation de l’extrême tension entre les belligérants de la crise du Darfour, dans le cadre de la résolution de laquelle il continue de promouvoir l’engagement de toutes les parties concernées aux pourparlers en cours, qui se déroulent bien malgré les difficultés inhérentes à un tel processus.

La médiation n’était pas visée par les manifestations. Sa sécurité n’a pas été menacée. Aucun manifestant ne s’en est pris directement à la délégation de la médiation, dont la mission s’est bien déroulée. Le médiateur conjoint tient à rassurer et remercier tous ceux qui, parents, amis et connaissances, ont envoyé des messages de soutien après les événements de Zalingay, au cours desquels sa sécurité n’a toutefois pas été menacée.

Il apprécie à sa grande valeur cette manifestation de sympathie à son égard et à l’égard de la médiation”. Rien que la semaine écoulée, cher Wambi, le Burkina Faso se joignait au concert mondial qui célébrait la Journée des personnes handicapées. Evidemment, l’on a chanté à l’unisson, fait des promesses et pris des engagements, mais, passés les beaux discours, que deviennent-ils, nos enfants, nos frères, sœurs et amis handicapés ?

Je t’invite à la méditation à travers cette demande de grâce présidentielle que m’a fait parvenir l’un d’entre eux :

“Monsieur le président, je viens, par la présente, implorer votre clémence en vous demandant de me faire grâce. En fait, je suis handicapé moteur marchant avec deux cannes. Depuis 2006, je suis titulaire d’un diplôme de fin d’études des ENEP. J’ai enseigné dans le privé pendant trois années. J’ai eu mon intégration à la Fonction publique par suite d’un test de recrutement du MEBA. En trois jours, j’ai passé avec succès les épreuves écrites, orales, et au sport, ils m’ont réclamer une dispense.

Cette dispense m’a été fournie par un docteur du CMA de Pissy. Après avoir pris service à Yako, le 15 septembre, j’ai vu mon admission annulée par la Fonction publique pour cause de handicap. Je croyais qu’ils allaient me trouver un autre poste ou me donner une certaine somme d’argent pour me permettre de vivre avec ma femme et mes enfants, mais cela n’a pas été le cas.

J’ai simplement reçu un communiqué qui annule mon admission pour cause de handicap. A cause de mon admission, j’ai perdu aussi mon emploi au privé. Je me retrouve aujourd’hui dans la rue. Monsieur le président, vous avez fait de notre pays un Etat de droit. Vous avez beaucoup fait pour notre peuple et la personne handicapée en général. Au regard de tous ces mérites, je vous demande de me secourir pour que je gagne ma vie”.

Issa Sawadogo

Comme les années précédentes, Tenkodogo dans la province du Boulgou s’apprête à vivre la fête coutumière du Naaba Saaga de ladite ville. L’événement est prévu pour les 17, 18 et 19 décembre 2010. Dans une semaine, au palais du Dima de Zoungratenga, il y aura certainement foule et l’ambiance ne manquera pas. Cérémonies rituelles, danses et autres réjouissances sont au programme. Le naabasga, c’est aussi l’autre façon de fêter les nouvelles récoltes. Laye-Tenkodogo, ce n’est pas au bout du monde et Wambi n’oubliera pas de noter ces dates dans son agenda. En attendant, que nous apprend l’increvable Tipoko l’Intrigante cette semaine ?

- Si nombre de Burkinabè ont les yeux tournés vers Bobo-Dioulasso, où sera commémoré le cinquantenaire de notre accession à la souveraineté nationale, certains n’ont pas l’esprit à la fête. Parmi eux, ceux dont l’avenir professionnel et social est compromis par les puissants du jour. Et nous reparlons donc de l’épreuve de force qui s’exerce sur GPL-Service depuis que le ministère du Commerce lui a accordé l’agrément d’exploitation de certaines bouteilles de gaz.

Une affaire vieille de quatre ans qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive et révélé la collusion qu’il peut y avoir entre les grands pour exterminer les petits. Certes, la justice se fera un jour ou l’autre, surtout que les langues commencent à se délier et que le printemps de la trahison a sonné, mais à qui profite aujourd’hui ces 250 000 bouteilles de gaz de 12,5 kg qui pillulent aux quatre coins du Faso ?

- Le 11-Décembre réunira, certes, du beau monde à Bobo-Dioulasso, mais les autres régions du pays ne vont pas être en reste, chacune jouera sa partition : c’est ainsi que, dans la capitale, à côté de la foultitude de manifestations, les jeunes UNDDistes de Paspanga (secteur 3) entendent chauffer le coin “ce week-end à travers plusieurs activités culturelles. Dès le samedi 11 décembre, ils ouvrent une kermesse qui se poursuivra le lendemain.

Pendant ce temps, débuteront des jeux de société (dames-pétanque, maracana) dont les finales auront lieu dimanche” ; mais, incontestablement, ce qui ne manquera pas d’attirer les foules, ce sont la projection cinématographique sur les années 60 (19 h) et l’animation rétro (peu avant minuit) le samedi, ainsi que l’atalakou le dimanche à partir de 10 heures avec le Maréchal Fontaine DJ, laquelle animation se poursuivra tard dans la soirée.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 12 décembre 2010 à 11:20 En réponse à : Les 500 militaires et le boulanger

    Entre nous Inoussa Sankara (paix à son âme) mérite-t-il le nom d’une rue ? Donnez son nom à quelque chose au sein du CDP mais pas en dehors.

  • Le 6 janvier 2011 à 09:08 En réponse à : Les 500 militaires et le boulanger

    Vous avez oublie un nom tres important. Yorian Gabriel Some. Meme s’ il s’ est oppose a la revolution, c’est un militaire qui a beaucoup donne a ce pays. Regardez ce que Rawlings a fait a Odartey Wellington, pratiquement le seul general qui a combattu farouchement les jeunes militaires lors du premier coup d’etat de Rawlings. Il a ete finalement abattu mais Rawlings lui a donne des funerailles nationales a cause de sa bravoure. On n’est pas oblige d’ avoir la meme vision politique. J’ai peur que le burkinabe ne soit intolerant ou mesquin. Je vois des jeunes qui ont eu du merite mais moins quand meme par rapport a ce vailant officier qui est vachement ignore. Si on croit ne pas l’ honorer, c’ est ceux qui vivent encore qui se deshonorent.

    Un adjudant a la retraite.

    • Le 6 janvier 2011 à 20:27, par fargas En réponse à : Les 500 militaires et le boulanger

      grace a la revolution,le burkina a fait un saut d,une vaingtaine d,annees en avant.
      la revolution a ouvert les yeux des burkinabe.....
      pourquoi etre contre elle ???

      • Le 23 janvier 2011 à 18:12 En réponse à : Les 500 militaires et le boulanger

        Et une bonne partie de ces memes revolutionnaires ont ramene le Burkina 30 ans en arriere. Je dis seulement que nos politiciens doivent etre des grands. Tu as combattu ton ennmi mais tu dois reconnaitre sa valeur car tout le monde ne peut pas etre revolutionnaire. Chacun a son ideologier. Mais le plus important c’est d’ etre un type de bien. Sinon reviolutionnaires, oh, reactionnaires, oh, l ;a vraie difference, c’est les mauvais et les bons. Et dans chaque camp y a ca. Faut pas diaboliser un camp et angeliser un autre. L’ homme c’est l’ homme.

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