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Bobo : "Le mort" se réveille et réclame sa ration

Publié le jeudi 9 septembre 2004 à 07h43min

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Il y a souvent des faits de société qui sortent de l’ordinaire et qui ne sauraient laisser indifférents même les plus superstitieux. Donné pour mort dans sa chambre, le vieux Adama aurait retrouvé la vie quelques instants avant son inhumation.

La scène s’est déroulée au secteur 11 (Colma) de Bobo-Dioulasso. C’était il y a quelques jours lorsque la famille du vieux Adama sortait pour annoncer dans le secteur le décès de celui qui, depuis des années, souffrait d’une hernie.

L’intervention chirurgicale qu’il venait de subir n’avait toujours pas permis de guérir ce mal qui ne cessait de le ronger au fil des jours. Alors la situation était plus que jamais devenue inquiétante pour la famille et aussi pour certains visiteurs qui semblaient perdre tout espoir de revoir ce sexagénaire recouvrer sa santé et poursuivre son métier de gardiennage.

Alité depuis des semaines, voire des mois, le vieux Adama, faute de moyens, ne recevait plus les soins appropriés. Ce qui a eu pour conséquence, une dégradation continue de son état physique et aussi, de convaincre davantage les plus sceptiques quant à une mort probable et même très proche du malade.

Ainsi dans le quartier, certains esprits étaient déjà préparés à cette éventualité, et c’est donc sans surprise qu’on apprendra que le vieux gardien avait été emporté par sa maladie contre laquelle il a lutté depuis des mois, sans succès. Comme une traînée une poudre, la triste nouvelle va se répandre à Colma sans que personne ne daigne remettre en cause ce qu’il venait d’apprendre sur Adama. Et pourtant...

Une mort anticipée

Hommes, femmes jeunes et vieux du quartier se montraient déjà solidaires pour soutenir la famille du « défunt » en ces moments difficiles. C’était d’abord la mobilisation pour la présentation des condoléances et ensuite pour les préparatifs de la cérémonie d’inhumation.

Mais grande sera la surprise des uns et des autres de constater que celui qu’on a donné pour mort ne l’était pas en réalité. Car au moment où le « corps » devait quitter la chambre pour le cimetière, on découvrit alors le vieux Adama, assis sur la natte et réclamant de quoi manger.

On a vite fait de lui servir un bol de bouillie avant de porter l’incroyable nouvelle aux parents, amis et connaissances du prétendu mort mais également à ceux qui ont creusé la tombe et qui attendaient l’arrivée du corps pour l’acte final, c’est-à-dire sa mise sous terre. Qui eut cru ?

Mais en réalité, on avait fait qu’anticiper le décès du vieux gardien qui mourra 72 heures après, cette fois de sa belle mort. Cette histoire vécue le mois dernier au secteur 11 de Bobo ne saurait être assimilée à un banal fait divers.

Dans tous les cas, il y a lieu de s’interroger sur des cas de décès annoncés en Afrique et plus particulièrement au Burkina et qui sont suivis le plus souvent d’enterrements précipités sans qu’on ne prenne le temps de s’assurer s’il s’agit véritablement d’une mort réelle ou d’une situation de coma.

Le cas d’Adama devrait à tout point de vue faire réfléchir ces personnes qui semblent toujours donner l’impression de vouloir se débarrasser de ceux qu’ils donnent pour mort en précipitant leur enterrement ; et le plus souvent au nom de la coutume ou de la religion.

Jonas Appolinaire Kaboré
Observateur Paalga

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