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Centre du Burkina : 30 femmes et filles déplacées internes sont formées au métier de tisserand par le PAFPA-Dual

Publié le mardi 20 décembre 2022 à 11h48min

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Centre du Burkina : 30 femmes et filles déplacées internes sont formées au métier de tisserand par le PAFPA-Dual

Dans sa vision d’offrir des formations qualifiantes aux jeunes hommes et femmes, le Programme d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (PAFPA), a formé 30 femmes et filles déplacées internes au métier de tisserand et de teinture. C’est l’une des initiatives du PAFPA-Dual, mises en œuvre dans le Centre du Burkina Faso. Afin de dresser le bilan à mi-parcours des réalisations, le comité de revue du programme budgétaire a effectué une mission de supervision des différentes zones d’intervention. Cette mission s’est déroulée du mardi 13 au vendredi 16 décembre 2022.

« Nous n’avions pas d’activités génératrices de revenus pour subvenir à nos besoins. Nous rassemblions du sable pour ensuite le vendre afin d’avoir de quoi acheter à manger », confie Sanata Sawadogo, l’une des personnes déplacées internes venues de Djibo.

Comme elles, 29 autres PDI sont arrivées à Tiguindalgué, l’un des villages de la commune rurale du Kadiogo (province de la région du Centre du Burkina Faso). Sur ce site d’accueil, elles bénéficient toutes gratuitement d’une formation au métier de tisserand. Ce, grâce au Programme d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (PAFPA) de type dual.

Sanata Sawadogo, l’une des personnes déplacées internes bénéficiaires du PAFPA-Dual

Sanata Sawadogo dit être reconnaissante pour l’opportunité qui leur a été offerte, d’apprendre ce métier qui va leur permettre de pouvoir au moins manger à leur faim. Celle qui leur dispense cette formation, est la responsable du Centre de formation professionnelle Gulmutex.

Un apprentissage axé sur 20% de théorie et 80% de pratique

« C’est une formation duale sur une durée de deux mois. Nous l’avons entamée depuis le 21 novembre 2022 et nous espérons la clôturer d’ici le 20 janvier 2023. L’apprentissage au métier de tisserand consiste à enseigner la théorie et la pratique à ces femmes. La phase théorique dure une semaine tandis que la phase pratique dure deux semaines », a-t-elle expliqué.

« Le PAFPA a assuré le déjeuner des PDI pour leur permettre de pouvoir bien suivre la formation », Mariam Touré, responsable de Gulmutex

Ainsi, la théorie et la pratique sont alternées jusqu’à la période prévue pour clore la présente formation, selon madame Touré. « Après la théorie, nous avons fait la teinture, nous avons également fait l’ourdissage, avant d’aborder l’étape du tissage », a-t-elle montré.

Une prise en charge totale de la formation des PDI

La formation se passe bien car elle est entièrement prise en charge par le PAFPA, déclare madame Touré. Ces femmes, affirme-t-elle, devraient en principe contribuer à hauteur de 6 000 francs CFA chacune pour prendre part à ladite formation. Mais elles ont été dispensées de ces frais de participation.

Les femmes PDI en plein apprentissage à Tiguindalgué, village de la commune rurale de Komsilga

Ce sont 22 femmes qui ont été retrouvées sur le site. Les huit autres, elles, se sont rendues dans le centre de formation Gulmutex. Le coût de l’apprentissage entièrement supporté par le PAFPA est estimé à 75 000 francs CFA pour chacune d’entre elles.

Mme Touré assure que son centre va acheter les pagnes tissés par ses élèves, lorsque celles-ci bénéficieront de kits d’installation. En attendant, elle dit être à mesure de les accueillir au sein de Gulmutex, où leur revenu sera en fonction du nombre de pagnes tissés.

Les feux tricolores solaires conçus par l’entreprise CECOMA, installés à l’entrée de son atelier de formation

L’immersion de la mission de supervision dans les locaux de CECOMA

Le comité de revue du programme budgétaire s’est rendu par la suite dans le centre de formation CECOMA Genimec Sarl. Situé non loin du marché Paaglayiri, dans le quartier Cissin de Ouagadougou, ce centre a accueilli une soixantaine d’apprenants dans le cadre du PAFPA-Dual.

À ce niveau, il a été question de formation pour les novices et de perfectionnement pour les personnes déjà initiées dans le domaine de l’énergie solaire. Un apprentissage bâti sur le référentiel du PAFPA, selon Jacques Sédégo, directeur de l’entreprise CECOMA Genimec Sarl.

« Mon entreprise a dépensé près de quatre millions cinq cents mille francs CFA pour accompagner le processus en plus de ce que le PAFPA a mis à notre disposition », Jacques Sedogo, directeur de CECOMA Genimec

« La formation en énergie solaire s’est focalisée essentiellement sur les éléments d’installation et de maintenance. Mais nous avons également associé l’apprentissage à l’électricité-bâtiment. Parce que quand vous formez quelqu’un uniquement en énergie solaire, vous le privez d’une partie du marché en électricité », a-t-il souligné.
En fonction du niveau des participants, M. Sédégo précise que l’apprentissage a dû être adapté pour faciliter la compréhension à tous. « Nous avons appris à faire des installations vas et viens, double allumage, installation de lampe, de ventilateur… Pour ce qui concerne le dimensionnement, nous ne sommes pas allés en profondeur avec ceux qui n’avaient aucun niveau scolaire ».

Trois des 64 apprenants ont été recrutés par CECOMA Genimec Sarl

Seulement cinq filles ont bénéficié de la formation en énergie solaire

Au nombre des apprenants, il a été enregistré la participation de cinq filles. L’une d’entre elles, Francine Diarra a eu la chance d’être accompagnée par CECOMA Genimec pour l’ouverture de son entreprise. « Nous avons été formés pendant trois mois. À l’issue de cela, j’ai été accompagnée par monsieur Sédégo qui m’a aidé à ouvrir ma propre structure. Nous évoluons dans l’électricité, notamment dans le solaire et les feux tricolores ».

« Cela fait une année que nous avons ouvert et nous avons pu obtenir quelques marchés à Léo et à Bama », Francine Diarra, promotrice de Francelec Burkina

Plusieurs équipements ont été acquis dans le cadre de la collaboration entre le PAFPA et CECOMA, mentionne M. Sédégo, qui dit attendre d’autres matériels en provenance de la France. La formation de dix jeunes filles à la fabrication de feux tricolores est l’une des ambitions nourries par M. Sédégo au profit des communes du Burkina Faso. Pour la mise en œuvre de ce projet inédit, le responsable de CECOMA Genimec espère bénéficier du soutien du PAFPA.

C’est un motif de satisfaction pour Seydou Traoré, chargé du programme suivi-évaluation et capitalisation du PAFPA-Dual, après cette immersion dans les espaces d’apprentissage des PDI mais aussi des apprenants reçus par l’entreprise CECOMA. Le micro lui a été tendu pour d’ores et déjà apprécier la sortie terrain du mardi 13 décembre 2022, avant de poursuivre la mission de supervision dans le Centre-sud.

« Quand on fait le point, on a un taux d’environ 36% de filles et femmes formées. Il y a donc des initiatives que nous allons accompagner pour l’atteinte des résultats escomptés », Seydou Traoré, chargé du programme suivi-évaluation

Seydou Traoré indique que le programme est en train d’examiner les faisabilités pour doter de kits d’installation, ces braves femmes formées au métier de tisserand.
« Le deuxième site de formation sur lequel nous nous trouvons est le fruit du partenariat signé entre le PAFPA et la Chambre des métiers de l’artisanat pour former 518 bénéficiaires dans le domaine du solaire. Et ce, dans les six régions d’intervention du programme. C’est dans ce sens, que la Chambre collabore avec l’entreprise CECOMA afin d’outiller les bénéficiaires de la région du Centre », a situé M. Traoré.

Au nombre des difficultés rencontrées dans l’exécution du PAFPA-Dual, il a été relevé celle de la faible participation des femmes liée aux pesanteurs socioculturelles.
En rappel, le PAFPA-Dual est une réponse conjointe du ministère en charge de la jeunesse et du secteur privé à travers le Conseil national du patronat burkinabè (CNPB). Il est financé par la Coopération suisse à hauteur de plus de trois milliards de francs CFA sur une durée de quatre ans.

L’objectif est de former 8000 jeunes dont 50% de femmes de 15 à 35 ans dans les métiers émergents, notamment l’agro-sylvo-pastoral, les mines, le BTP, les énergies renouvelables, et la transformation agroalimentaire des produits locaux. Les régions concernées par le programme sont la Boucle du Mouhoun, le Centre-sud, les Cascades, les Hauts-Bassins, le Centre et le Centre-ouest.

Lire aussi Formation et insertion professionnelle au Burkina Faso : Plus de 6 000 jeunes et femmes formés dans le cadre du PAFPA Dual

Démarré le 1er novembre 2018, le PAFPA est prévu s’achever à la date du 30 avril 2023.

Hamed NANEMA
Lefaso.net

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