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Situation sécuritaire et sanitaire dans la région de la Boucle du Mouhoun : Le gouverneur dresse un bilan préoccupant

Publié le jeudi 21 mai 2020 à 02h45min

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Situation sécuritaire et sanitaire dans la région de la Boucle du Mouhoun : Le gouverneur dresse un bilan préoccupant

Afin de prendre le pouls de la situation sanitaire et sécuritaire dans la région de la Boucle du Mouhoun, Lefaso.net s’est entretenu avec le gouverneur, Edgard Sié Sou. Située au Nord-Ouest du pays, la Boucle du Mouhoun vit l’insécurité et la pandémie du covid-19 de plein front. A ce jour, elle compte 15.979 personnes déplacées internes reparties dans les six provinces et une vingtaine de personnes testées positives au coronavirus. Une interview réalisée avant l’opération contre deux bases terroristes dans la province du Kossi du 19 mai 2020.

Lefaso.net : Entre crise sanitaire et sécuritaire, comment se porte la Région de la Boucle du Mouhoun actuellement ?

Actuellement, nous pouvons dire que la Région de la Boucle du Mouhoun se porte bien malgré la vingtaine de cas de Covid-19 enregistrée sur le plan sanitaire.
Sur le plan sécuritaire, il faut dire que la situation est très préoccupante notamment dans les deux provinces que sont le Sourou et la Kossi qui sont en état d’urgence.
Plusieurs actions sont menées par les chefs de circonscriptions administratives (CCA) et les forces de défense et de sécurité (FDS) pour assurer la quiétude des populations dans les zones à défis sécuritaires élevés. Ces actions sont entre autres, les patrouilles régulières, l’opérationnalisation des cellules de veille et d’alerte surtout dans les zones les plus touchées, la tenue régulière des rencontres des comités régional et provincial de gestion des épidémies, l’instauration du couvre-feu dans les deux provinces.

Lefaso.net : Quelle est la situation actuelle de la pandémie du COVID-19 dans la région ?

A la date du 14 mai 2020, la région a enregistré 23 cas confirmés et un (01) cas indéterminé. Parmi ces 23 cas, nous enregistrons dix-huit (18) guérisons. De nos jours, nous avons six (06) cas actifs dont trois (03) suivis à Dédougou et les trois (03) autres à Nouna.

Lefaso.net : Vous êtes le Président du comité régional de gestion des épidémies. Votre plan de riposte s’élève à 963 750 000 FCFA. Quelle est la situation de la mobilisation de ces fonds pour lutter contre le Coronavirus de façon efficiente ?

A la date du 14 mai 2020, le comité régional a pu mobiliser 64 085 760 FCFA. A cela, il faudrait ajouter les dons en matériels comme les masques, les gels et solutions hydro alcooliques, les dispositifs de lavage des mains, le savon en boule et liquide. Nous estimons la valeur de ces dons à 35 millions environ.

Lefaso.net : Vous avez affirmé à la dernière session extraordinaire du comité régional de gestion des épidémies que la mobilisation des fonds pour la mise en œuvre du plan de riposte est insuffisante. Quel est le blocage ? Avez-vous un cri de cœur à lancer ?

Il n’y a rien qui bloque en ce qui concerne la mobilisation des fonds. L’appel à la solidarité dans le cadre de la lutte contre le covid-19 a été lancé par le Chef de l’Etat lui-même. Dans notre région, chacun essaie d’apporter sa contribution comme il peut. Certaines personnes ont fait les dons directement dans leur province et commune. D’autres nous ont approchés pour remettre leur don au comité régional. Au regard de ces différentes actions de solidarité et vu le contexte économique actuel, j’affirme sans me tromper que rien ne bloque la mobilisation des fonds. Je saisis l’occasion pour traduire ma reconnaissance aux personnes morales et physiques qui ont entendu l’appel et qui se sont manifestés. Je réitère mon appel aux filles et fils car la région enregistre malheureusement encore des cas actifs de la pandémie de Covid-19.

Lefaso.net : Quelles sont les mesures spécifiques prises par votre région pour rompre la chaîne de transmission du Covid-19 ?

Les mesures sont nombreuses et ne diffèrent pas de celles prises au niveau national. Il s’agit :
  De la prise des mesures de restriction temporaires de liberté,
  De l’isolement et de la prise en charge des cas, désinfection des sites tels que les salles d’hospitalisation, les domiciles et bureaux des patients, etc.
  Du confinement et du suivi des cas contacts,
  De la sensibilisation des communautés pour le respect des gestes barrières ;
  Du port obligatoire de masque,
  De la mise à disposition du matériel de protection individuelle aux agents de santé ;
  L’installation des dispositifs de lavage des mains dans les endroits de moyenne ou de grande affluence (formations sanitaires, marchés, lieux de culte, services publics, …)
  Du contrôle de la température aux portes d’entrées des grandes agglomérations

Lefaso.net : La région a malheureusement été frappée par une épidémie de rougeole rubéole au moment où la pandémie du coronavirus se déclarait, comment a été gérée cette autre épidémie ?

A l’évidence, la riposte à l’épidémie de rougeole était en cours lorsque le covid-19 est survenu. Dans cette double problématique, il fallait trouver des stratégies de lutte appropriée dans le sens de lutter contre les deux maladies. Ainsi, grâce à l’appui de nos partenaires comme Médecins Sans Frontière, nous avons réalisé la vaccination contre la rougeole en stratégie porte à porte tout en adoptant des gestes barrières.

Lefaso.net : Revenons à la situation sécuritaire, la région compte aujourd’hui des zones d’insécurité avec le déplacement des populations, quel est l’état des lieux de ces mouvements de populations dus aux attaques terroristes ?

Les attaques terroristes ont occasionné des mouvements de population dans la Boucle du Mouhoun. A la date du 22 avril 2020, la région comptait 15.979 personnes déplacées internes reparties dans toutes les provinces soit 8.339 dans la Kossi, 4.380 dans le Sourou, 1.590 dans les Balé, 992 dans les Banwa, 558 dans le Mouhoun et 120 dans le Nayala. A cela s’ajoute la prise en charge de ces personnes déplacées. Elle comprend le volet alimentaire (vivres), matériel (matériels de survie) et le transfert monétaire (cash).

Lefaso.net : La région a été durement éprouvée par les attaques, comment se fait la prise en charge des familles des victimes militaires, paramilitaires et civiles ?

En ce qui concerne la prise en charge des familles des victimes militaires, des dispositions ont été prises par les plus hautes autorités du pays afin qu’une prime de dix millions (10.000.000) FCFA puisse être versée aux ayants droit de tout militaire décédé en opération. Cette mesure est déjà en vigueur et les familles ayant entrepris et finalisé les démarches nécessaires auprès de la Direction Centrale de l’Action Sociale des Armées ont pu bénéficier de ladite prime. Outre ces dispositions, une solidarité est perceptible tant à l’interne entre frères d’arme qu’à l’externe à travers certaines structures civiles qui font, de plus en plus, des dons aux familles des victimes des militaires décédés lors d’opération.
Pour les paramilitaires, le montant d’indemnisation est également de dix millions (10.000.000) FCFA selon le Décret N°2019 – 0140 / PRES/PM/MINEFID/MFPPS/MSECU/
MJDHPC/MEEVCC/MDNAC du 18/02/2019 portant modalité d’indemnisation de l’agent des forces de police nationale, de la garde de sécurité pénitentiaire, des douanes ou des eaux et forêts ayant subi des préjudices dans l’exercice ou en raison de l’exercice de ses fonctions lors d’une attaque terroriste que nous avons pu consulter.
Pour les civils, nous n’avons pas connaissance de dispositions particulières.

Lefaso.net : De nos jours peut-on affirmer que la situation sécuritaire, il n’y a pas très longtemps délétère est sous contrôle surtout dans la province de la Kossi et du Sourou ? Les populations peuvent-elles espérer rejoindre leur village pour les déplacés avec le début de l’hivernage ?

En effet, la situation sécuritaire dans les provinces citées est assez préoccupante au regard du nombre de déplacés et de fermetures de structures administratives et éducatives enregistrées jusqu’à très récemment. Il est important de rappeler que la situation sécuritaire qui prévaut quasiment dans tous les pays de la bande sahélo-saharienne ne s’inscrit pas dans un schéma de guerre conventionnelle d’Etat contre Etat. Elle implique pour sa résolution, outre la mise en œuvre d’un système de défense cohérent inter-Etats, la prise en compte des questions de développement et surtout l’implication franche des populations elles-mêmes, terreau de recrutement des groupes armés terroristes. Pour revenir au fait que la situation est sous-contrôle dans notre région et singulièrement dans la Kossi et le Sourou, il serait prétentieux de l’affirmer car l’on ne sort pas de ce genre de crise par un coup de baguette magique.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Interview réalisée par Bienvenu Dembélé
Lefaso.net

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