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L’agroécologie : Une alternative sérieuse pour relever le défi de la sécurité alimentaire

Publié le mercredi 19 août 2020 à 21h50min

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L’agroécologie : Une alternative sérieuse pour relever le défi de la sécurité alimentaire

Les effets des changements climatiques sont réels et devenus quotidiens dans notre pays. La pluviométrie n’est plus fiable, les poches de sécheresse sont récurrentes, de surprenantes inondations et de vents souvent très violents surviennent. Dans ce contexte climatique si imprévisible, l’adaptation des systèmes de production ou l’adoption de nouvelles techniques agricoles s’impose pour réussir le pari de l’autosuffisance alimentaire, et assurer également la production des produits agricoles d’exportation.

Ce sont des systèmes qui permettent de produire en quantité suffisante tout en préservant l’environnement et les sols et basés sur des techniques de gestion durable des sols et de régénération des terres déjà dégradées. L’agro-écologie fait partie de ces systèmes.

Quelles alternatives propose-t-elle pour relever le défi de la sécurité alimentaire dans un contexte de précarité climatique au Burkina Faso ?
L’agroécologie est une approche intégrée qui applique concomitamment des notions et des principes écologiques et sociaux à la conception et à la gestion des systèmes de production agricole.

Boulis pour le stockage d’eau

Elle prône l’utilisation rationnelle des terres, la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité, la protection et l’amélioration des moyens d’existence ruraux, les valeurs humaines et sociales. Elle recherche la fourniture de produits de bonne qualité et facilement conservables et repose sur des techniques agricoles obtenues à partir des connaissances et de l’expérience des producteurs. Les plus utilisées sont :

• Les techniques de production et d’utilisation de la fumure organique : les débris de récolte (paille, tiges, coques, etc.), les mauvaises herbes et autres débris végétaux sont utilisés dans le compostage pour obtenir de la fumure organique. Cette fumure, en plus de minéraliser les cultures et d’amender le sol, facilite également la rétention de l’eau au niveau du sol pour la rendre disponible à la plante au moment opportun et permet ainsi d’atténuer les effets des poches de sécheresse observées au cours de la campagne agricole. Elle réduit ainsi le recours ou la dépendance aux intrants minéraux, accélère l’activité biologique du sol permettant ainsi au sol de conserver sa vitalité.

• Les techniques culturales tels que l’assolement, la rotation et l’association de cultures et le travail minimum du sol réduisent l’impact des activités agricoles sur le sol, maintiennent la fertilité du sol et permettent une gestion durable des terres agricoles.

• L’enrobage des semences pour leur conférer l’aptitude à germer même après plusieurs jours sous terre sans risque de perdre leur pouvoir germinatif est également une technique mais relativement peu développée au Burkina Faso.
• Les techniques de récupération, de conservation et de gestion des eaux permettent l’irrigation en cas de sécheresse chronique. Il s’agit des bassins de collecte d’eau de ruissellement, des boulis, des impluviums, etc.

• Les techniques de récupération des terres dégradées comme la réalisation des cordons pierreux, le zaï manuel ou mécanisé, la demi-lune, la régénérescence naturelle assistée RNA sont de très bonnes techniques de récupération et de gestion durable des sols.
• L’intégration agriculture-production végétale ou agriculture-élevage présente aussi de bonnes alternatives de résilience aux changements climatiques et de gestion de terres agricoles.

Cordons pierreux

L’agroécologie peut être menée à grande échelle sur les cultures de rente qui mobilisent de grande superficie pourvu qu’on y mette les moyens notamment dans la production en quantité suffisante de la fumure organique et des bio-pesticides. Il est vrai qu’il existe un doute sur l’efficacité des bio-pesticides contre les ravageurs, mais utilisés en mesures préventives, ces bio-pesticides sont capables de maitriser les ravageurs de culture s’ils sont appliqués à temps dans le respect strict des doses et de la période d’application.

La plupart des pratiques agroécologiques sont déjà mises en œuvre au Burkina Faso mais de manière relativement infime. Or, l’adoption de comportements agroécologiques n’est plus une négociation mais une obligation au regard des nombreuses conséquences de l’agriculture conventionnelle sur l’environnement et sur les sols.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Lefasonet

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Vos commentaires

  • Le 19 août 2020 à 19:55, par Diongwale En réponse à : L’agroécologie : Une alternative sérieuse pour relever le défi de la sécurité alimentaire

    .
    Je trouve votre discours un peu technocratique, mais vous avez raison. Le problème est que les lecteurs de fasonet ne sont pas cultivateurs, alors ils n’en ont pas grand-chose à faire. Les "autres" sont analphabètes et ne peuvent vous lire, à moins que des lecteurs se sentent suffisamment investis pour leur transmettre, par la grande tradition orale africaine qui perd de plus en plus sa superbe devant les avancées technologiques et les religions importées,aculturelles
    Quoi qu’il en soit, vous êtes dans le "vrai". Il n’y a pas d’autre issue que l’éco-responsabilité, individuelle et collective

  • Le 20 août 2020 à 07:07, par agroécologiste En réponse à : L’agroécologie : Une alternative sérieuse pour relever le défi de la sécurité alimentaire

    L’agroécologie n’est pas une alternative, c’est LA SOLUTION A COURT, MOYEN ET LONG TERME pour préserver l’environnement, produire des aliments sains et de qualité. En plus, elle est résiliente et s’adapte face aux réchauffements climatiques. Aujourd’hui, même la FAO le reconnait que c’est la seule solution pour une véritable Agriculture durable. Au Burkina Faso, elle est promut par plus de 300 acteurs recensés par le MAAH ! il manque juste une véritable politique d’envergure nationale pour que le Burkina Faso soit un modèle inspirant pour toute l’Afrique. Un paysan en agroécologie est peu dépendant d’intrants couteux comme les engrais, pesticides et semences et peut produire autant voire plus qu’en agriculture conventionnelle. Enfin, elle est potentiellement pourvoyeuse de centaines de milliers d’emplois en milieu rural avec les activités connexes.

  • Le 20 août 2020 à 08:10, par PALM Sami Sylvestre En réponse à : L’agroécologie : Une alternative sérieuse pour relever le défi de la sécurité alimentaire

    Très bon article. L’adoption de comportements agroécologiques n’est plus une négociation mais une obligation au regard des nombreuses conséquences de l’agriculture conventionnelle sur l’environnement et sur les sols. Elle entre également dans le cadre des ODD. Cet article me serait très utile pour la rédaction de mon mémoire sur la culture sur brûlis. Merci une fois de plus.

  • Le 20 août 2020 à 11:48, par KOLO Idrissa En réponse à : L’agroécologie : Une alternative sérieuse pour relever le défi de la sécurité alimentaire

    Cher "PALM Sami Sylvestre"
    Je suis fier de voir des interventions de personnes comme vous qui connaissent la réalité du monde paysans.

    Croire que les paysans sont illettrés et dont exclus des analyses sur les questions de l’agroécologie n’est pas à mon avis sérieux.

    Aujourd’hui, aucun acteur du monde agricole ne peut refuser que "le zaï" fait vivre la province du YATENGA. Dès le mois d’avril ; les braves paysans font le dur travail pour espérer des récoltes.

    J’ai été épaté courant juin 2020 de constater "des Cordons pierreux" dans une plaine rizicole à DASSA à 17 km de KOUDOUGOU. Ca marche et il faut encourager.

    Dans le département de KOMSILGA à 20 km de Ouagadougou, les paysans creusent des boulis pour arroger leurs cultures en cas de sécheresse.
    C’est à 20 km de Ouagadougou celui ne croit , prend son moyen transport, il arrive à la mairie de KONSILGA et demande les villages qui font ces pratiques ;
    Respectons davantage notre mondes paysan.

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