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Procès du putsch manqué : « L’avocat, c’est comme la tortue et sa carapace », Me Mamadou Traoré

LEFASO.NET | Marcus Kouaman

Publié le jeudi 22 novembre 2018 à 00h45min

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Procès du putsch manqué : « L’avocat, c’est comme la tortue et sa carapace », Me Mamadou Traoré

Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina au moment du coup d’Etat de septembre 2015, Mamadou Traoré était à la barre du Tribunal militaire ce mercredi 21 novembre 2018. Poursuivi pour complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, l’accusé plaide non coupable et s’en explique.

A la suite du Colonel-major Boureima Kiéré, Chef d’état-major particulier de la Présidence du Faso pendant les évènements du coup d’Etat, c’est l’ancien Bâtonnier Mamadou Traoré qui est appelé à la barre. Selon sa relation des faits, il s’est retrouvé au camp Naaba Koom II dans la nuit du 16 septembre 2015 (vers 23h) en tant qu’émissaire du Président sénégalais Macky Sall. Ce dernier ayant appris la prise d’otage des autorités de la transition l’avait joint téléphoniquement aux environs de 22h car il tentait d’appeler son homologue Michel Kafando sans suite.

La mission à lui confiée, était d’entrer en contact avec le Général Gilbert Diendéré pour lui dire de s’impliquer pour résoudre ce qui semblait au départ être une énième crise au RSP afin que rien de grave n’arrive au président de la transition. L’émissaire a donc joint téléphoniquement le Général Diendéré afin de lui livrer ce message, d’où sa présence au camp. C’est finalement autour de minuit qu’il a pu transmettre le message en personne, avant de rebrousser chemin.

Alors que, dans les dépositions du médecin-Colonel Yonaba, du Commandant Korogo, du capitaine Zoumbri, Me Traoré en plus d’autres personnes, était belle et bien dans le bureau du Chef de corps lors de l’amendement de la déclaration du CND lue au matin du 17 septembre 2015. L’accusé ne se reconnait pas dans cela car après avoir livré le message il est reparti tranquillement chez lui.

Aussi dans son procès-verbal d’interrogatoire au fond, le Général Diendéré affirme que l’avocat faisait partie de sa délégation lorsqu’ils sont allés rencontrer les Chef d’Etat de la CEDEAO venus pour la médiation. Ce qui n’est pas exact pour Me Traoré qui dit avoir assisté à cette rencontre en tant que conseil du Président Macky Sall, président en exercice de la CEDEAO et médiateur dans cette crise.

Le Parquet demande à l’accusé d’expliquer certains propos du genre ‘’l’avocat ne peut se départir de sa profession’’. Des propos tenus par l’accusé lors de son interrogatoire au fond. Ce dernier explique cette expression en ces termes : « l’avocat, c’est comme la tortue et sa carapace. Ou que vous allez, vous êtes avocat ». Pour ainsi dire que la personne de l’avocat et sa profession ne font qu’un.

Pour éclairer sa lanterne, Me séraphin Somé demande pourquoi l’accusé s’est senti obligé d’aller au Camp pour porter le message au Général Diendéré, alors qu’il pouvait le faire au téléphone. A en croire l’ancien Bâtonnier, c’est la diligence dans l’exécution de la mission qui lui a commandé cette attitude.

Me Séraphin revient à la charge pour savoir pourquoi l’accusé après avoir porté avec diligence le message n’a pas jugé nécessaire de rendre compte à son mandant, même par SMS. Pour Me Traoré, l’essentiel était de savoir si le Président Kafando se portait bien. Donc il n’y avait pas matière à déranger le Président Macky Sall tard la nuit, ou très tôt le matin. L’audition de l’ancien Bâtonnier se poursuit ce jeudi 22 novembre à 9 heures.

Marcus Kouaman
(kmagju@gmail.com)
Lefaso.net

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