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Burkina : Le commandant Abdoul Aziz Korogo désapprouvait le coup d’État de septembre 2015

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Publié le lundi 5 novembre 2018 à 23h45min

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Burkina : Le commandant Abdoul Aziz Korogo désapprouvait le coup d’État de septembre 2015

Après l’interrogatoire la semaine dernière de Sidi Lamine Oumar, sociologue malien et membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad, c’est au tour du Commandant Abdoul Aziz Korogo de passer à la barre du tribunal militaire de Ouagadougou, ce lundi 5 novembre 2018. Le chef de corps par intérim de l’ex- régiment de sécurité présidentielle (RSP) est poursuivi pour Meurtre, coups et blessures volontaires et complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat.

Avant de répondre aux faits qui lui sont reprochés, le Commandant Abdoul Aziz Korogo a présenté ses excuses publiques à l’ancien président du Faso, Michel Kafando, pour avoir échoué à le protéger. "Ceux là qui se sont attaqués au président et à ses ministres sont ceux-là qui étaient censés le protéger", a-t-il déclaré à la barre avant de demander l’indulgence du tribunal.

Le Commandant Korogo reconnait avoir dit au Général Gilbert Diendéré que lui et ses hommes ne tiendraient pas longtemps s’il (Le Général) n’avait pas le soutien de l’armée.

"J’ai rencontré mes officiers et je leur ai dit que la seule manière de sortir de cette situation, c’est de rester militaire", a confié l’accusé qui précise que cela signifie "ne pas se mêler des questions politiques".

Le Commandant Korogo confie également avoir appelé, pendant les événements l’un de ses promotionnaires, aujourd’hui lieutenant-colonel, pour lui dire qu’il allait déposer sa démission car son honneur était en jeu. "Il m’a dit de faire attention et d’attendre les conclusions de la rencontre entre le Général Diendéré et la hiérarchie militaire".

L’accusé insiste sur le fait qu’il désapprouvait le coup d’État mais a dû rester sur instruction du Chef d’État Major Général des Armées, le Général de brigade, Pingrenoona Zagré, qui voulait qu’il s’implique pour une sortie de crise.

Le Commandant Korogo a également démenti les rumeurs de prise d’otage des ambassadeurs français et américain par des éléments du RSP à l’hôtel Laico.

En apprenant l’arrivée des forces loyalistes sur Ouagadougou, le Commandant Abdoul Aziz Korogo reconnaît avoir appelé le Chef d’État Major de l’Armée de terre pour avoir confirmation et lui dire qu’il avait du mal à contenir ses hommes.

Il recevra plus tard un appel du Colonel major, Alassane Moné, SG du ministère de la défense, lui demandant de contacter les "boys" pour les raisonner. Les forces loyalistes marqueront donc une halte au niveau des entrées de la capitale. Il rencontrera son délégué de promotion, le Commandant Evrard Somda, puis le CEMGA qui leur (officiers des deux camps) demande de tout mettre en oeuvre pour éviter l’affrontement.

Selon l’accusé, les officiers demandaient la libération du Premier ministre, Yacouba Isaac Zida. Ce qui fut fait. Ils voulaient également que les éléments du RSP acceptent de se mettre sous les ordres du CEMGA. Pour le Commandant, placer le RSP sous les ordres du CEMGA reviendrait à prendre un nouveau decret abrogeant le premier qui place le RSP sous l’autorité de l’État major de l’Armée de terre.

Le Commandant Abdoul Aziz Korogo a par ailleurs déclaré avoir conduit les négociations avec les unités loyalistes chez le Moogho Naaba pour une sortie de crise. L’accord scellé qui portait sur quatre points, visait selon lui, à montrer au peuple burkinabè qu’il n’y aurait pas d’affrontements.

Voici les quatre points de l’accord :

1. Accepter le cantonnement au Camp Naba Koom II et annexes (Conseil de l’Entente) ;

2 . Céder tous les postes de garde dans la ville de Ouagadougou ;

3 . Les forces armées qui ceinturent la ville de Ouagadougou font reculer les troupes loyalistes de 50 km au début du cantonnement ;

4 - Délai de 72h minimum pour le RSP pour établir le point du matériel en vue du désarmement par la direction du matériel des armées.

Korogo déclare avoir fait l’objet de menaces de la part du soldat Zongo Amado lors du désarmement du RSP. "Ce n’est pas une fierté pour un chef de dire qu’il a été menacé par ses hommes", a déclaré l’accusé. Il a également reconnu avoir contacté le Général Vagondo Diomandé, Chef d’État Major particulier à la présidence ivoirienne, pour lui proposer de faire exfiltrer sa famille en direction de la Côte d’Ivoire. "Le 2 octobre (2015), il m’a rappelé et j’ai dit que ce n’était plus la peine et que ma famille allait rester", a déclaré l’accusé.

Nous y reviendrons

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