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Procès du coup d’Etat : « J’ai donné des avis sur des points précis », se défend le colonel Abdoul Karim Traoré

LEFASO.NET | Dimitri Ouédraogo

Publié le mercredi 3 octobre 2018 à 23h40min

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Procès du coup d’Etat : « J’ai donné des avis sur des points précis », se défend le colonel Abdoul Karim Traoré

A la reprise du procès du coup d’Etat ce mercredi 03 septembre 2018, c’était au tour de l’accusé, le Colonel Abdoul Karim Traoré de se prêter aux questions du tribunal. Il est poursuivi pour un seul fait : complicité d’attentat à la sureté de l’Etat. A cette charge, le prévenu a plaidé non coupable tout en expliquant qu’il n’a fait que donner des avis sur des faits bien précis pendant les événements.

Avant de décliner sa part de vérité, l’accusé a tenu à revisiter l’histoire politico-militaire burkinabè de 1980 à nos jours. Il s’est incliné à la mémoire de ceux qui ont perdu la vie pendant les régimes du colonel Saye Zerbo, du médecin-commandant Jean Baptiste Ouédraogo, pendant la révolution de Thomas Sankara, et sous le régime du front populaire de Blaise Compaoré. Il a aussi eu une pensée pieuse pour Norbert Zongo, les victimes des événements des 30 et 31 octobre 2014 ainsi que de celles du coup d’Etat. Pour sa part, chaque Burkinabè y compris lui-même a sa part de responsabilité dans ces événements du fait de son action ou de son inaction.

En revenant sur les événements du coup d’Etat, il explique que le 16 septembre 2015, il était concentré sur la rédaction de son 2e ouvrage. Vers 14h-16h, il apprend qu’il y aurait des troubles à la Présidence du Faso. Il réussit à avoir le Général Diendéré qui l’invite à le rejoindre au ministère de la défense et des anciens combattants. Il y va après minuit mais n’arrive pas à discuter avec son interlocuteur car visiblement pressé. Il le suit alors au camp Naaba Koom II.

Là-bas, il réussit à le voir et la situation lui est expliquée. Sur le champ, en tant qu’expert en gestion de crise, il propose au Général de rentrer en contact avec les politiques de l’ex CFOP et de l’ex Front républicain pour leur faire savoir que les militaires ne veulent pas le pouvoir. Le Général a acquiescé. Mais le 17, il se rend compte que le Général dans des communiqués suspend la constitution, la charte de la transition et instaure un Etat d’urgence.

Sur cette situation, l’accusé assure avoir attiré l’attention du Général du fait que cela ne pouvait pas être une solution au problème. Il participera par la suite à la rencontre avec les ambassadeurs en poste au Burkina. Le 18 septembre aussi, il était au rendez-vous avec les chefs d’Etat de la CEDEAO. Mais pourquoi s’y est-il rendu et s’est-il permis de proposer des pistes de sortie de crise ? C’est une question du parquet. L’inculpé rétorquera qu’il y est allé et y est resté pour juste des besoins intellectuels.

Pour lui, c’est sa curiosité qui l’a mis dans ces problèmes. Il a voulu juste prendre des notes en tant qu’écrivain. Il n’a donc fait que donner avis sur des faits bien précis. Le parquet a fait cas du rapport de l’expertise des téléphones portables. Il s’y trouve un sms où il demande au Général son moral et lui assure qu’il assume avec lui.
Il reconnait cette partie mais assure qu’il ne s’agit pas du coup d’Etat. Mais, du fait que le Général était presque au bord des larmes car, les hommes ne l’écoutaient plus au sujet de l’arrêt des massacres. Mais en ce qui concerne les écoutes téléphoniques avec des rebelles touarègues, l’accusé a nié.

Le magistrat militaire a reconnu avoir reçu 5 millions du Général Diendéré. Cependant, il pense que c’est pour soutenir la parution de son livre. L’un de ses avocats, Me Zongo K Thimothée, a assuré qu’il ne voit aucun élément de complicité de son client. Il ne voit pas l’aide que le Colonel Traoré a apportée au Général Diendéré.
Dans sa narration des faits, l’accusé a fustigé la façon dont il a été arrêté. Il a estimé qu’en tant que magistrat, il aurait fallu une procédure spéciale. Faux, rétorque Me Kam de la partie civile. Pour lui, cette loi a été abrogée avec la disparition de la cour suprême. L’interrogatoire de l’accusé se poursuivra ce jeudi 04 septembre 2018.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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