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Sam’s K le Jah : animateur, artiste musicien rasta

Publié le lundi 18 juillet 2005 à 07h29min

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Sam’s K le Jah, un nom atypique qui, prononcé dans les recoins des rues du Burkina Faso, ne laisse personne indifférent. De son vrai nom Sama Karim, l’homme est l’animateur de la célèbre émission reggae de "Ouaga FM" et artiste musicien. Aujourd’hui, affaibli par l’arthrose, Sam’s K le Jah a besoin de 12 millions de francs CFA pour se soigner.

Dans cet entretien, il nous parle de sa vie, de ses coups de gueule mais aussi et surtout, de l’impact de son émission sur son auditorat

Sidwaya Plus (S.P.) : Aujourd’hui, une arthrose vous affaiblit, comment luttez-vous contre cette maladie ?

Sam’s K le Jah (S.K.J.) : Mon premier remède contre l’arthrose c’est la foi en Dieu. Il est vrai que c’est assez fort comme douleur mais je fais tout pour surmonter cette douleur. Pour la surpasser. Avec la foi et la force en Dieu, je peux y arriver. Aussi, j’essaie de manager un peu la jambe qui me fait mal.

Depuis décembre 2004, j’ai décidé de tourner le regard vers la médecine traditionnelle. Pendant longtemps, j’ai été sous des calmants mais au fur et à mesure, ce sont des doses. Et de dose en dose, cela crée une accoutumance. De ce fait, depuis décembre 2004, j’ai pris la décision de ne plus avoir à faire à ces produits pharmaceutiques parce qu’ils ne me guérissaient pas. Au fil du temps, ton corps s’habitue à tel produit et il faut toujours changer de dose. Cela à mon avis, risquait de me créer d’autres problèmes. De ce fait, il était mieux que je me tourne vers la médecine traditionnelle.

S.P. : Pour soutenir votre hospitalisation en Europe, dont le coût s’éleverait à 12 millions de francs CFA, un mouvement "Tous pour le Jah" est né en vue de collecter des fonds. A ce jour, quel bilan financier faites-vous de ce mouvement ?

S.K.J. : Au début, j’ai beaucoup hésité quant au lancement de ce mouvement. Des collègues à la radio et des amis m’en avaient déjà parlé mais j’ai retorqué qu’il ne faut pas prendre ma maladie pour en faire le drapeau du Burkina. Il est vrai qu’à travers mes émissions et tout ce que je fais sur le terrain, beaucoup de gens ont de la sympathie pour cela. Dieu merci.

Mais j’ai un peu honte de vous dire que depuis le 14 mai, jour où l’opération a été lancée jusqu’au jour où je vous parle, nous n’avons pas encore réuni la somme de 600 000 FCFA. Cela vous étonne sûrement, mais c’est la réalité. La présidente du Fan club, celle-là même qui a initié le "Fan club tous pour le Jah" était au bord des larmes, la fois dernière. Elle n’en revenait pas et clamait que cela n’était pas possible. Je lui ai dit que c’est ça la vie.

C’est à travers les épreuves que l’on découvre la réalité d’un certain nombre de choses. Partout où tu passes, on crie "Sam’s K le Jah", pour eux, cela suffisait pour qu’en un clin d’œil, l’argent soit réuni. J’ai un peu honte d’insister qu’on n’a même pas encore eu 600 000 FCFA. Les caisses sont au niveau des radios où les gens peuvent passer déposer leurs dons. Cependant, je ne sais pas s’il faut en rire ou en pleurer mais c’est ça la réalité.

S.P. : De ce fait, quelles sont vos attentes à l’égard des Burkinabè afin de vous aider à lutter contre cette maladie ?

S.K.J. : Je n’attends rien de personne. Il faut qu’on soit franc. Quand, par exemple, vous êtes dans un village et l’on vous dit qu’il y a une case qui brûle, vous n’attendez pas que l’on vienne vous dire "écoutez, il y a une case qui brûle, venez éteindre le feu !" C’est une réaction qui doit être spontanée. Le minimum lorsqu’on a une certaine foi en Dieu c’est de secourir les personnes en danger. Sinon, cela devient une non-assistance à personne en danger. L’on me dit "pourquoi l’Etat ? ... Pourquoi le ministère ... ?"

Mais les gens sont trop protocolaires. Sinon, la télévision nationale en a parlé, un reportage est même passé dans le journal télévisé par rapport à la maladie que je traîne. Il y a eu l’intervention du médecin-soignant pour dire que mon mal peut et doit être soigné. Mais, les soins doivent se faire outre-mer c’est-à-dire en Europe. Alors, je ne sais pas ; peut-être qu’on attend que je demande une audience au président du Faso pour lui dire "ben, voilà M. le président, en tant que citoyen de ce pays, je contribue aussi au développement de ce pays.

Aujourd’hui, j’ai une douleur qui m’empêche de travailler alors je voudrais que, M. le président, vous fassiez quelque chose pour que je puisse me soigner". Si c’est ce que l’on attend (rires) je ne sais vraiment pas quoi dire. Chacun est dans son petit coin et se bat comme il peut. De toute façon, je suis en train d’explorer beaucoup de voies afin de pouvoir me permettre d’aller me soigner. Que cela passe par mon pays ou pas, je sais que Dieu trouvera le chemin. Si le Seigneur m’a fait vivre cette épreuve, c’est pour comprendre davantage le monde et les êtres humains.

Cela va permettre à Sam’s K le Jah et à d’autres personnes de comprendre que tout ce qui brille n’est pas de l’or. Il faut à certains moments compter sur sa propre personne. Le 2 juin passé, à la radio, je me suis fracturé la bonne jambe en descendant des escaliers. Je ne marche pas très bien équilibré avec la bequille. J’ai alors fait 3 à 4 semaines sans bosser. Beaucoup de gens ont pensé que j’avais eu l’argent pour les soins en Europe. Alors quand ils me rencontrent en circulation, ils me disent "bonne arrivée, bonne arrivée".

Je leur dis non, je suis toujours là mais je m’étais fracturé la jambe. Dieu merci, c’est au village que je me suis fait rétablir la jambe fracturée. Occasion pour moi d’affirmer qu’il faut que les Africains en général et les Burkinabè en particulier prennent conscience qu’avant que les Blancs n’arrivent avec la médecine moderne, nos parents se soignaient. J’en ai une preuve avec ma jambe qui était fracturée. En trois semaines, on m’a remis ma jambe comme si elle n’avait jamais été fracturée. Je n’affirme pas que la médecine moderne n’a pas sa place mais, il faut que du lavage de cerveau, les gens prennent conscience qu’il y a eu des mensonges par rapport à tout ce qui nous entoure à certains niveaux. Les deux médecines doivent se compléter.

S.P. : Vous êtes animateur d’une émission reggae sur "Ouaga FM", comment êtes-vous venus à la radio puisque vous êtes professeur d’anglais de formation ?

S.K.J. : Je ne peux pas vous dire exactement ce qui m’a amené à la radio, parce que je n’ai jamais rêvé faire la radio. J’ai plutôt rêvé pour la musique pas dans le sens classique "depuis l’enfance ... etc." Mais il y a des choses qui se dessinent dès l’enfance.

Depuis l’enfance, on interprétait des chanteurs et on avait envie de chanter mais, on n’avait pas à l’esprit la clarté de ce que l’on allait faire. Nous interprétions les musiques en vogue en ce moment : le "ziglibiti", de Ernesto Djédjé, le reggae avec certaines chansons d’Alpha Blondy en 1983 et 1984, dates de sa révélation à la jeunesse africaine. L’on utilisait des boîtes de tomates pour faire les batteries d’orchestre avec des cartons. Les guitares aussi étaient en boîtes un peu plates faites de cables de frein avec du bois. L’on se fichait des notes jouées pourvu seulement que cela émette des sons. Je me rappelle que la chanson d’Alpha Blondy que j’aimais beaucoup interpréter était "Dunia".

J’ai grandi avec ça. Mais ce qui m’a beaucoup orienté vers le reggae c’est la langue, l’anglais. C’est une langue que j’ai aimée depuis que j’étais petit. A cet effet, il y avait un tailleur ghanéen non loin de notre domicile. Il parlait l’anglais et l’ashanti. De temps à autre, je m’approchais de lui pour lui demander la signification de certains mots anglais depuis la classe de CM2.

Je m’apprêtais à aller au collège. Et du fait que j’allais étudier cette langue, il était bon pour moi d’avoir quelques notions là-dessus. Le Ghanéen m’apprenait déjà la langue à travers des morceaux de reggae. Petit à petit, cela a commencé à venir et lorsque j’ai eu mon certificat, mes parents m’ont envoyé au Burkina Faso. J’ai continué à m’interesser à l’anglais jusqu’à ce que j’obtienne mon baccalauréat et que je poursuive l’anglais à l’Université.

Déjà au lycée mixte de Gounghin où j’ai fréquenté je faisais des posters de Bob Marley les 11 mai. J’organisais à l’occasion des petits "spécial Bob Marley". En classe, j’exposais des dessins de Bob Marley et l’on m’a plusieurs fois sanctionné pour cela. Ce sont des actions que je posais sans pour autant me dire qu’un jour je serais un spécialiste. J’aimais le reggae et je voulais le partager avec beaucoup de gens. En 1995, à l’Université de Ouagadougou, la défunte radio "Energie" a organisé un "spécial Bob Marley".

C’était en mai 1995 où Jah Press, l’animateur de l’émission reggae de la radio "Energie", cherchait une personne qui a des connaissances sur le reggae et particulièrement sur Bob Marley pour le spécial. En ce moment, il n’y avait pas assez de documentation sur le reggae mais j’étais beaucoup en avance sur plusieurs personnes. J’étais à l’affût de tous les documents relatifs au reggae, au rastafarisme, à Bob Marley, Peter Tosh, Burning Spear, etc. Jah Press m’a alors invité à son émission au cours de laquelle nous avons eu un entretien d’une heure de temps. Il a fait une émission spéciale et exceptionnelle ce jour-là.

Il m’a dit qu’il était surpris de voir un jeune Burkinabè avec autant de connaissances sur le reggae, sur Bob Marley. Le lendemain, il m’a invité pour une autre émission parce qu’il y a beaucoup de gens qui l’avaient appelé pour le féliciter et demander qu’on refasse une autre émission. J’interprétais en français beaucoup de chansons de Bob Marley et je traduisais tous les titres qu’il faisait passer.

Après cela, il m’a fait savoir dans les couloirs qu’ils avaient une tranche de reggae et si cela m’intéressait je pouvais venir l’animer. Je lui ai dit que cela ne m’intéressait pas. Effectivement, cela ne m’interessait pas parce que je n’ai jamais rêvé faire la radio. Il faut être critique par rapport à un certain nombre de choses. Il y a des animateurs qui, lorsque tu les écoutes, ça t’énerve et tu te dis "mais si tu ne sais pas animer tu arrêtes".

Pour moi, le micro, c’est quelque chose de très sacré. Quand on prend un micro, il faut faire passer un message positif. Cela est pareil pour la musique aujourd’hui. Quelqu’un me demandait pourquoi le "reggae-musique" ne se vend pas trop aujourd’hui. J’ai répondu que les musiques qui se vendent aujoud’hui sont des musiques inconscientes. Que les gens m’en excusent mais c’est la réalité. Des musiques sans message.

Le seul message qu’on puisse donner aux jeunes c’est par exemple de faire le malin avec son portable, sa chemise, sa chaussure ou que sais-je encore. La jeunesse africaine n’est pas à cela. Pendant que les Japonais sont en train de travailler pour pouvoir avancer, de même que les Américains, les Français, en Afrique ce que l’on apprend aux jeunes c’est d’aller fêter la bière pendant une semaine.

Encore une fois, je voudrais qu’on me fasse le bilan de cette fête de la bière que l’on a organisée dans notre pays. Des femmes qui ont été battues par leurs maris alcooliques, des jeunes qui sont morts en circulation. Tous ces dégâts, l’on n’en parle pas. Cela n’est pas normal. Où se trouvent les droits de l’Homme, les associations des consommateurs ? Que veut-on apporter à cette jeunesse d’aujourd’hui ? Il faut que les gens comprennent que nous avons de la valeur en tant que jeunes africains. Nous sommes capables de transformer ces valeurs en valeurs positives pour apporter notre contribution à l’édification de notre pays d’abord. Ensuite, notre pays doit servir d’exemple aux autres nations.

Je ne sais pas si cela est évident pour tout le monde mais, le Burkina devait être fier d’avoir eu un homme de la trempe de Thomas Sankara. Partout sur cette planète, on parlera de ce monsieur. Tu prends un Américain qui réalise quelque chose d’exceptionnelle et tout de suite, il est dans les livres d’histoire.

Mais dans nos pays en Afrique, quand tu fais ou pose un acte exceptionnel, le régime ou le pouvoir qui te succède fait de tout son possible pour effacer tes traces. La preuve : Lumumba par la manière dont il a été assassiné. Il a été mis dans de l’acide pour qu’il ne reste de lui une trace quelconque. Cela est triste. C’est ce que j’ai voulu dire déjà dans mes émissions. Puisque je sais que ce sont des vérités qui ne passent pas ici, lorsqu’on m’a approché pour l’animation, j’ai décliné l’offre. Mais ils ont insisté. Je me rappelle qu’entre le 11 mai 1995 et le 25 juin de cette même année il s’est écoulé quelque temps. C’est le 25 juin 1995 qu’on a pu me convaincre pour faire un essai. L’émission se déroulait tous les jeudis de 15h à 16h sur radio "Energie". Ils m’ont dit "viens essayer, si cela te plait, tu continues. Dans le cas contraire, tu es libre".

Je suis allé et j’ai fait ma première émission radio le 25 juin 1995 et ça je ne l’ai jamais dit à quelqu’un si ce n’est à vous (rires). J’ai encore mon cahier où je faisais mes playlists. De temps en temps, je le prends et le lis pour rire. Je me rappelle certains titres que j’ai joués ce jour-là. En ce moment, j’écrivais tous mes commentaires en les faisant avec le tract. A la fin de l’émission, le PDG dans le couloir demandait à connaître le jeune qui s’exprime ainsi. Ceux qui étaient là lui ont dit que c’est moi qui venais de faire l’émission reggae.

Le PDG a dit qu’il avait suivi l’émission c’est pourquoi il cherchait à me voir pour me féliciter et m’encourager. Il m’a laissé entendre que malgré qu’il ne soit pas "reggaeman", l’émission lui a rappelé certains souvenirs de sa jeunesse. Il m’a invité à continuer parce que je pouvais aller loin. Alors nous avons travaillé ensemble jusqu’à ce que la radio Energie soit fermée. J’ai été au chômage pour un temps jusqu’à l’ouverture de la radio "Ouaga FM" en 1999.

L’on m’a fait appel, j’y suis allé et aujourd’hui je suis le chef de programme de cette radio. Tout cela pour dire que j’ai fait ma formation pour être professeur d’anglais. J’ai enseigné durant quelques années mais au fait, j’ai compris que ce qui m’apportait le plus de vibrations positives c’était la radio, la musique. L’on fait ce qu’il veut faire mais en fait l’on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve et nous impose après.

S.P. : Sam’s K le Jah derrière le micro est-il un leader de jeunes, un leader charismatique ou un simple citoyen qui veut faire passer son message de "vibrations positives" ?

S.K.J. : Je suis un simple individu qui, dans son coin a une certaine vision du monde. Un individu qui pense que l’on peut vivre dans un monde meilleur si les gens le veulent réellement. Cela n’est pas compliqué. Très souvent, je donne des exemples de façon banale. Prenez la santé. Lorsque tu tombes malade, il faut que les choses se gèrent de façon individualiste. Tu dois te débrouiller pour avoir ton argent en vue d’aller te soigner. Or, si dans la société l’on se disait qu’il était nécessaire de faire une caisse entre 10 personnes où chaque membre cotiserait 100 F par mois, le jour où l’un d’entre eux tombe malade, l’on peut se servir de cet argent pour le soigner. Cela n’est pas compliqué. Mais, le problème dans ce genre d’initiative c’est qu’on trouvera des gens qui diront que de toutes les façons, ils ne tomberont pas malade.

S.P : Mais il y a la Caisse nationale de sécurité sociale ?

S.K.J. : Je suis affilié à cette caisse. Mais c’est le propre de l’Afrique. L’on affirme tout de go qu’il y a la sécu. Si tu es malade, on va te soigner gratuitement même quand tu ne travailles pas. On est citoyen, donc, on a d’office droit à la vie. Dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, le premier droit cité est le droit à la vie. Il s’agit de vivre d’abord pour jouir des autres droits. Mais, dans nos pays africains tout porte à croire le contraire. Nonobstant cet état de fait, il y a de l’argent dans nos pays. Des députés circulent dans des voitures que les ministres en Europe ne se permettent pas d’acheter. Des véhicules de dizaines de millions circulent à Ouagadougou. Nous en parlons afin que les gens réfléchissent et sachent que si l’on doit avancer cela ne doit pas se faire de façon égoïste.

Sinon, si c’est ainsi, nous nous retrouverons tous dans un trou un jour. Il me plaît de dire cela même si ça blesse certaines personnes. Ouaga 2000 est très beau. Mais Ouaga 2000 aura son importance quand le reste du peuple aura à manger et pourra se soigner. Ce sont de belles maisons où les gens doivent y vivre seulement s’il y a la paix. S’il y a la guerre dans ce pays, ceux qui ont construit Ouaga 2000 n’y dormiront pas. Ce sont des choses évidentes.

Prenons l’exemple malheureux de la Côte d’Ivoire. Durant combien d’années sont-ils en guerre ? Depuis quand les fonctionnaires ont-ils été payés ? Comment est-ce que ceux qui sont malades se soignent-ils ? Il y a des régions où ils n’ont même pas d’eau courante, ne parlons pas d‘électricité. Imaginez-vous leur existence ? Des familles ont été brisées, des femmes violées etc. C’est aujourd’hui que l’on comprend tout le sens de cette phrase d’Houphouët Boigny qui disait que le vrai bonheur on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu ? Aussi "la paix ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement".

Je pense que c’est l’occasion de rappeler à ces grands frères qui sont en train de se tirailler pour le fauteuil présidentiel qu’ils doivent penser d’abord au peuple du ghetto. Lors des élections, c’est nous qui nous alignons sous le soleil et la pluie, pour les voter. Nous ne les votons pas parce qu’ils sont beaux. Non. Nous les votons en se disant qu’ils sont des hommes en qui nous plaçons notre confiance afin qu’ils nous permettent de sortir du trou. Cependant, j’ai remarqué que ce sont ceux-là en qui nous plaçons notre confiance qui se trouvent être nos propres foussoyeurs. D

onc derrière le micro, c’est le message que je veux faire passer simplement. Je ne veux pas jouer les martyrs ou les héros etc, mais j’exprime mes sentiments, mes pensées. Heureusement, ce sont des sentiments que je partage avec beaucoup de gens. Lorsque tu fais ton émission cela te surprend que ce soit des jeunes élèves, des étudiants, des fonctionnaires, bref toutes catégories socio-professionnelles, hommes comme femmes s’intéressent à ce que tu fais.

Or, certains disent que la musique reggae est une musique de bandits, de drogués. Pourtant, 90% de mes auditeurs font partie de ceux que nous sommes convenus d’appeler les gens de la haute société. Des députés m’appellent souvent pour me féliciter et certains m’ont même rencontré. Il y a des militaires, des policiers, des gendarmes aussi. Donc, toutes les classes socio-professionnelles possibles. D’autres m’ont fait savoir que même si je ne joue pas de musique, le simple fait de parler est suffisant pour eux.

Des personnes désespérées m’appellent pour me dire "j’ai écouté ton émission aujourd’hui et sincèrement grâce à toi j’ai encore la force de continuer la lutte". Il y a un Burkinabè qui réside actuellement aux Etats-Unis. Il m’a envoyé un poster géant de Malcolm X car pour lui, je suis son Malcolm X. Or je ne le connais même pas. Il m’a simplement téléphoné un jour pour me dire qu’honnêtement, il veut me dire merci pour ce que j’ai fait pour lui. Je lui ai dit mais comment ? Il m’a dit que je ne pouvais pas le savoir. Il a traversé un moment difficile au Burkina. Et chaque fois, il attendait le vendredi ou le dimanche pour écouter mon émission parce que c’était le seul remède pour lui. Il avait voulu se suicider et un jour j’ai fait un commentaire qui lui a changé les idées.

Aujourd’hui, il est aux Etats-Unis et il m’a appélé pour me dire infiniment merci. Comme cadeau, il m’a identifié à Malcolm X en m’envoyant son poster. Il est clair qu’aujourd’hui, nous devons donner un sens à notre vie. C’est le plus important. Nous n’avons pas le droit de vivre comme une feuille morte qui, tombée de l’arbre va toujours dans la direction du vent qui souffle. Je prie Dieu pour ne pas être comme cela.

Entretien réalisé par Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 18 juillet 2005 à 12:46, par 2saint En réponse à : > Sam’s K le Jah : animateur, artiste musicien rasta

    Tout notre soutien au frère Sam’k le Jah et surtout bon courage à lui. Je voudrais avoir son addresse e-mail svp ! Merci.

  • Le 3 octobre 2005 à 13:04, par Alfa Touré En réponse à : > Sam’s K le Jah : animateur, artiste musicien rasta

    Merci pour cet article sur l’homme.
    Je suis un ami de lui vivant actuellement en Europe et je vous assure que l’article m’a ramené Ska et tout les autres des annèes fac
    Mille fois merci

  • Le 5 janvier 2007 à 15:39, par pascal En réponse à : > Sam’s K le Jah : animateur, artiste musicien rasta

    bravo sam’s K pour ton emission, elle en envoie !!
    j’aimerai t’écouter depuis la france comment faire ? Le site ouaga fm ne marche pas !
    Un français de retour de Ouaga
    Continue ce que tu fais - tu as tous nos encouragements !

  • Le 21 janvier 2008 à 18:25, par TOSH En réponse à : Sam’s K le Jah : animateur, artiste musicien rasta

    Merci pour cet article.
    Je souhaite bcp de courage à l’artiste et exhorte toute la population à le soutenir financièrement.
    Je souhaiterais écouter ses émissions via internet.
    mon mail : goua_p@yahoo.fr

  • Le 7 mars 2009 à 13:39 En réponse à : Sam’s K le Jah : animateur, artiste musicien rasta

    slt a tout les fans de sam’s ka le jah.
    moi je me nomme carlos.j’ai bcp chercher a avoir
    les news de SKJ mais zero et aujourd’hui par un simple
    hasard je vois un peut d’info sur lui..bref..
    j’aimerai juse dire ke SKJ est vraimen le genre de messaggé
    ke les jeunes devraient suivre.a premiere fois ke j’ai ecoute son emission j’etais de lui par ce kil disait
    (ex:jeunesse africaine il faut lire les livres,si a 15 tu e sais pas ce que tu veut ds la vie commence a dout de toi)ce sont des phrase ki m’on bcp marqué puisque c’etait la première fois ke j’attendais quelqu’un dire cela...
    SKJ kje dieu te garde en bonne sante...
    reste av nous on n’a besoin de toi...peace and love

  • Le 27 février 2011 à 06:56, par L’etudiant international En réponse à : Sam’s K le Jah : animateur, artiste musicien rasta

    Vraiment le Jah merci pour tout ce que tu fais pour la jeunesse africaine. Que Dieu te le rende au centuple.
    Actuelement je suis burkinabe resident aux Etats Unis peux tu me dire comment es ce que nous pouvons contribuer pour ta guerison ? Prend grand soin de toi mon grand.

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