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Auditions du putsch : Un conflit d’intérêts plane sur Me Bali Baziémo

LEFASO.NET | Par Herman Frédéric Bassolé

Publié le mardi 24 juillet 2018 à 23h58min

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Auditions du putsch : Un conflit d’intérêts plane sur Me Bali Baziémo

Ce serait une première, depuis le début des interrogatoires, qu’un avocat se retrouve coincé dans la défense de ses deux clients, en cas de confrontation. Le mardi 24 juillet, dans l’après-midi, Me Bali Baziemo, avocat du Major Badiel Eloi, a décidé de défendre le Sergent-chef Boué Siénimi Médard, qui avait pour conseil, le Cabinet d’avocats Yamba.

De l’audition du sergent-chef Siénimi Médard Boué (sergent au moment du coup d’État), il ressort qu’il est descendu de garde le 15 septembre 2015 et devait reprendre le service le 17. Pour raison de santé, il ne s’est pas rendu au sport matinal du 16 septembre au camp. Ce n’est que dans l’après-midi que son épouse, gendarme de profession, l’a informé que les autorités de la Transition ont été arrêtées et qu’il devait capter la radio. Avant de se saisir de son poste récepteur, il reçoit un appel téléphonique du major Eloi Badiel qui lui demande sa position. « J’ai dit que j’étais à la maison et il m’a dit de ne pas me foutre de lui. Je précise qu’il ne m’a pas dit de venir au camp », relate l’accusé.

Le 17 septembre, une fois au palais présidentiel, il rencontre le major Badiel en compagnie de l’adjudant Jean Florent Nion, qui lui tint à peu près ce langage : « Tu n’es pas un jeune militaire, alors quand il y a une situation au camp, tu dois venir ». En repartant au garage pour se changer, l’adjudant Nion lui dira également que son attitude n’est pas celle d’un militaire.
Une fois au garage, Siénimi Médard Boué déclare qu’il a refusé un ordre du sergent-chef Mahamado Bouda d’aller garder les autorités de la Transition.

Alors que le public était tout ouïe pour écouter le récit du sergent-chef, le président du tribunal, Seidou Ouédraogo, intervient et demande à Me Bali Baziémo s’il ne craint pas un conflit d’intérêts dans la défense des deux accusés, Boué et Badiel. La crainte est partagée également par le parquet militaire et les avocats des parties civiles qui avancent que cette situation pourrait conduire l’avocat à prendre position pour l’un de ses clients en cas de confrontation.
Face à ce dilemme, Me Baziémo a demandé au tribunal la suspension de l’audience pour une journée, afin de gérer la question avec ses clients.

La suspension ne sera pas accordée et l’audience s’est poursuivie avec l’interrogatoire du soldat de 1re classe Hamado Zongo, qui purge déjà une peine de 10 ans dans l’affaire de l’attaque de la poudrière de Yimdi. 24e accusé à passer à la barre, il a reconnu s’être rendu à Zorgho avec le sergent-chef Ali Sanou et d’autres soldats (Boureima Zouré, Mohamed Siguiri, Laoko Mohamed Zerbo, Ollo Stanislas Poda) sans connaitre au préalable l’objet de la mission. « Je ne savais pas ce qu’on allait faire et je ne sais pas ce qui s’est passé après.

C’est le juge d’instruction qui m’a dit que nous sommes allés à Zorgho pour détruire une radio », a relaté le soldat. Pourtant, il ressort des procès-verbaux d’audition de l’instruction que le soldat de 1re classe reconnaît que c’est une dame de « teint bronzé », vue à l’entrée de Zorgho à bord d’un véhicule de marque Mercedes, qui a mis le feu à la radio Laafi.

L’accusé a déclaré avoir eu quelques bisbilles avec le juge d’instruction qui lui aurait signifié que ce ne n’est pas à lui de lui apprendre à faire son travail.

L’interrogatoire se poursuit demain à partir de 9h.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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