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Procès du coup d’État manqué : le caporal Amidou Drabo affirme avoir été torturé lors de son interpellation

LEFASO.NET | Par Dimitri OUEDRAOGO

Publié le mercredi 18 juillet 2018 à 22h17min

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Procès du coup d’État manqué : le caporal Amidou Drabo affirme avoir été torturé lors de son interpellation

A la suite du soldat de 2e classe Seydou Soulama, c’était au tour du caporal Amidou Drabo de se présenter à la barre. Il lui est reproché des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtres de 13 personnes, de coup et blessures sur des personnes et destruction de biens d’autrui. L’accusé a nié les faits. Il n’a pas non plus reconnu les procès-verbaux dressés devant le juge. L’accusé dit avoir été plutôt torturé lors de son arrestation ; en plus, lors de son audition, il voyait un supérieur hiérarchique en lieu et place d’un juge.

Le caporal dit ne pas connaitre les faits qui lui sont reprochés dans le dossier du coup d’Etat. Selon lui, c’est le 17 septembre 2015 au matin que, constatant son absence, son promotionnaire, le sergent Djerma l’aurait joint par l’intermédiaire du sergent-chef Roger Koussoubé. Son interlocuteur lui a demandé pourquoi il n’est pas au camp, alors que le quartier était consigné depuis la veille. Arrivé, l’accusé dit avoir vu au tableau de renseignements qu’il était dans le groupe du sergent-chef Lawoko Zerbo. C’est à ce moment aussi qu’il a appris que les autorités de la Transition étaient arrêtées. Sa mission, lors des événements, étaient d’enlever les barricades. Il a été au studio Abazon et a juste surveillé un secteur.

Après cette narration, le parquet tente de le confondre avec ses déclarations consignées dans les procès-verbaux. Dans ces pièces par exemple, il aurait déclaré avoir participé à une réunion qui a abouti au coup d’Etat. Il aurait donc participé à l’enlèvement des autorités.
L’accusé a rejeté tous les procès-verbaux en bloc. Pour lui, ces pièces ne sont que de la pure invention du juge. Il narre avoir fait l’objet de tortures lors de son arrestation à la gendarmerie.

Une fois devant le juge pour sa première comparution, le juge l’aurait menacé. C’était un commandant, son supérieur, donc il aurait signé ce premier procès-verbal sans connaitre véritablement le contenu.
C’était le même sentiment qui l’animait lors de l’interrogatoire au fond. Il a aussi signé pour la forme. Même lors des confrontations (deux fois) avec d’autres accusés en présence de certains avocats, l’inculpé a rejeté les déclarations qu’il y aurait tenues.

L’accusé est resté droit dans ses bottes. Il a demandé au président du tribunal de ne considérer que les propos qu’il a tenus devant lui. Il affirme n’avoir pas fait usage de son arme lors de ses sorties. Pour étayer sa culpabilité, le parquet sort entre temps une pièce contenue dans le plumitif. Seulement, cette pièce, notera l’avocat de l’accusé, ne se trouve pas dans le dossier.
Il a donc demandé au tribunal de la faire retirer. Un autre de la défense enfonce le clou en disant que le comportement du parquet était déloyal. Le tribunal est revenu à la charge en disant qu’il statuera sur cette question. En attendant, le parquet peut se prévaloir de la pièce mais si toutefois il donnait raison à la défense, ladite pièce ne serait pas considérée lors des décisions.

Après le caporal Drabo, c’était au tour de l’adjudant Michel Birba de répondre à la barre. Rendez-vous est donc pris pour le vendredi 19 juillet 2018.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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