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Disparition de Salifou Diallo : Des députés racontent l’homme et se projettent sur sa succession

Publié le lundi 21 août 2017 à 00h51min

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Disparition de Salifou Diallo : Des députés racontent l’homme et se projettent sur sa succession

Dr Salifou Diallo, le président de l’Assemblée nationale du Burkina est décédé le 19 aout 2017, à Paris en France. Le lendemain de cette disparition, les députés de la 7e législature se sont réunis pour échanger sur les obsèques du désormais ex-président dont la dépouille devrait arriver le mercredi prochain. L’émotion était palpable sur les visages. Tous, élus de l’opposition comme de la majorité semblaient marqués par cette disparition soudaine. Mais, certains d’entre eux nous ont raconté ce qu’ils retiennent de l’homme et comment, ils appréhendent l’avenir. Tous reconnaissent en lui un grand leader qui va manquer à la classe politique burkinabè. Et appellent à pérenniser l’héritage qu’il leur lègue

Daouda Simboro, président du groupe parlementaire UPC : « C’est quelqu’un qui vous impacte toujours, positivement ou négativement »

Je commence par présenter mes condoléances à la famille éplorée de la disparition du président Salifou Diallo, ensuite à l’ensemble de la nation burkinabè qui perd là un digne représentant, un digne fils, un fils qui l’a toujours porté dans le cœur, dans les propos, dans les actions. Il a toujours porté le Burkina dans tout ce qu’il faisait. Pour tout cela, je m’incline devant l’homme, puisse-t-il reposer en paix, puisse le Seigneur l’accueillir auprès de lui.

Salifou Diallo, qu’on l’aime ou pas, il fait forçait l’attention. Il retenait toujours l’attention parce qu’il a une certaine constance et une détermination dans tout ce qu’il engageait. Le résultat était toujours important à ses yeux. Alors, pour cela, rarement, on l’a senti refuser de mobiliser les moyens qu’il faut. L’autre chose aussi qu’on peut retenir de lui, c’est que tous ceux qui l’ont côtoyé, ceux qui travaillé avec lui, ce qui l’ont soutenu, il a toujours gardé une certaine fidélité envers tous ces gens. Ce n’est pas très courant en politique d’observer une telle constance, une telle détermination dans tout ce que l’on fait. C’est quelqu’un qui ne vous laisse jamais indifférent, il vous impacte toujours, positivement ou négativement. Son contact ne vous laisse jamais indifférent et je pense que c’est le trait de caractère des grands hommes politiques.

Au niveau de l’Assemblée nationale, le parti qu’il présidait compte 54 députés et 55 avec l’arrivée de son suppléant, je pense qu’ils pourront trouver la personne indiquée pour reprendre le flambeau et achever le mandat de la 7e législature. Mais, est-ce qu’il faut se demander si on peut trouver quelqu’un qui a sa carrure, sa poigne, sa maestria, il ne faut pas chercher cela parce que Salifou Diallo ne s’est pas construit en un seul un jour, un an ou en dix ans.

Ça fait trois décennies que nous voyions Salifou Diallo dans le paysage politique et ce qu’il a capitalisé en trente ans, je ne pense pas qu’on puisse désigner parmi les 127 députés de l’Assemblée nationale quelqu’un qui a sa trempe. Peut-être qu’on fera monter quelqu’un qui va se forger au contact de l’action parlementaire, au contact de la diplomatie parlementaire. On trouvera peut-être un député beaucoup plus jeune, je ne sais pas, mais c’est au MPP de décider de qui ils retiennent pour prendre la succession de Salifou Diallo.

Marie Rose Romée Sawadogo/Ouédraogo, présidente du groupe parlementaire Paix, justice et réconciliation nationale : « Lui rendre hommage, c’est aller dans la continuité de son esprit »

Marie Rose Romée Sawadogo Ouédraogo, député ADF-RDA

Je retiens de Salifou Diallo que c’est un homme qui n’avait pas peur de se battre pour ce en quoi il croyait. C’était quelqu’un de direct, mais c’était quelqu’un aussi qui avait un sens aigu du fait qu’on devait, coût que coût, arriver à la cohésion au niveau de l’Assemblée nationale et qu’il y ait une représentation de toutes les opinions de tous les bords politiques. Ça, c’est l’œuvre des grands hommes. C’est vrai que parfois, il avait un langage assez dur, mais ça, c’est le ressort des ressortissants du Yatenga. Nous sommes francs, directs et nous n’avons pas peur de dire les quatre vérités à des adversaires.

En dehors de cela, si nous prenons l’homme social, c’est quelqu’un qui s’intéressait au sort des autres et il a toujours essayé de venir en aide aux députés. Lorsqu’il apprenait qu’un député était malade et qu’il nécessitait des soins ou il fallait l’évacuer, immédiatement, il mettait tout en œuvre pour permettre d’amener la personne pour pouvoir la sauver. Donc, ce sont des valeurs humaines qu’il faut retenir. C’est ce que je retiens de l’homme.

Pour l’avenir, nous nous devons de préserver cet esprit de cohésion, cet esprit d’unité. Nous devons savoir que tous les députés, tout bord confondu, sont là pour le meilleur devenir du Burkina Faso et que c’est main dans la main que nous pourrons améliorer le sort de nos concitoyens et que ce n’est pas divisé qu’on arrivera à quelque chose. Et faire ça, c’est lui rendre hommage, c’est aller dans la continuité de son esprit.

Aziz Diallo, membre du groupe parlementaire Burkindlim, député-maire de Dori : « Dédions-lui le reste de ce mandat »

Aziz Diallo, membre du groupe parlementaire Burkindlim, secrétaire parlementaire

C’est un moment de tristesse, c’est un choc et nous avons des difficultés à nous en remettre. Je tiens d’abord à m’incliner valablement sur la mémoire de ce grand homme, de ce grand Burkinabè et adresser mes condoléances à toute sa famille, à tous ses proches et à toute la nation burkinabè. Au-delà du fait que nous avons perdu le président de l’Assemblée nationale qui est la 2e personnalité de l’Etat, nous avons perdu un grand Burkinabè qui s’est donné corps et âme pour ce pays.

J’ai eu l’occasion de le côtoyer à l’hémicycle depuis les dernières élections et il y a une constance sur ses prises de positions, sur ses opinions, sur ses actions. Il travaillait et voulait qu’on travaille pour changer les choses, il n’était pas fataliste, il voulait qu’on travaille pour que les Burkinabè sentent le changement dans leur vie. On peut dire qu’il a sacrifié sa vie pour cela parce qu’il avait une santé fragile et il ne l’ignorait pas. Mais, malgré cela, il était là à chaque activité, à chaque session.

Ces derniers jours avant de voyager, il était venu à Dori pour la sortie des élèves de l’ENEP et pour la pose de la première pierre du lycée de Dori. Dès qu’il est revenu, il était à Bobo-Dioulasso le lendemain pour la finale de la coupe de l’Assemblée nationale, après à Banfora, dans la Léraba, dans le Kénédougou. C’est un monsieur qui disait qu’il fallait aller au contact des populations et qu’il fallait s’investir pour que les Burkinabè, dans leur ensemble, vivent mieux.

Au niveau de l’Assemblée, ce qu’il a fait au début de la législature, il a imprégné un esprit de consensus, un esprit de cohésion. Sa porte était ouverte pour tout le monde, la majorité comme l’opposition. Il respectait les points de vue, il prenait le temps d’expliquer ses points de vue. Il a toujours recherché le consensus.
J’en suis à ma première expérience parlementaire, mais cela m’a beaucoup marqué. J’ai suivi l’histoire politique du Burkina, mais j’avais l’impression que c’est quelque chose de nouveau et de formidable, surtout dans le contexte post-insurrectionnel dans lequel nous sommes dans notre pays. Il a travaillé, il s’est beaucoup donné pour que cette représentation nationale soit digne d’être la 2e institution de notre pays.

J’inviterai le reste des députés à placer le reste de ce mandat sous le sceau de la cohésion, surtout pour lui rendre hommage. Dédions-lui le reste de ce mandat. Nous avons vu comment il voulait qu’on travaille, nous avons vu comment il a travaillé dans un esprit de solidarité, de cohésion et surtout d’actions. J’inviterai mes collègues députés à épouser cet esprit, retenir ces valeurs et s’investir, bien sûr pour servir la nation, au peuple burkinabè, mais aussi pour rendre hommage à ce grand homme qui a vraiment marqué l’histoire de notre pays.

Je ne suis pas inquiet pour l’avenir. Les Burkinabè ont toujours su faire face à l’adversité. Là, c’est un autre épisode et ensemble, ne serait-ce que pour lui rendre hommage, les uns et les autres vont se surpasser pour essayer de fédérer autant que possible toutes les couches de la société. Dans ce sens, je ne suis pas inquiet, mais ça va demander que tout le monde s’investisse, que tout le monde s’arme, que tout le monde se donne pour que nous puissions aboutir à cela.

Jacob Ouédraogo, membre du groupe parlementaire MPP, président de la commission des lois : « Salifou Diallo est un grand leader qui va manquer à la classe politique »

Jacob Ouédraogo, président de la commission des lois

Salifou Diallo est avant tout un visage politique, c’est un homme de conviction, c’est quelqu’un qui s’est battu jusqu’à la fin pour ses idées. Je retiens de Salifou Diallo que c’est un homme de défi, un homme d’engagement qui ne recule devant rien lorsqu’il est convaincu de la justesse de sa position. C’est pour ça que nous avons véritablement perdu un leader. Au-delà de toute position partisane, tous sont unanimes à reconnaître que Salifou Diallo est un grand leader et il a mené un combat toute sa vie. On peut l’aimer, on peut ne pas l’aimer, mais véritablement c’est quelqu’un qui va manquer à la classe politique. Nul n’est parfait dans ce monde, mais c’est véritablement un homme politique au vrai sens du mot.

Je me rappelle que souvent, quand j’étais avec lui, il me disait que malgré toutes les difficultés, il faut avancer lorsqu’on est convaincu qu’on travaille pour la bonne cause. Et surtout, ce qu’il me disait, il faudrait qu’un jour si Dieu nous donnait la possibilité de prendre notre retraite politique, qu’on puisse regarder nos enfants et nos petits-enfants droit dans les yeux, sans avoir à baisser la tête. Ça, c’est un message très fort que je n’oublierai pas et je pense qu’il mérite tous les hommages que la nation lui rend parce qu’il a combattu avec ses convictions, avec ses qualités, avec ses défauts. Mais, il aimait profondément son pays et il voulait que le pays avance.

Nous sommes en train de nous recueillir sur sa mémoire. Mais nous sommes optimistes pour l’avenir parce que Salifou Diallo lui-même est convaincu que, comme n’importe quel homme, il était appelé à partir un jour. Mais, le combat doit continuer. Il faut continuer les transformations positives pour notre pays et je pense que le Burkina Faso a toujours les hommes et les femmes capables de poursuivre le combat qu’il a eu à mener, sinon son combat mené n’aurait pas de sens.

Donc, au niveau de l’Assemblée nationale, il faut qu’on puisse s’organiser pour pouvoir continuer cette dynamique parce que ce qui l’a toujours habité, c’est de faire en sorte que la représentation nationale incarne toutes les missions constitutionnelles qui lui sont dévolues, à savoir un pouvoir législatif qui s’exerce pleinement, un contrôle de l’action gouvernementale qui s’exerce avec beaucoup de responsabilité et d’interpellation pour que l’action publique soit à la hauteur des attentes des populations qui nous ont élues. C’est un défi à relever et il faudrait que l’Assemblée nationale continue dans cette dynamique pour véritablement incarner les aspirations du peuple burkinabè qu’il représente ici. Donc, il y a des défis à continuer à relever dans cette dynamique pour qu’ensemble, la démocratie réelle puisse prévaloir parce qu’il faut éviter qu’il y ait une hypertrophie de pouvoir. Ce n’est que par ce jeu de l’équilibre des pouvoirs que nous allons pouvoir garantir les intérêts du peuple burkinabè.

Zilma François Bacyé, membre du groupe parlementaire Paix, justice et réconciliation nationale : « nous perdons un homme valeureux »

Zilma François Bacyé, député de la NAFA

Les premiers mots, c’est de saluer la mémoire de l’illustre disparu. C’est quelqu’un que j’ai connu depuis plus de quinze. Pour moi, il incarne un personnage atypique dans son action à la fois politique et de développeur. Je demande au Seigneur de l’accueillir dans sa demeure et qu’Il console sa famille. Dr Salifou Diallo est un personnage qui, au-delà de sa capacité intrinsèque à diriger des hommes, c’est quelqu’un qui a de la vision. C’est un homme d’actions, c’est un homme d’Etat.
Je suis de l’opposition, mais il faut voir ce que la personne est, ce qu’elle fait pour le bien du pays.

Pour cette législature, c’est comme s’il était reconverti pour dire qu’il avait quelque chose à offrir aux Burkinabè, au-delà de tout ce qu’on peut imaginer comme intrigue politique. Donc, je souscris que c’est quelqu’un qui avait une ambition de transformer l’économie en faveur des plus pauvres, des laisser pour comptes. C’est en cela qu’il faut saluer son œuvre parce que tout ce qu’il veut prendre comme décision, c’est d’aller vers le peuple et il faut le remercier pour ça. Je dis également que c’est quelqu’un qui avait de la vision parce que ce qu’il veut, il fait tout pour pouvoir le réussir, ce qu’on appelle un manager, un leader. Et je crois que c’est un leader politique de haut niveau. Aujourd’hui, nous pleurons sa disparition et nous disons que nous perdons un homme valeureux.

Je suis croyant et dans la vie, Dieu a toujours donné au Burkina des hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Il s’agit seulement que nous soyons sereins, que nous soyons objectifs et que nous prenons le temps qu’il faut pour qu’on ait quelqu’un qui soit un rassembleur qui cherche la cohésion et qui puisse permettre que l’Assemblée puisse être l’instrument du peuple pour le développement du peuple.

Propos recueillis par Moussa Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 21 août 2017 à 04:48, par General Chayenne Barancaska En réponse à : Disparition de Salifou Diallo : Des députés racontent l’homme et se projettent sur sa succession

    "En dehors de cela, si nous prenons l’homme social, c’est quelqu’un qui s’intéressait au sort des autres et il a toujours essayé de venir en aide aux députés. Lorsqu’il apprenait qu’un député était malade et qu’il nécessitait des soins ou il fallait l’évacuer, immédiatement, il mettait tout en œuvre pour permettre d’amener la personne pour pouvoir la sauver. Donc, ce sont des valeurs humaines qu’il faut retenir. C’est ce que je retiens de l’homme."

    C’est ccela qui fait un grand homme ? Piller les ressources du peuple pour un groupuscule de parvenus ? Pourquoi ne pas construire des endroits ou tout le monde peut se soigner au lieu de courir toujours aller mourir en france ? Ou bien cela aussi, c’est pour dire qu’ on n’est pas pareils ? Mais voila. Quand la ,mort vient, on est pareils non ?

    • Le 21 août 2017 à 18:06, par Ya Mam En réponse à : Disparition de Salifou Diallo : Des députés racontent l’homme et se projettent sur sa succession

      "Pourquoi ne pas construire des endroits ou tout le monde peut se soigner au lieu de courir toujours aller mourir en france ? Ou bien cela aussi, c’est pour dire qu’ on n’est pas pareils ? Mais voila. Quand la ,mort vient, on est pareils non ?"

      Merci. Le jour que l’assemblée votera une loi interdisant l’evacuation de toute personne en position de pouvoir ou tout membre de sa famille immediate, les zouaves se résigneront a investir dans la santé pour permettre a tout le monde d’accéder aux opportunités de soins. Un deux trois c’est ceux qui dirigent qui courent en cachette se soigner. Est ce un honneur de mourir hors de son pays ? Il est vrai que beaucoup de petit negre sont heureux de se savoir mort a Paris, Tunis, ou Rabbat. Si les dirigeants de la-bas étaient aussi irresponsables vous alliez faire comment ? Arrêtez ces afiric-aneries de zouaves !

    • Le 21 août 2017 à 18:49, par RASMANÉ KOUMBRI En réponse à : Disparition de Salifou Diallo : Des députés racontent l’homme et se projettent sur sa succession

      CE QI SURE TOI TU TROUVERA PERSONNE PR TE DIRE PAIX A TON AME. INHUMAIN.JAIOUX AIGRI. TU NA JAMAIS PRIÉ DIEU

  • Le 21 août 2017 à 18:43, par Paprika En réponse à : Disparition de Salifou Diallo : Des députés racontent l’homme et se projettent sur sa succession

    Mes condoléances à la famille et à tous ceux qui sont affectés par cette disparition.
    On peut être un acteur de premier plan de la scène politique sans être du bon côté. Il était un acteur majeur, mais certainement pas un saint.
    Sinon que dire des trafics d’armes et de diamants du Libéria et de la Sierra Leone,
    Que dire de la mort de Dabo Boukary et des autres quand le héros était au service de l’autre. A moins que l’on puisse diner avec le diable et être saint.
    Qu’on nous dise alors le menu du diner .

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