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Mali : La trahison du capitaine Sanogo

Publié le lundi 28 mai 2012 à 01h40min

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C’est désormais chose faite, le capitaine Amadou Haya Sanogo vient de prouver son intention réelle de se sucrer sur le dos du peuple malien. En effet, à travers les récents accords lui garantissant l’amnistie et lui conférant le statut d’ancien Chef d’Etat du Mali, le chef des ex-putschistes, et dans une moindre mesure « ses complices » frères d’armes, a montré jusqu’où il était prêt à aller, au nom de son intérêt propre. Comment l’ex-chef de la junte a-t-il réussi à rester jusque-là maître du Mali, après qu’il a accepté les institutions de la transition ? La CEDEAO aura-t-elle failli sur ce coup, ou est-ce tout simplement une stratégie voilée ?

« La parole d’officier, ailleurs qu’au camp de Kati, est sacrée, irrévocable et irréversible. La parole d’officier, ailleurs qu’au camp de Kati, a toujours eu valeur d’engagement. Je vous invite, mon capitaine, à révisionner l’enregistrement de votre prestation de ce matin du 22 mars 2012 avec vos hommes dont certains avaient les yeux hagards, on comprend pourquoi. As-tu oublié, mon capitaine, que ce matin-là, les événements en cours au Nord du Mali avaient été le prétexte mis en avant pour justifier votre forfaiture ? » Voilà comment s’insurgeait en substance notre confrère Mamadou Sakhir Ndiaye, dans une lettre ouverte, au capitaine Amadou Sanogo. La CEDEAO serait plus conciliante envers l’ex-junte malienne qu’elle ne l’est envers les putschistes bissau-guinéens.

C’est vraisemblablement le constat qui prévaut. Pour certains observateurs, cette situation se justifie du fait que le capitaine Sanogo et ses compagnons seraient plus « faciles » à gérer, alors qu’en Guinée-Bissau, le Général Antonio Injai et ses hommes seraient plus « récalcitrants », plus durs à cuire. Les faits sont têtus : bien qu’intervenue après le coup du capitaine Sanogo, la situation en Guinée-Bissau connaît à ce jour déjà un déploiement de militaires de la CEDEAO, alors que rien n’est encore effectif pour le Mali.
Qui soutient Sanogo ? Et pour combien de temps ?
De toute évidence, le capitaine Haya Sanogo bénéficie du soutien de nombreux partisans ayant cautionné son coup de force du 22 mars 2012. Avant bien sûr que ceux-ci estiment avoir été trahis par le tombeur de Amadou Toumani Touré, ce 21 mai. Pourquoi ? Jusqu’ici, le « sauveur » autoproclamé du Mali n’aura réussi qu’à précipiter l’occupation du Nord-Mali par des groupes armés dont le mouvement Ansar Dine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Il a réussi à capter l’attention de la CEDEAO sur sa personne, compromettant de plus en plus la situation des populations du Nord. Au lieu d’un plan de négociation ou de guerre pour libérer la partie nord de son pays, Sanogo a passé son temps à contester l’accord-cadre qu’il a signé avec la CEDEAO le 6 avril 2012, a affûté ses armes pour satisfaire ses intérêts personnels.

Ce qui a d’ailleurs fini par porter fruit par le vote en sa faveur et celle de ses hommes d’une loi d’amnistie, et par le statut d’ancien Chef d’Etat du Mali dont il jouit désormais, avec pour avantages une indemnité de 4 à 5 millions F CFA par mois, une résidence présidentielle, deux véhicules, un peloton de sécurité pour sa garde personnelle et celle de sa famille ; fournitures d’eau, d’électricité et de téléphone, ainsi qu’au personnel affecté à sa résidence, à la charge de l’Etat, passeports diplomatiques pour lui et sa famille, privilèges de préséance protocolaires dans les cérémonies officielles, honneurs dus aux anciens dirigeants… Le prix de la trahison ! Au-delà des fidèles inconditionnels qui le supportent, le capitaine Sanogo bénéficierait de soutien occulte de la part de puissants tout aussi occultes. Le temps finira par dévoiler ses secrets et on verra bien si Sanogo aura eu tort ou raison de jouer leur jeu.

Normalisation à Bamako, élection, libération du Nord : quelle est la priorité du moment ?

L’accord politique signé entre la CEDEAO et les autorités maliennes, le dimanche 20 mai 2012, devrait conduire normalement à la tenue d’élections régulières au bout de douze (12) mois de transition. Au regard des incertitudes et des desseins inavoués de certaines parties tels les ex-putschistes, l’on se demande bien ce qu’il adviendra pour le Mali dans un an. Les défis sont divers et énormes à la fois. La CEDEAO, l’Union africaine et la Communauté internationale, de concert avec les organes de la transition au Mali devront batailler dur pour normaliser les questions de la transition, préparer le prochain scrutin présidentiel, tout en œuvrant pour l’unification du territoire malien. L’horizon se présente assez sombre, vu le contexte et la tournure des événements, ce qui fait dire que la situation du Mali exige bel et bien des mesures fermes et immédiates. Il n’y a donc pas lieu de cataloguer les challenges par ordre d’importance, mais de les relever tous à la fois. Si l’occupation du Nord par des groupes rebelles paraît préoccupante, l’attitude louche de l’homme du 22 mars et de son proche entourage se révèle être la vraie inconnue et mérite ainsi une attention toute particulière. Le capitaine Sanogo reste au final le plus imprévisible. Il en a donné les preuves, et qui sait, peut-être concocte-t-il encore d’autres surprises, désagréables.

Hermann GOUMBRI

Le Progrès

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Vos commentaires

  • Le 28 mai 2012 à 09:48 En réponse à : Mali : La trahison du capitaine Sanogo

    NOUS VENONS D’ASSISTER AINSI A UN NOUVEAU MORCELLEMENT DE L’AFRIQUE. J’AI PEUR QUE L’ON NE SE DIRIGE VERS UN POINT DE NON RETOUR. PARCE QUE LA FORCE NE PEUT PLUS REMETTRE LES CHOSES EN L’ÉTAT, J’AI PEUR AUSSI QUE LA NÉGOCIATION NE PUISSE PLUS AMENER QUELQUE CHOSE. HAYA SANOGO IL FAUT METTRE EN PRATIQUE LES RAISONS DE TON COUP D’ETAT.

  • Le 28 mai 2012 à 11:10, par La citoyenne En réponse à : Mali : La trahison du capitaine Sanogo

    ATTENDEZ DE VOIR LA FIN DE SANOGO. DANS TOUS LES CAS C’ETAIT PREVISIBLE NON ? LA CEDEAO A ETE LACHE COMME D’HABITUDE. ET LES MALIENS SONT AINSI FAIT. C’EST DOMMAGES MAIS C’EST AINSI. RIEN QUE LA GRANDE GUEULE. EN PLUS, IL PARAIT QUE LES REBELLES DU NORD ON TROUVE UNE CACHE D’ARMES QUI EST PLUS QUE CELLES DU MALI ET DU BURKINA REUNIES. POURQUOI ALORS DIRE QU’IL LEUR MANQUAIT DES ARMES POUR SE BATTRE CES MALIENS ? DONC IL Y A DES NON-DITS DANS TOUT CELA. LE BURKINA EST PREVENU ET LE GOUVERNEMENT BURKINABE A INTERET A PRENDRE SES DISTANCES AVEC LE MALI. SANOGO EST UN PETIT AMBITIE, EGOISTE ET MANIPULATEUR.

    • Le 28 mai 2012 à 16:27 En réponse à : Mali : La trahison du capitaine Sanogo

      Avec de tels titres et un contenu réactionnaire, la presse burkinabè aux ordres peut continuer à semer la zizanie au Mali et entre Maliens. C’est dire qu’ils ne sont pas sortis de l’auberge que Blaise, Ouattara et la CEDEAO leur préparent.

      • Le 29 mai 2012 à 14:41 En réponse à : Mali : La trahison du capitaine Sanogo

        La cedeao, ni le burkina n’ont rien a voir avec vos bétises. Si vous preferer vendre votre pays au diable barbu. alors fermez la.

  • Le 28 mai 2012 à 13:00 En réponse à : Mali : La trahison du capitaine Sanogo

    Et si les acquis de Sanogo n’etaient qu’une strategie pour le mettre en conflit avec ses hommes ? Ancien president avec tous les droits, et repos complet ! Que vont dire les hommes avec qui l’ancien président a trafiqué s’il se retire du jeu politique ? Double trahison à plusieurs niveaux.

  • Le 28 mai 2012 à 14:25, par Le sentinelle En réponse à : Mali : La trahison du capitaine Sanogo

    Celui qui donne ces informations manupile les opinions africaines. Notamment rfi et france 24. Tout le monde sait que les rebelles ont la complaisance de Paris. Les depeindre invincible sur le plan militaire. C’est forcé l’afrique a accepter une nouvelle partition du continent et exploiter plus facilement les richesses du nord Mali. On parle de Petrole. C’est dommage, qu’un individu reste dans son bureau et decide de la partition du mali et c’est fait.MNLA superieur au mali plus le burkina, vous pouvez raconter cela aux anes. Webmaster

  • Le 28 mai 2012 à 16:03, par L’Homme En réponse à : Mali : La trahison du capitaine Sanogo

    Si Sanogo ne veut pas la paix au Mali ,il n’y a pas d’Homme pour lui dire la verité ?Une seule personne ne saurai être le blocus du processus de toute une region.En le voyant tout le monde sait que ce messieur ne peut jamais etre une bonne personne.nerifié bien son curcis scolaire je suis sûre qu’il devrait être un cancre.

  • Le 28 mai 2012 à 20:24, par CDR En réponse à : Mali : La trahison du capitaine Sanogo

    Avec l’arsenal de guerre que AQMI vient de "découvrir" dans la région de Gao, ce groupe rebelle disposerait d’une armée plus puissante que celle du mali et du Burkina réunie. Pourtant, on a crié partout que le Mali était sous équipé militairement.
    Il y a deux ou trois semaines, on apprenait par presse interposée que le "médiateur" encourageait le MNLA et Ançar Dine à s’entendre pour créer un mouvement commun. Il aurait été entendu avec cet accord passé entre les deux mouvements rebelles.
    Je crains que le Mali ne soit amené à choisir entre deux maux:les rebelles ou la junte. Les autorités de la CEDEAO ne pourront rien faire pour imposer leurs visions, c’est-à-dire amener la junte à accepter effectivement que Dioncounda Traore et Cheick Diarra gouvernent. La réalité du pouvoir sera toujours à Kati et jamais à Koulouba où des manifestants peuvent monter tabasser proprement le président et s’en aller tranquillement. Sauf si... entre temps, on fait jouer de la "Toumba" comme en Guinée avec Dadis.

  • Le 29 mai 2012 à 13:04, par KORODJO En réponse à : Mali : La trahison du capitaine Sanogo

    JE DEMANDE SOLENNEMENT AUX DIRIGEANTS DE LA CEDEAO D’ENVOYER LA FORCE MILITAIRE AU MALI POUR SECURISER LES INSTITUTIONS DE LA TRANSITION ET SURTOUT POUR AIDER LES AUTORITES A FAIRE GUERRE AUX BANDITS ET ISLAMISTES DES REGIONS NORD DU PAYS CAR CES MAUVAIS POLITICIENS ET CES OFFICIERS FELONS N’ONT PAS ENCORE FINIS LEUR GUERRE DE POSITIONNEMENT A BAMAKO TANDIS QUE LES POPULATIONS DES TROIS REGIONS SOUFFRENT.

  • Le 29 mai 2012 à 14:50, par Soumdiata En réponse à : Mali : La trahison du capitaine Sanogo

    Le premier forfait de Sanogo et de ses hommes fut de déclencher un coup d’état pendant que le pays était menacé par une rebellion... Le second est de s’agripper au pouvoir politique au lieu d’organiser l’armée pour une riposte... Et le troisième est de démanteler l’armée malienne déjà éprouvée. Inconscience ? Insouscience ? Obscurentisme ? Avidité ? Le rachat patriotique de Sanogo et de ses hommes sera de négocier sincèrement et fraternellement avec la CEDEAO pour recouvrer le territoire national, la fierté africaine et la liberté malienne. J’appelle aux maliens de se rappeler qu’"il n’y a pas de religion plus grande que la vérité" (dicton africain et asiatique). Courage à tous !!!

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