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Crise guinéenne : Pourvu que l’echafaudage politique de Kosyam tienne !

Publié le lundi 18 janvier 2010 à 03h50min

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Retour à l’envoyeur ? En tous les cas, aussi bien dans les cercles politiques que dans les gargottes de la capitale burkinabè, et plus qu’ailleurs, les contempteurs de Blaise Compaoré,autoproclamé ou élevé au rang de médiateur dans les multiples crises qui secouent la sous-région, ne pouvaient qu’accueillir comme pain bénit le convoyage par les autorités marocaines de Moussa Dadis Camara, quoique encore convalescent, à Ouagadougou dans cette nuit pleine de mystère du 12 janvier 2010 ; à tort ou à raison, mais l’on se souviendra qu’après que Dadis a essuyé les balles de son propre aide de camp, Aboubacar Diakité “Toumba”, ce 3 décembre 2009, c’est bien Blaise Compaoré qui décida et exécuta son évacuation à Rabat pour qu’il bénéficie de l’expertise des toubibs marocains, dont la réputation a franchi leurs frontières.

Mais vite, le miraculé de Conakry se révélera un malade encombrant pour Mohamed VI et les siens, tant l’avenir politique du capitaine Dadis, contraint depuis au silence, était devenu une épine au pied, aussi bien des opposants et des militants de la société civile que des chancelleries occidentales, notamment américaine et française, qui voyaient en son éventuel retour au pays une source évidente de violences et de guerre civile, comme dirait Bernard Kouchner, le locataire du Quai d’Orsay ; plaidant alors pour sa mise hors du jeu politique qui s’y mène depuis le 23 décembre 2008 quand le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) sortit du néant pour succéder au défunt général Lansana Conté.

Car les quelque 150 victimes civiles des tueries du 28 septembre 2009 n’avaient pas encore entamé leur longue marche pour l’au-delà que la transition, conduite par la junte militaire se révéla une poudrière menaçant d’embraser toute la sous-région ouest-africaine. Ce, d’autant plus que la promesse de traduire les sinistres artisans des massacres du stade du 28-Septembre devant le Tribunal pénal international (TPI) faisait craindre le pire, tant ceux-ci ne voyaient d’autre bouée de sauvetage que de s’accrocher au pouvoir.

Les pourparlers interguinéens entamés avec Blaise Compaoré sous l’instigation de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) n’avaient donc à peine accouché que d’une petite souris que le royaume chérifien ravit la vedette à tous, s’en lavant les mains comme pour se prémunir contre toute souillure dans ses relations diplomatiques. Alors Dadis Camara, cette patate chaude renvoyée par Mohamed VI à son frère et ami Blaise Compaoré, sera-t-il retenu, détenu au “Pays des hommes intègres” afin de favoriser la transition apaisée annoncée par le président intérimaire, Sékouba Konaté, le 6 janvier, ou devrait-on s’attendre à ce qu’il resurgisse, tel un volcan, un de ces quatre matins à Conakry, la fiévreuse ? On en était encore ce vendredi 15 janvier à épiloguer quand, en début de soirée, se fit entendre la voix du palais de Kosyam, où venait de prendre forme un protocole d’accord entre le médiateur, Blaise Compaoré ; le patron de la junte, Moussa Dadis Camara, et le président intérimaire de la Guinée, le général Sékouba Konaté.

Un protocole vite relayé par les chaînes internationales ; qui pour saluer le miracle de ce début d’année, et qui pour féliciter l’enfant terrible de Ziniaré qui venait de réaliser un grand coup, justifiant ainsi sa renommée séculaire de fin stratège militaire, et maintenant politique. Bref, avant même que le ministre d’Etat burkinabè, en charge des Affaires étrangères, Bédouma Alain Yoda, annonce l’événement, - pour l’observateur qui aura vu s’avancer dans la salle polyvalente du palais de Kosyam les trois signataires, les jeux étaient faits.

Pour sa première sortie officielle depuis son incident avec Toumba le 3 décembre 2009, c’est un Dadis docile ; le crâne largement marqué par une cicatrice indélébile ; dépouillé du costume présidentiel et de sa tenue de commando parachutiste, qui se dévoilera à ses camarades de la junte, au monde diplomatique et à la presse, en blouson de chasseur de roussettes, pantalon de toile vert, et babouches à peine sorties d’un souk marocain. A moins d’un rebondissement, la page du capitaine patriote Moussa Dadis Camara, président du CNDD et président de la République de Guinée, venait d’être tournée, au grand dam de ses disciples, qui continuaient à exiger, malgré son état, son retour au pouvoir, et pour cause.

Et, en effet, sur un ton solennel, le chef de la diplomatie burkinabè, Bédouma Alain Yoda, ne lira pas autre chose qu’une déclaration stipulent :
- l’engagement libre de Moussa Dadis Camara de prendre un temps de convalescence et de laisser la place à Sékouba Konaté qui assurera une transition de six mois, à l’issue de laquelle les élections devraient être organisées ;

- la disqualification à ces élections de tous les membres du CNDD ; de tous les militaires en service et des membres du gouvernement de transition ;
- la mise en place d’un Conseil national de transition (CNT), composé de 101 membres, dirigé par un religieux.

A première vue, un protocole d’accord en douze points qui semble épouser la feuille de route nouvellement tracée par le président intérimaire, Sékouba Konaté, visant à un retour à une vie constitutionnelle normale en Guinée. Et si la réorganisation et la réforme des forces de défense et de sécurité, la formation d’un gouvernement d’union nationale, et la révision des listes électorales restent à venir, la main tendue à l’opposition politique et à la société civile est déjà effective.

Maintenant, qui de l’opposant Jean-Marie Doré et de la syndicaliste Rabiatou Serah Diallo occupera le poste de Premier ministre ? Espérons que, pour une fois et pour sauver l’essentiel, ces deux fractions de la Guinée indépendante sauront taire cette haine viscérale qu’elles se vouent. Déjà, leur refus de faire le voyage de Ouagadougou pour toute audition préalable à leur nomination, alors que les militaires, eux, acceptent de mettre balle à terre, peut être considéré comme un grain de sable dans la machine.

Et l’hôte de luxe de la capitale burkinabè, Moussa Dadis Camara, diminué, hélas, n’émettrait pas autre vœu, qui a surpris plus d’un ce samedi 16 janvier en prêchant, depuis sa nouvelle résidence à Ouaga 2000, aux siens et à ses frères guinéens la cohésion, la loyauté et la fidélité.

Qui a connu, vu et écouté le chef de la junte militaire au temps de sa splendeur ne peut que s’émouvoir de l’entendre péniblement philosopher après l’enfer qui fut le sien : “C’est le destin qui fait que nous sommes aujourd’hui là. L’homme ne peut échapper à son destin. Restez soudés ; l’homme meurt, mais la Nation demeure, reste !” Pathétique que cette confession qui a fini par désarmer les extrémistes qui ne juraient que par lui et qui ne voient leur salut qu’en lui.

Mais la bible de la Guinée nouvelle ainsi écrite, à tous les protagonistes de la scène de se l’approprier pour l’avènement de cette paix ; cette démocratie et cette stabilité tant espérées pour ce pays aux richesses insultantes mais qui tourne le dos au développement économique et social.

Puisse donc la Communauté internationale les y accompagner, car nul ne peut mesurer l’ampleur d’un nouveau clash qui viendrait à s’y produire. Dans cette attente, tous les lauriers sont pour le capitaine Blaise Compaoré, qui vient de prendre du galon dans son rôle de médiateur et de facilitateur, et qui devrait faire mieux en Côte d’Ivoire et au Togo, où les acteurs du landerneau politique refusent assurément de chanter en chœur, à la veille des élections de tous les dangers qui se profilent à l’horizon.

Et si l’émissaire des Etats du Mano River (Côte d’Ivoire, Guinée, Sierra Leone, Liberia), la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf, et les délégations de la CEDEAO, de l’Union africaine et des Nations unies se sont bousculées aux portes de Kosyam pour saluer son exploit, c’est aussi pour lui dire : “Monsieur le médiateur, ne vous arrêtez pas en si bon chemin”. Mais vaine serait son entreprise si jamais les opposants, tel Cellou Dalein Diallo, qui font de la surenchère, n’arrêtent pas de chanter faux.

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 18 janvier 2010 à 16:10 En réponse à : Crise guinéenne : Pourvu que l’echafaudage politique de Kosyam tienne !

    le burkina est un pays ou les langues sont a accents. Detenu et Retenu peuvent etre interchangeables. Conmme le v et le b en espagnol. Alors, Dadis retenu ou detenu, meme pipe meme tabac. Mais heureusement qu’ il ne pag-rle pas moore dans un pays ou vous etes Demis aujourd’ hui et Remis demain(voir comment on tombe et se releve au cdp),ou on Deboise allegrement lorsque le gouvernement lance un mot d’ ordre de Reboiser. N’est- ce pas Sanogo le linguiste du CNRST ?

    Drabo (a ne pas lire Rrabo cette fois-ci), le Chef des mossi

  • Le 18 janvier 2010 à 21:24, par Flouz En réponse à : Crise guinéenne : Pourvu que l’echafaudage politique de Kosyam tienne !

    A chacun son Hussein Habré, le Burkina vient d’avoir le sien. Dans un ou deux ans on demande des milliards à la communauté internationale pour le juger. Qui est bête ? Pas Blaiz en tous cas. faut qu’on trouve le moyen de regler la facture (hebergement, restauration, sécurité+ bénéfice)

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