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Sites touristiques dans le Sud-Ouest : "La guerre-dingê", un joyau de type forteresse

Publié le jeudi 5 novembre 2009 à 02h07min

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Le Sud-Ouest du Burkina Faso regorge sérieusement de sites touristiques. A peine a-t-on mis les projecteurs sur les ruines de Loropéni que se découvre un autre site du même genre (une forteresse) dans la ville de Diébougou et communément appelé "la guerre-dingê" (grotte militaire en dioula).

Après avoir fêté pendant 48h l’inscription des ruines de Loropéni sur la liste du patrimoine mondial, le ministre Filippe Savadogo et le gouverneur de la région du Sud-Ouest, le colonel Pascal Komyaba Sawadogo se sont rendus, dimanche 1er novembre 2009, dans la ville de Diébougou pour visiter un autre joyau touristique du Sud-Ouest.

Le joyau visité se trouve à l’Ouest de la ville de Diébougou sur une colline. Il s’agit d’une grotte militaire réalisée du temps de la première guerre mondiale par l’Armée coloniale française et que les populations de la localité appelle communément "la guerre-dingê" (en dioula). La visite de ce lieu symbolique de l’occupation militaire française fait remonter à la surface toute l’ingéniosité des hommes qui ont taillé cette grotte militaire (en l’occurrence les populations de Diébougou). Pour visiter la grotte, il faut avoir du courage car il n’est pas du tout évident de s’y aventurer seul sans se perdre. Mais à la visite et avec le système d’éclairage qui y a été installé, l’on s’aperçoit que la grotte militaire bien taillée dans la pierre comporte quatre (4) accès qui se rejoignent à une place centrale munie d’un système d’aération.

Une seule trace écrite pour refaire son histoire

La grotte militaire de Diébougou est impressionnante. Elle émerveille plus qu’on ne l’aurait pensé. Mais quand exactement et comment ce site a-t-il été réellement réalisé ? A ces questions, le guide du jour, Moussa Konaté (il est en même temps le gestionnaire du site) répond : "Notre gros handicap demeure l’historique du site. Nous savons que c’est l’armée coloniale mais nous voulons avoir toutes les informations y relatives. J’ai découvert ce site parce que je travaille dans la région depuis plus de quinze (15) ans. Au début, c’était tout délabré, il n’y avait pas d’éclairage". Sur la question, le député-maire de la commune de Diébougou avance : "il n’existe pas pour le moment un document qui nous situe par rapport à une historique fiable de ce site. Nous avons fouillé partout. Il semblerait que le site aurait été créé par l’Armée coloniale française qui craignait les attaques allemandes au cours de la première guerre mondiale. Ce site aurait également été créé pour protéger les habitants de la ville car à l’époque, tous les habitants de Diébougou pouvaient rentrer dans la grotte. C’est une grotte stratégique sur le plan militaire au moment de la première guerre mondiale".

Pour l’instant, les gros témoignages reposent sur le vieux W. Georges Palenfo. Il est celui-là même qui a rédigé en 1996, sur ordre du commandant de gendarmerie Berthin Sanou, un rapport dactylographié intitulé "les vestiges du camp militaire de Diébougou". Présent pendant la visite, il témoigne : "En 1914-1918, l’Armée française était déjà à Diébougou. Tous les enfants de Diébougou appellent cet endroit "la guerre dingê" parce que la grotte a été réalisée au moment de la guerre. En 1996, le commandant de gendarmerie Sanou Berthin m’a demandé un rapport sur le site. J’ai fait mes enquêtes et je lui ai remis mon rapport intitulé "les vestiges du camp militaire de Diébougou" en 1996. Ce rapport que j’ai écrit a été exploité par la gendarmerie car après cela, ils sont venus démonter le matériel qui restait. Il y avait des antennes et des bâtiments en banco construits par les militaires. Pour avoir une idée exacte de cette grotte, il faudra se référer à ce document. Moi, je n’ai personnellement plus d’exemplaire".

Faire de Diébougou le premier front touristique du Sud-Ouest

La visite guidée de la grotte militaire a séduit plus d’un, en l’occurrence le premier responsable du département du Tourisme, le ministre Filippe Savadogo : "Je suis ému d’avoir constaté avec beaucoup d’intérêt que l’histoire de notre pays, à travers son patrimoine national, avant et pendant la colonisation, reste à écrire et à découvrir. Nous avons découvert ici, une forteresse de guerre avec des couloirs et des postes de sentinelles. C’est extraordinaire. Mon émotion est d’autant plus grande que cette visite coïncide avec la fête de l’Armée", a dit le ministre. Pour le ministre, la réhabilitation du site qu’il souhaite ardemment, va permettre de faire de Diébougou le front du premier circuit touristique en allant vers Loropéni et Batié. Le ministre Savadogo s’est par ailleurs réjoui de voir l’implication effective des fils de la région dans la gestion de ce patrimoine touristique et culturel.

En effet, le conseil municipal de la ville, par voie de délégation de service public, a cédé la gestion à un privé, en l’occurrence Moussa Konaté, lequel intervient déjà dans la restauration, l’hôtellerie, l’hébergement et des circuits touristiques. L’actuel gestionnaire du site a dit s’engager dans la réhabilitation de la grotte militaire (qui, rappelons-le, a commencé du temps du ministre Mahamoudou Ouédraogo) par amour pour le tourisme et la culture. Il a dit s’inspirer de l’expérience de la visite de sites similaires en Afrique et en Europe pour mieux restaurer le site et le rendre viable et en faire une plus-value pour la région du Sud-Ouest. Le ministre Filippe Savadogo a lui, promis de dépêcher un agent de la direction du patrimoine culturel pour poursuivre les recherches en rapport avec l’histoire de la grotte militaire de Diébougou.

Ismaël BICABA (elbicab@gmail.com)

Sidwaya

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