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Marcelle Ida Traoré : de l’économie à la pâtisserie

Publié le mercredi 7 octobre 2009 à 02h57min

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Marcelle Ida Traoré

Marcelle Ida Traoré est une femme énergique, qui a mis sa carrière d’économiste en veilleuse pour… veiller sur sa famille. Aujourd’hui, cette femme d’affaires burkinabè, installée à Dakar depuis quelques années, poursuit son petit bonhomme de chemin.

Ils ne sont pas nombreux, les habitants du quartier Liberté extension de Dakar, qui ne connaissent pas « Chez mamy ». Et pour cause ! Cette pâtisserie est devenue un passage presque obligé pour tous ceux qui sont en quête de pain ou de croissant pour leur petit déjeuner. Ida Traoré, la propriétaire des lieux, veille au grain : tout doit être propre et bien ordonné pour donner au client, l’envie de revenir.

Arrivée dans la capitale sénégalaise en décembre 2007 dans le sillage de son mari, qui travaille dans l’aéronautique, Ida Traoré s’est bien intégrée et a réussi à apprivoiser la clientèle au point que certains ne jurent plus que par son pain ou ses sandwichs. La pâtisserie qu’elle a mise sur pied « pour ne pas s’ennuyer », fonctionne maintenant à merveille, alors qu’au début, elle passait des journées entières sans enregistrer la moindre recette. Femme énergique et entreprenante, qui a dû faire du porte-à-porte pour convaincre les clients, « Mamy » ravitaille maintenant la quasi-totalité du quartier en pain et en friandises.

Destin bien singulier que celui de cette économiste, formée dans l’ancienne Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), qui a travaillé, tour à tour, au Burkina, comme régisseur de cinéma pour le compte de la Direction de la cinématographie nationale (DCN) et comme agent de la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DTTM). Car Ida Traoré a eu plusieurs vies. Après ses études primaires à Bobo-Dioulasso, où elle est née, puis l’internat au Collège Sainte Thérèse de Banfora (où elle apprend les rudiments de la pâtisserie), elle entreprend des études de comptabilité au Lycée technique de Ouagadougou. Le baccalauréat de comptabilité en poche, elle vit sa première expérience professionnelle à la perception municipale de Ouagadougou, qui l’accueille pour un stage.

Virus de l’entreprenariat

La mairie s’apprêtait d’ailleurs à l’embaucher, lorsqu’elle apprend que la demande de bourse qu’elle avait introduite a été accordée. « On m’avait laissé le choix entre la Roumanie et l’URSS », témoigne-t-elle. Après quelques hésitations, elle jette son dévolu sur l’ancien empire soviétique, influencée dans son choix par Moussa Traoré, un ami de l’époque, qui y faisait des études d’aviation civile et qui est devenu son époux depuis… 27 ans ! Ancien agent de l’Asecna aujourd’hui à la retraite, Moussa Traoré, passionné de sport, est installé à Dakar et travaille à son propre compte.

C’est peut-être dans la Mecque du communisme que Ida Traoré attrape le virus de l’entreprenariat et le courage de s’attaquer à des chasses gardées par hommes. « Ce qui m’a épatée, ce sont les femmes. Elles font du tout là-bas. On les voyait sur les toits des immeubles, conduire des métros ou des tramways… Je pense que mon goût pour l’entreprenariat vient de là », raconte la mamy pâtissière. Un goût qui allait pourtant tarder à se manifester.

En effet, son master d’économie en poche, elle rentre au bercail en 1983. Pas pour longtemps. Deux ans plus tard, elle met sa carrière en veilleuse pour rejoindre son époux, affecté à Yaoundé, « pour que ses enfants aient une bonne éducation ». Puis, ce sera Lomé et Dakar. « Tous ces séjours à l’étranger ont beaucoup joué sur ma carrière. J’aurais pu grimper les échelons. J’ai des promotionnaires qui sont même au gouvernement. C’est l’une des raisons qui m’ont poussé à me lancer dans les affaires. »

Aujourd’hui, Marcelle Ida Traoré, épouse Traoré, mère de cinq garçons, agent de la fonction publique burkinabè en disponibilité depuis décembre 2006, s’épanouit dans son tablier de pâtissière. Et, pour maintenir la forme, elle pratique du sport, tous les deux jours. Et puis, indique-t-elle, « je regarde la télévision surtout la nuit, car j’ai peu de temps libre dans la journée ». Au-delà de la pâtisserie, Marcelle Ida Traoré a entrepris de diversifier ses activités. Elle s’est ainsi lancée dans le commerce de vêtements féminins et caresse le rêve de créer une boutique pour revaloriser les produits du Burkina.

Fasozine

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