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Cinéma africain : Le FESPACO à la croisée des chemins ?

Publié le vendredi 23 février 2007 à 07h22min

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Demain s’ouvre, et ce pour une semaine, la 20e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Le thème retenu pour célébrer la biennale du cinéma du continent noir est "Cinéma et diversité culturelle," un thème qui nous renvoie aux années 80 au cours desquelles, à l’UNESCO, des débats âpres sur l’exception culturelle opposaient la France et ses anciennes colonies aux Etats-Unis d’Amérique.

Mais peu importe si le thème est d’actualité ou pas. La question qui est d’actualité à présent est de savoir si Ouagadougou mérite en 2007 son titre de capitale du cinéma africain. Et pour cause ! D’abord, on constate qu’à 48 heures de l’ouverture officielle de la manifestation, des salles où auront lieu des projections cinématographiques sont encore occupées par des équipes de travailleurs chargées de leur réfection. Mais le comble, c’est que d’autres salles ont été vendues. On ne s’étonnera pas que celles-ci deviennent des boutiques ou des lieux de culte. C’est pourquoi, pour cette question d’infrastructures, on est en droit de se demander si le FESPACO n’est pas à la croisée des chemins.

Mais c’est sur un autre plan, celui de la production et de la distribution des oeuvres cinématographiques, que la question prend tout son sens. Le numérique a fait éclore une nouvelle race de producteurs de films. Du coup, les productions avec des budgets colossaux deviennent de plus en plus rares. Et ce n’est pas sans conséquence sur la qualité. Qu’on se comprenne, loin de nous l’idée de condamner le numérique qui, en même temps qu’il a révélé des producteurs, a fait éclore de talentueux acteurs qui n’ont pas eu besoin de passer par des écoles de formation au métier d’acteur de cinéma. Avec le numérique, on fait de très bonnes réalisations. Le numérique est entré massivement dans la production cinématographique. Les producteurs sont guidés, pour la plupart d’entre eux, par des soucis de rentabilité immédiate, même si pour cela, ils sont obligés de sacrifier certaines règles du 7e art. C’est dire que ces productions ne remplissent pas tous les critères pour compétir au FESPACO dont le rôle premier est la promotion et la distribution des oeuvres cinématographiques produites par les Africains. Les oeuvres présentées en compétion par les réalisateurs burkinabè cette année obéissent-elles aux critères en vigueur au FESPACO ?

Avec le numérique, on remarque un net recul des films produits avec de lourds budgets qui ont fait connaître les réalisateurs et leur pays d’origine à travers le monde. Ainsi en a-t-il été des films de Gaston Kaboré et d’Idrissa Ouédraogo du Burkina Faso. Ainsi en a-t-il été aussi des films de Souleymane Cissé du Mali et de bien d’autres : Algériens, Tunisiens, Camerounais, Sud-Africains, etc. Ces réalisateurs sont mondialement connus.

Jusque-là, le numérique a excellé dans la production de séries, de documentaires. Une des raisons qui pourrait justifier l’arrivée du numérique, c’est l’intérêt de plus en plus décroissant de l’Etat pour le financement du 7e art. Les programmes d’ajustement structurel en sont certainement pour quelque chose. Les bailleurs de fonds étrangers se font eux aussi de moins en moins généreux. Au cas où on accorde le financement, il faut soumettre le scénario pour approbation ; et il y a neuf chances sur dix pour qu’il soit modifié pour épouser les exigences de celui qui finance, que ce dernier soit une personne morale ou physique.

Mais ce n’est pas seulement la qualité des oeuvres présentées au Fespaco qui justifie que l’on se demande si le FESPACO n’est pas aujourd’hui à la croisée des chemins. A la création du FESPACO en 1969, il était, avec Carthage en Tunisie, les deux manifestations d’envergure sur le continent. Aujourd’hui, chaque pays ou presque organise son festival cinématographique, même s’il est axé sur un genre précis de la production cinématographique. Au moment où au Burkina Faso, on liquide les salles de projection, ailleurs, on en construit chaque année et dans toutes les villes. Certes, l’industrie cinématographique africaine, voire mondiale, traverse une crise générale qui s’explique par les Nouvelles technologies de l’information et de la communication, les fameuses NTIC, la vulgarisation de la télévision et des vidéo-cassettes qu’on rencontre dans les villages les plus reculés et les hameaux les plus lointains, si bien qu’on n’a pas besoin de se déplacer dans un centre urbain ou dans une salle de cinéma pour voir un film.

Ce sont ces multiples défis que doit affronter aujourd’hui le FESPACO en ce début du 21e siècle. Le FESPACO a perdu de son lustre d’antan, ce qui provoque une sorte de nostalgie pour nombre de personnes. La grande tâche est celle de convaincre la puissance publique à assumer, comme elle le faisait au début, les responsabilités qui sont ou qui devraient être les siennes dans la promotion et la pérennisation du FESPACO. Il est incontestable que cette manifestation, grâce à des réalisateurs et des acteurs de talent, a été l’ambassadrice du Burkina Faso au-delà des océans. C’est à cause de cet enjeu majeur que tous les régimes politiques qui se sont succédé ont soutenu jusque-là financièrement le FESPACO. Il était utile pour véhiculer leur image à l’extérieur.

Mondialisation ? Privatisation ? Globalisation ? Il est tout de même des sacrifices qu’un Etat doit accepter de faire pour conserver une certaine image. Si des structures et des organismes comme le Consortium international de distribution et de promotion cinématographique (CIDC ciprofilm) et Cinafrique ont disparu aujourd’hui, ce n’est pas une raison pour l’Etat de se désengager du FESPACO et du cinéma en général. S’il est vrai qu’une nation sans histoire est une nation sans avenir, il faut ajouter pour compléter qu’un pays sans culture est un pays inexistant dans le concert des nations. Le FESPACO a contribué énormément à façonner l’image de ce pays à l’extérieur. Pour ce faire, il est nécessaire de mettre sur pied, si elle n’existe pas, une véritable politique culturelle. Le FESPACO est devenu le patrimoine de plusieurs générations de Burkinabè d’abord, d’Africains ensuite. C’est un devoir impérieux d’assurer sa promotion et sa pérennité.

"Le Fou"

Le pays

P.-S.

Lire aussi :
FESPACO 2007

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Vos commentaires

  • Le 1er août 2007 à 22:28, par Ghislain FOTSO En réponse à : > Cinéma africain : Le FESPACO à la croisée des chemins ?

    En fait ce n’est pas pour répondre à votre article mais c’est pour vous faire par de mes ambition dans le domaine cinematograpique.

    Je suis Ghislain FOTSO CHATUE jeune Camerounais de 28 ans révolu, Réalisateur dans la première chaîne de télévision privée au Cameroun. CANAL 2 INTERNATIONAL. Je suis dans le cinéma depuis au moins 7 ans et j’ai fait un film qui a été sélectionnée au festival « Ecran noir » de BASSECK BAKOBIO « REVE BRISEE » et j’ai lancée une série le plus visionné au Cameroun en ce Moment « FOYER POLYGAMIQUE » et je suis à court de Budget pour lancer l’autre série que j’ai rédiger moi-même. J’ai des courts métrages en stand-by qui n’ont jamais eu jusqu’aujourd’hui de financements raison pour laquelle je fais recours à vous pour solliciter votre soutien pour pouvoir trouver des sponsors, partenaires, ou des personnes qui pourront contribuer de près ou de loin à la réalisation de mes projets que ce soit matériels financier ou moral.
    J’encadre des jeunes démunie ou abandonné de leur foyer parental dans l’un des métiers du cinéma et ce sont eux qui constituent mon équipe de tournage tout ceci dans le but de révolutionner le Cinéma au Cameroun.
    Je venais de mètre sur pied une structure de production AFRICAAN STONE mais qui n’a pas encore assez de matériel pour une production stable.

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