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« Le monde est un ballet » : Dans l’antre des « boulangers »

Publié le vendredi 2 mars 2007 à 08h44min

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« Madongui est une chanteuse célèbre devenue folle. Par une nuit pluvieuse, Dramane, homme de main de Madi, un riche industriel, enlève son fils malade. L’inspecteur Moussa est chargé de retrouver l’enfant. L’enquête piétine. Madongui, impatiente, part à la recherche de son fils.

Elle rencontre l’Américain, un chauffeur de taxi très spécial, qui rêve d’organiser son retour sur scène. Madi, préoccupé par le déclin de son entreprise, va consulter un mage. Celui-ci lui recommande de s’accoupler avec une folle... ».

Ce 2e long-métrage fiction d’Issa Brahima de Traoré, après « Siraba, la grande voie » en 2001, peint une société où les mises en scène quotidiennes sont légion. A travers le personnage de Madongui, interprêté par Flora Ilboudo, c’est vraiment une histoire d’un véritable déballage de faits et gestes de bon nombre de personnages qui laissent percevoir à leurs semblables ce qu’ils ne sont pas en réalité. Comment comprendre que la richesse de Madi soit liée à son accouplement avec une folle ?

Mystère pour une fiction, mais également dans la réalité où les hommes, par des manœuvres irrationnelles, recherchent la richesse, la procréation, voire la mort des autres. On ne finira jamais de jaser sur les biens de certaines personnes dans nos sociétés, surtout traditionnelles. Dans cette fiction, Madi est puni parce qu’il n’aurait pas respecté les termes du pacte signé avec les êtres mystérieux.

Là n’est pas le problème puisque son homme de main, Dramane, n’est pas si honnête pour lui avoir fait des enfants. Et ce n’est pas tout, le député et son épouse, par des actes inimaginables, voire illégaux, tentent de s’emparer des richesses (après le décès de son mari) de leur belle- fille Madongui, la folle.

De véritables « boulangers », serait-on tenté de dire, qui se roulent dans la farine pour reprendre le terme bien connu du défunt Général Guei. Le jeu d’acteurs est impressionnant dans ce film du réalisateur burkinabè qui utilise plusieurs couleurs au cours de certaines scènes de nuit pour rendre son œuvre plus attrayante.

Comme « Ouaga Saga » de Dani Kouyaté, film assez dynamique, on éprouve du plaisir à suivre Madongui dans ses différentes péripéties. Cependant, cette vitalité peut, par moments, occulter le message premier du réalisateur qui consiste à poser certaines mauvaises pratiques relevant aujourd’hui de la simple banalité.

« Le monde est un ballet », n’amuse-t-il pas le cinéphile, grâce à la musique vivifiante de Bil Aka Kora, artiste-musicien burkinabé, dans un univers de gaieté, même si la morale voudrait de la compassion pour Madongui ?

Cyr Payim Ouédraogo

Observateur Paalga

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