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Clôture de la XXe édition : Le Nigeria décroche son tout premier Etalon d’or de Yennenga

Publié le lundi 5 mars 2007 à 09h04min

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L’Etalon 2007

La XXe édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougu (FESPACO), ouverte le 24 février dernier, s’est achevée samedi soir en apothéose sous des feux d’artifice. Le président du Faso Blaise Compaoré a remis en personne, l’Etalon d’or de Yennenga au lauréat, le réalisateur nigérian Newton Aduaka.

La plus prestigieuse distinction du FESPACO, l’Etalon d’or de Yennenga, tant convoitée par tous les réalisateurs, a été décernée au film "Ezra" de Newton Aduaka qui reçoit ainsi le trophée que les réalisateurs de son pays n’ont jamais réussi à décrocher depuis le début du festival en 1969.

Le réalisateur nigérian n’est pas le seul heureux de la soirée. L’Etalon d’argent de Yennenga est revenu au film "Les saignantes" de Jean Pierre Bekolo du Cameroun.

Les actrices principales de ce film, Adèle Ado et Calmel Dorelia ont obtenu le prix de la meilleure interprétation féminine. Mahammat Salleh Haroun du Tchad a été récompensé de l’Etalon de bronze pour son film "Daratt (Saison sèche)". Il remporte également le prix de l’Union européenne d’une valeur numéraire de 5 millions de francs CFA.Toujours dans la catégorie des longs métrages, le prix Paul Robeson, qui récompense le meilleur film de la diaspora africaine, est décerné à Arnold Antonin de Haïti pour son oeuvre "Le président a-t-il le Sida ?"

C’est sous la lumière vive des lampandaires du stade du 4-Août, les feux d’artifice et les applaudissements du public que le président du Faso a remis le massif trophée d’or à Aduaka. Démocratie, panafricanisme, multiculturalisme et mérite, tout y est dans cette distinction du Nigeria qui succède à un autre pays anglophone. L’Afrique du Sud, en effet, avait mis le jury d’accord deux ans auparavant, avec le film "Drum" de Zola Maseko.

Désiré Conombo, le président du comité d’organisation de cette édition, a exprimé sa satisfaction pour les différentes distinctions et pour le déroulement sans accrocs de la manifestation. Quant au président du Faso, tout en félicitant tous les lauréats de la soirée, il a rendu un grand hommage aux partenaires du FESPACO, la Francophonie et l’UNESCO notamment. "C’est pour nous un grand moment de rendre hommage à tous ceux qui œuvrent au développement du cinéma africain", a affirmé le président Compaoré.

Le film lauréat raconte la vie d’un combattant sierra léonais Ezra, qui, après la guerre civile qui a ravagé son pays, tente de retrouver une vie normale. Mais il doit d’abord passer par un centre de réhabilitation psychologique puis au tribunal de réconciliation nationale établi par l’Organisation des Nations unies. Il se voit accusé par sa propre sœur qui lui en veut d’avoir assassiné leurs parents.

Mis devant les faits, Ezra éprouve toutes les difficultés pour affronter sa propre identité, celle qui a participé à ces horreurs.
"Ezra" a été élu « pour son extrême actualité, ses qualités artistiques et techniques », selon le président du jury des films long métrage, le cinéaste camerounais Bassek Ba Kobhio. Son réalisateur Aduaka, né en1966, a vécu avec sa famille la guerre de Biafra. Il dit avoir réalisé ce film "dans un esprit panafricaniste".

Le film a tous ses mérites. Pour preuve, il avait déjà été récompensé un jour auparavant, par trois distinctions spéciales, notamment le prix des Nations unies pour une culture de la tolérance et de la paix, le prix Plan Burkina des droits de l’enfant et le prix spécial de l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO).L’Etalon d’or de Yennenga, c’est 10 millions de F CFA et un trophée. L’Etalon d’argent de Yennenga est doté d’un montant de 5 millions de F CFA en plus du trophée, tandis que l’Etalon de bronze comporte 2,5 millions de F CFA.

Maigre moisson pour les films burkinabè

Aucun des trois films long métrage burkinabè en compétition n’a été primé à cette XXè édition du FESPACO.
Le public burkinabè, moins nombreux au stade du 4-Août qu’à l’ouverture du festival, n’a pas beaucoup applaudi ses réalisateurs. Sur plus de vingt (20) prix distribués, seuls le prix Grand prix de Série et Sitcom et le Prix spécial du jury Série et Sitcom, ont été attribués respectivement à Abdoulaye Dao pour récompenser "Quant les éléphants se battent" et à Valérie Kaboré pour "Ina", une autre série.

Les longs métrages "Code Phénix" de Boubacar Diallo, "Le monde est un ballet" de Issa Traoré de Brahima et "Djanta", de Tahirou Tasséré Ouédraogo n’ont même pas eu la mention spéciale donnée par le jury. Les courts métrages et les documentaires ont connu le même sort. Le Poulain d’or de Yennega qui récompene le meilleur court métrage a été attribué à l’Ethiopien Daniel Taye Workou avec son film "Menged" .

Le prix RFI du public, doté d’une valeur numéraire de 15 000 euros, de reproduction DVD et d’une communication promotionnelle sur RFI, a été attribué au film "Il va pleuvoir sur Conakry" de Cheik Fantamady Camara. Le prix du meilleur documentaire a profité au Maroc avec Ejodo, la loi du profit réalisé par Rhalib Jawad.

Autant dire que tout a échappé aux réalisateurs, techniciens et comédiens burkinabè. Ils se sont néanmoins consolés avec neuf (9) des trente et un (31) prix spéciaux décernés auparavant par des institutions, pour les thématiques spécifiques des droits de l’Homme, des droits de l’enfant, de la sécurité, de l’intégration ect., abordés dans les films. Ils sont d’ailleurs champions de l’intégration en décrochant deux des quatre prix de l’intégration mis en jeu par l’UEMOA et la CEDEAO.

Depuis la première édition du FESPACO, l’Etalon de Yennenga est resté deux fois au Burkina, en 1991 avec le film "Tilaï" de Idrissa Ouédraogo et en 1997 avec "Buud Yam" de Gaston Kaboré. Le Mali reste le seul pays à avoir remporté trois fois la plus grande distinction du FESPACO notamment avec Souleymane Cissé et Cheick Oumar Sissoko, l’actuel ministre de la Culture, présent à la cérémonie de clôture. Tout est donc terminé pour ce festival. L’heure est au bilan et perspectives.

Le président du jury des films long métrage, Bassek Ba Kobhio, a adressé des doléances aux plus hautes autorités du pays, leur demandant de doter Ouagadougou d’au moins sept salles de projection dignes de ce nom et avec une signalétique qui permet de les répérer facilement.

Il a également souhaité que le nombre de films en compétiton pour l’Etalon de Yennenga soit ramené de 18 à 12, afin de permettre aux membres du jury de produire un travail approfondi et aisé. La prochaine édition est prévue du 28 février au 8 mars 2009, selon le président du comité d’organisation Désiré Conombo.

Mouor Aimé KAMBIRE


Les coulisses de la cérémonie de clôture
DJ Lewis, "Rageur"

DJ Lewis, artiste-musicien ivoirien et précurseur de la danse "grippe aviaire" était au stade du 4-Août. L’interprétation de son titre phare a fait tabac dans l’antre du stade. Que d’applaudissements et de cris de la part des spectateurs. Les Burkinabè ne demandent pas mieux pour se sentir vivre pleinement un évènement de taille comme le FESPACO. C’est ce qu’il faut assez souvent faire : proposer aux mélomanes leurs artistes préférés du moment.

Quand les organisateurs revoient en qualité la sono

L’état de la sono avait été vivement critiqué par la presse à la cérémonie d’ouverture. La commission chargée de la chose a pris bonne notre et a rectifié le tir à la cérémonie de clôture. C’est une sono made in Seydoni production, impeccable, qui a servi d’animation. Un des organisateurs nous a même approché et félicité pour la remarque. On n’en demande pas mieux. Nos critiques servent à construire dans le bon sens.

Les cinéastes burkinabè ont pris la brousse

Le moins que l’on puisse dire, c’est que nos cinéastes burkinabè ont pris la brousse dans le palmarès officiel du FESPACO 2007. Aucun trophée dans la section long métrage (où nous avions le plus grand nombre), aucun dans la section court métrage et documentaire. Juste deux petits trophées dans la compétition TV-Vidéo. Il y a encore beaucoup de farines à mouler pour avoir du pain sur la planche.

Des chapeaux de Saponé aux lauréats

A la remise des trophées et prix aux différents lauréats inscrits au palmarès de la XXe édition du FESPACO, l’Office national du tourisme burkinabè (ONTB) a eu la géniale idée de permettre aux lauréats d’emporter avec eux une marque identitaire des hommes intègres : Le châpeau de Saponé. Voilà qui contribue à nous révéler. Bravo !

L’hymne du Nigéria exécuté

Le réalisateur nigérian, Newton Aduaka a été doublement honoré au stade du 4-Août. Il a d’abord reçu des mains du président Compaoré le trophée Etalon d’or de Yennenga pour son film EZRA. Pendant ce temps, l’hymne national de son pays était exécuté par la Garde nationale.

Rassemblés par Ismaël BICABA

Sidwaya

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