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Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

Publié le lundi 13 mars 2006 à 08h11min

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Gérard Kango Ouédraogo

A l’occasion d’une interview qu’il nous a accordée sur ses années passées à la Primature (1971-1974) et que vous lirez dans le prochain numéro de « Carrefour Africain », nous avons demandé à Son Excellence Gérard Kango Ouédraogo, de nous résumer son itinéraire politique et sa vie d’homme.

De nos entretiens, il ressort une constance chez l’homme : le respect de la parole est sacré et quand un homme se respecte, il ne peut trahir la parole donnée.

L’itinéraire politique de Gérard Kango Ouédraogo dit « le Duc du Yatenga » commence effectivement le 2 janvier 1956 avec son élection en tant que député au Palais-Bourbon à Paris, sous la bannière du Parti progressiste voltaïque (PPV), issu de l’éclatement de l’Union voltaïque qui avait jusque-là un quasi-monopole sur la scène politique du pays.

Une Union voltaïque qui avait la caution des chefs coutumiers, ce qui explique sa grande audience. Auparavant, l’étudiant à l’école moderne Terrason - de - Fougères de Bamako, s’était, avec son compère feu maître Demba Diallo (ancien Bâtonnier et Médiateur de son pays, le Mali), signalé négativement à l’attention de ses encadreurs, suspecté de Gaullisme qu’il était, à une époque (1940) où le général De Gaulle n’était pas en odeur de sainteté dans son pays.

C’est dire la force de caractère de l’adolescent qui bravait ainsi toute l’administration coloniale avec les nombreux risques encourus. Cette réputation de « sale gosse » finira par le faire connaître des Gaullistes de France (y compris le général) et à rentrer dans leur histoire une fois ses humanités finies à Bamako.

Il deviendra leur élément numéro un en Haute-Volta et, par l’intermédiaire du colonel Dorange, De Gaulle cherchera à le connaître.

Le colonel Dorange peut, du reste, être considéré comme le mentor du « Duc du Yatenga » en politique, puisque c’est avec lui qu’il créera le Mouvement démocratique voltaïque (MDV), une fusion du PPV et du néo-Parti socialiste d’émancipation des masses africaines (PSEMA) de Issoufou Joseph Conombo. En 1957, ledit MDV récoltait 26 élus lors des législatives, devenant ainsi la deuxième force politique du pays derrière le PDU de Ouezzin Coulibaly qui avait 37 conseillers.

Dès lors, celui à propos duquel, Daniel Ouezzin Coulibaly disait, malgré les bisbilles et le divorce qui interviendra entre eux deux mois après la formation du premier gouvernement burkinabè, qu’il « n’est pas une fabrication de l’administration coloniale, ni des communautés quelles qu’elles soient », devenait un homme politique incontournable.

Quoi de plus normal donc qu’il ait assisté au déjeuner d’avril 1957 à Abidjan chez Félix Houphouët-Boigny en compagnie de Ouezzin Coulibaly et du colonel Dorange.

A l’ordre du jour de ce déjeuner qui sera suivi d’une entrevue à Yamoussoukro, le partage du pouvoir dans la colonie de Haute-Volta qui, à l’instar de toutes les autres, s’acheminait vers l’indépendance. Sur la base du protocole d’Accord du 29 avril 1957, le gouvernement sera constitué de sept ministres issus du RDA et cinq du MDV. Au Grand-conseil de l’AOF siégeaient trois conseillers du RDA et deux du MDV.

A peine quelques mois plus tard, on assistera à un divorce spectaculaire entre le MDV et le RDA avec la naissance du Groupe de solidarité voltaïque (GSV) dont le chef de file était Gérard Kango Ouédraogo. Il faut dire que la perspective des indépendances avec le prestigieux poste de président de la République attisait bien des convoitises. La fronde du GSV ne fera pas tomber le gouvernement Ouezzin qui avait bénéficié entre-temps du soutien opportun de Maurice Yaméogo pour se refaire une majorité à l’Assemblée. Par la suite, Ouezzin récompensera Maurice Yaméogo, en le propulsant numéro deux de son cabinet avec la suite que l’on connaît. A l’avènement de Maurice Yaméogo, Gérard Kango Ouédraogo, en raison de son aura et de son poids, sera confiné dans un exil doré, en étant nommé ambassadeur à Londres.

Sous le gouvernement militaire provisoire, (1966-1970), le « Duc » mettra à profit son inactivité forcée pour faire renaître l’UDV/RDA qui triomphera sans coup férir lors des consultations législatives du 20 décembre 1970 en remportant 37 députés.

En vertu de la Constitution, le chef du parti majoritaire, allié au PRA (douze députés pour ce parti) sera investi Premier ministre par l’Assemblée nationale.

Le « Duc du Yatenga », seul élu du peuple à la tête de l’Etat (le président de la République était ipso-facto « le militaire le plus ancien dans le grade le plus élevé » selon la Constitution) peut être a posteriori considéré comme le chef légitime de la Haute-Volta de l’époque.

Mais, la situation politique trouble et complexe de l’époque avec une dyarchie à la tête de l’Etat conjuguée au choc des ambitions entre Gérard Kango Ouédraogo et le président de l’Assemblée nationale Joseph Ouédraogo, ainsi que dans une moindre mesure Issoufou Conombo, auront raison de son gouvernement trois années à peine après son installation. Charmant, éloquent et disposant d’un solide réseau relationnel, le chef du gouvernement qui selon ses propres termes, a vu « venir le coup du 8 février 1974 » n’a pas bougé le plus petit doigt, parce qu’il ne voulait pas verser une goutte de sang burkinabè pour asseoir ses intérêts personnels.

Honneur, élégance, classe et patriotisme, nous sommes loin du spectacle affligeant que nous offrent au quotidien, les politiciens de la nouvelle vague.
C’est du reste cette haute opinion qu’il a de lui-même et du peuple burkinabè qui lui vaudra d’être consulté aussitôt après sa chute par son tombeur, le général Sangoulé Lamizana.

Conseiller « occulte » entre le 8 février 1974 et 1978, le « Duc » opèrera un retour magistral sur la scène politique lors des législatives de 1978.

Son parti, l’UDV/RDA s’en sort cette fois avec 28 députés et Gérard Kango Ouédraogo est élu président de l’Assemblée nationale avec 29 voix contre 28 à Joseph Ouédraogo après des joutes homériques.

Porté à la tête du gouvernement, Issoufou Conombo formera le 16 juillet 1978 une équipe homogène, l’opposition ayant refusé toute participation.

Un gouvernement faible donc, tout comme le président de la République, Lamizana ayant été élu au second tour par une faible marge et avec le soutien de ses frères d’armes.

Les syndicats ne cesseront pas de harceler le gouvernement et ce qui devait arriver, arrivera le 25 novembre 1980, avec l’irruption des militaires sur la scène politique. Ainsi se terminait la carrière politique de celui qui nous a affirmé que « lorsque vous sortez du peuple, on ne peut plus vous reconnaître.

A contrario, si vous êtes avec lui, vous ne pouvez pas vous tromper, car il vous mettra en garde ».

Boubakar SY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 13 mars 2006 à 22:12, par Kéré, Nancy En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

    "Honneur, classe et élégance...telles sont les valeurs imprescriptibles qui doivent guider la classe politique actuelle.
    Merci Monsieur Gérard Kango Ouédraogo pour cet enseignement et cette expérience pleins de sagesse. Kéré, Nancy

    • Le 14 mars 2006 à 13:11, par sorya En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

      Cirage de pompes quand tu nous tiens !!!!!!!!!!!!
      Sans commentaire..........

      • Le 18 mars 2006 à 00:15, par kéré, Nancy En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

        Et toi au surnom incongru et mystérieux négativement ? Qu’as-tu fais pour le Burkina depuis son existence pour tenir de tels propos. Tant que nous n’apprenons pas à "positiver" et à respecter nos aînés, nous ne sortirons pas de notre léthargis.
        Alors il ne vous reste plus qu’à oublier qu’il ne s’agit pas d’un "cirage de pompes" mais d’une réalité historique qui doit guider notre futur en matière politique. Pauvre ignard de sorya, Kéré, Nancy

        • Le 18 mars 2006 à 12:58 En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

          Décidément Me Kéré de Nancy aime les polémiques, vous voulez qu’on soit toujours d’accord avec vos opinions, mais vous ne digérez pas les contradictions n’est-ce pas Maitre ?

          • Le 19 mars 2006 à 00:38, par kéré, Nancy En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

            Vous ferez mieux de vous taire car il ne s’agit pas de contradiction dans vos propos malveillants mais de dénigrement sytématique dans vos assertions lugubres. Pensez-vous que j’ai besoin de cirer les pompes de quelqu’un pour nourrir ma famille ? Dès que l’on manifeste un sentiment positif sincère sur un homme politique, vous criez au griot ou au cireur de pompe. Répondez à mes questions ainsi qu’à celle qui vous était posée dans mon précédent message sur votre rôle positif dans le cursus politique passé et présent du Burkina. Avez-vous le courage de révéler votre identité et de vous regarder dans un miroir ?
            Au moins M. Gérard OUEDRAOGO a pu tout de même nous faire part de son passé politique glorieux. Vous pouvez être contre les idées politiques de cet homme. C’est votre droit. Mais vous ne pouvez certainement pas nier ses oeuvres politiques. Je persiste à douter certainement sur votre capacité d’analyse, et ce, sans aucun mépris vis-à-vis de vous, même si le plaisir ne me manque d’avoir un tel sentiment à l’égard de vos propos peu crédibles et je dirais même insignifiants. La polémique c’est vous qui l’aviez créée. Alors, il ne vous reste plus qu’à en assumer les répercussions et mes réactions, démocratiquement bien sûr !!!. Heureusement que je ne vous vois pas en face, car je vous aurais convaincu davantage sur le bien-fondé et la justesse de mes propos. Il est difficile et frustrant de lutter contre un adversaire invisible et j’ajoute, de peu de foi. Kéré, Nancy

            • Le 20 mars 2006 à 16:43 En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

              Hé Kéré biga, du calme..., mann sougri...

              • Le 21 mars 2006 à 13:37, par Ernest SANOU En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

                Félicitations à Kéré pour son courage, son réalisme et sa lucidité. Voilà quelqu’un qui ne se cache pas derriere des pseudonymes, qui affiche ses idées et les defend à la loyale et avec le respect dû à son interlocuteur. Il est très positif et le Burkina a Besoin de gens comme lui. Courage et l’histoire parlera de toi un jour mais pour les inconnus en embuscade l’histoire ne retiendra rien d’eux.
                Ernest SANOU.

                • Le 22 mars 2006 à 09:01, par Kéré, Nancy En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

                  Bonjour Mon Cher Ernest,
                  Je tiens à vous remercier pour l’excellence de votre message.
                  Je peux vous assurer que votre message constitue pour moi un signe fort d’encouragement.
                  Quant à ces pseudonymes inconnus, je retiens qu’il faut rester courtois vis-à-vis d’eux en dépit de la violence de leurs propos.
                  Bien à vous et j’espère vous rencontrer un jour. Mon mail est Kere.paul@wanadoo.fr.

                  • Le 22 mars 2006 à 16:35 En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

                    Hé Maitre lisez bien les réactions des autres ils sont plus courtois que vous ; vous traitez toujours les autres d’incapables et d’ignorants c’est pas bon ça Maitre. C’est pas la bagarre Maitre.

                    • Le 22 mars 2006 à 18:55, par Kéré, Nancy En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

                      Votre réaction m’inspire la réflexion suivante :
                      Il me semble que je n’ai aucune leçon de bienséance ou de courtoisie à recevoir de vous. La courtoisie et l’honnêteté minimales consisteraient à révéler d’abord votre identité au lieu de gloser sur mon attitude qui est calquée strictement sur la réaction des uns et des autres. Monsieur Ernest SANOU m’a traité avec bienséance et fraternité. Alors, lisez la réponse que je lui est faite et vous apprendrez à me connaître. Je n’ai jamais été complaisant avec mes adversaires. Démocratiquement bien sûr ! C’est ma devise et je vous exhorte à plus de retenue et de courtoisie à mon égard. Vous constaterez que je le serai également. Je persiste à dire qu’il est frustrant de discuter avec des inconnus, même en démocratie. Ceci dit, je persiste toujours à penser qu’il ne faut tout de même pas confondre les torchons et les serviettes... Ce forum est un lieu de proposition concrète des idées. Dès qu’une idée concrète est proposée, je constate que tous les mauvais esprits critiqueurs se faufilent et se défilent... Dommage !. Kéré, Nancy

                      • Le 29 mars 2006 à 04:12, par Kayaba En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

                        Salut Maitre Kere.Cela fait longtemps que suis vos interventions avec attention,sans jamais vous repondre.Vous savez pourquoi ?Pour la simple raison que les mots m’ont toujours manques.J’admire beaucoup votre sens du raison et votre esprit positif.Sans vous connaitre,je peux affirmer que vous etes un burkinabe au sens reel meme si vous ne vivez pas au pays.C’est peut etre une erreur de vous ecrire car je ne serais incapable de vous exprimez clairement mes sentiments mais il faut que vous sachiez qu’il ya quelqu’un qui vous apprecit.Pour finir,acceptez aussi ceux qui ne partagent pas vos opinions et qui se voilent sur des pseudos car c’est ca aussi la democratie.Bien de choses a vos enfants et a votre epouse.Si vous avez un jour l’occasion d’un sejour a Londres,n’hesitez pas a me contacter pour des souvenirs.Ce sera pour moi un honneur.Je vous contacterais mes cordonnees dans votre adresse personnelle.Que Dieu vous bennisse

                        • Le 2 avril 2006 à 22:17, par kéré, Nancy En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

                          Mon Cher KAYABA,

                          Merci pour vos compliments à mon égard.
                          J’attends, comme promis vos coordonnées pour plus d’échanges.
                          Pour le reste, j’ai apprécié vos conseils précieux.
                          Ce qui suppose que les autres interlocuteurs en fassent de même.
                          Bien à vous. Kéré, Nancy

                          • Le 3 avril 2006 à 13:19 En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

                            Oui Me Kéré celui qui n’a jamais de leçon à recevoir de quiconque mais veux en donner aux autres, toujours intello des intellos, arrogant des arrogants et toujours la tête pleine les autres sont des ignards d’après ces termes à lui ; tu es trop loin des réalités du pays tais-toi

                            • Le 5 avril 2006 à 08:03, par kéré, Nancy En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

                              Merci du compliment !!!. rire. Si vous pensez que je suis loin des réalités du pays, je vous le concède volontiers compte tenu de la distance géographique (6000 kms).
                              Cependant, sachez que mon coeur est au Burkina et je suis soucieux que les burkinabè vivent en paix. Ceux qui compromettent cette stabilité par leurs propos agressifs et malveillants me trouveront en face pour apporter les réponses idoines. L’internaute que j’ai qualifié d’ignard l’a bien mérité et j’en assume la paternité. Ayez du respect pour les autres. Sans ce respect, vous m’aurez toujours en face et je n’hésiterai pas à vous rendre la monnaie de votre arrogance en étant naturellement arrogant à vos yeux. Faites la paix avec moi si vous voulez cette paix. A défaut, l’adversité ne me dérange pas et je me nourris de temps à autre, dans ma profession, de cette adversité tous les jours. Vous avez compris quelque chose au moins ? Mais je croyais que l’article concernait Monsieur Gérard Kango OUEDRAOGO. Il faut éviter que le sujet tourne autour de moi. Kéré, Nancy

                              • Le 27 mai 2006 à 17:43, par Myrya En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

                                Je ne suis qu’une jeune fille du pays sans vraiment d’expérience mais ,je suis tout à fait d’accord avec l’opinion de Mr Kere qui lui au moins a eu le courage de défendre ses idées et surtout un homme qui a beaucoup fait pour la politique au Burkina en l’occurence Gérard Kango Ouédraogo.Qu’il ne tienne pas compte des propos malveillants de ce genre de personnes qui font tout pour détruire ce que d’autres sèment de bon.

        • Le 30 juillet 2006 à 19:03, par aboubacar En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

          salut tout ceux qui ignore l’importance de SEM GERARD KANGO n’est^pas digne de se nomer burkinabe car c’est l’un des deux hommes au faso qui existe et qui connait tout l’histoire du burkina (KI ZERBO JASEPH ET GERARD KANGO) il faut les respecter car ils ont vecu l’histoire et ont beaucoup fait pour l’independance que nous jouissons aujourd’hui.j’interpel celui qui a osé critiquer negativement SEM KANGO d’aprendre la bonne education car l’education qu’il a reçu a faillie.

          • Le 22 septembre 2006 à 22:12 En réponse à : > Gérard Kango Ouédraogo, homme d’honneur et de devoir

            Vraiment, je partage votre idée. "l’éducation a failli...". Je dirai même qu’il n’y a jamais eu d’éducation. Mais ça, on ne pourra jamais empêcher. C’est pourquoi il y a des bâtards et des enfants légitimes et dignes de respect. Angelica. France.

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