Burkina/Affaire ‘’charbon fin’’ : « C’était l’occasion de leur faire comprendre qu’on ne peut pas tout acheter avec l’argent », reproche Roger Millogo, REN-LAC
Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a animé, ce jeudi 1er février 2024 à Ouagadougou, une conférence de presse pour donner sa lecture sur l’issue judiciaire dans l’affaire dite ‘’charbon fin’’ ; les parties ayant opté pour une voie transactionnelle. L’organisation a exprimé sa déception, estimant que ce dossier était l’occasion de sonner le glas de l’impunité et faire comprendre que le Burkina Faso mérite respect.
Les responsables du REN-LAC disent ne pas comprendre qu’au moment où on attendait la vérité, on abandonne le jugement pour la transaction, ce d’autant que, soulignent-ils, l’aboutissement du jugement n’exclut pas une transaction. « On a manqué l’occasion de faire en sorte que ce genre de situations n’arrivent plus. (…). Il faut sortir de ce cercle vicieux qui consiste à faire des fautes pour ensuite recourir à des transactions », soutient en substance le secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nacanabo, pour qui l’annonce de la transaction est arrivée brusquement, à un moment où le débat devenait pourtant intéressant, tendant vers la lumière sur l’affaire.
- Plusieurs volets ont été scrutés par les journalistes (vue partielle) à travers les questions.
Selon les conférenciers, le Burkina Faso perd la mise en garde de tous les sociétés et acteurs miniers par rapport aux pratiques nuisibles au pays. Sur cette transaction d’ailleurs, ils expliquent que des spécialistes de mines révèlent que la somme de neuf milliards qui est revenue à l’Etat est un menu-fretin par rapport à la réalité ; aucun des spécialistes n’ayant communiqué une somme en-deçà de 50 milliards comme valeur des cargaisons en cause. « Dans la légalité, on aurait pu jouer gros pour avoir mieux. Dans cette transaction, on perd à la fois sur le plan juridique et économique », regrettent-ils donc.
De l’avis du REN-LAC, même si on est pauvre, on ne doit pas tout monnayer. « Pour un pays qui veut se faire respecter, il faut savoir se passer de certaines attitudes, surtout lorsqu’on veut rester dans la logique de la souveraineté », appuie globalement M. Nacanabo, insistant que la manifestation de la vérité était donc mieux pour l’intérêt du pays.
- Roger Millogo (à droite), avec à sa droite, Sagado Nacanabo (au micro) et Richard Tiendrébéogo, les animateurs de la conférence.
« Le Burkina Faso avait beaucoup à gagner, si la vérité était sue. On peut perdre 9 milliards aujourd’hui et gagner 100 milliards après, parce qu’on aurait pris des dispositions », présente-t-il.
Pour Richard Tiendrébéogo, spécialiste en mines, le véritable charbon fin n’est pas récupérable, il va dans le parc à résidus. Ce qui est récolté et qu’on appelle de façon abusive « charbon fin », théoriquement, n’a pas son sens ici, fait-il comprendre.
« Vous avez des gens dans ce pays qui croient qu’on peut tout avoir avec de l’argent ; c’était l’occasion de leur faire comprendre qu’on ne peut pas tout acheter avec l’argent. Mieux, on aurait pu avoir, et la vérité et en plus d’argent », soutient, grosso modo, le chargé des affaires juridiques et judiciaires, Roger Millogo.
O.L
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 2 février à 08:49, par bil En réponse à : Burkina/Affaire ‘’charbon fin’’ : « C’était l’occasion de leur faire comprendre qu’on ne peut pas tout acheter avec l’argent », reproche Roger Millogo, REN-LAC
ON dit souvent qu’un mauvais arrangement faut mieux qu’un bon procès. Ce procés dure depuis très longtemps et n’allait aboutir à rien sinon que de dire que SEMAFO exportait du charbon fin et que l’Etat n’avait pas les moyens pour contrôler ou qu’il y avait des complicités. Pour moi s’entendre sur un compromis me semble bien et moins couteux car ce procès pourrait durer encore 2 à 3 ans.
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2. Le 2 février à 09:09, par kwiliga En réponse à : Burkina/Affaire ‘’charbon fin’’ : « C’était l’occasion de leur faire comprendre qu’on ne peut pas tout acheter avec l’argent », reproche Roger Millogo, REN-LAC
9 milliards,... mais en CFA, vous voulez dire ?
Un peu moins de 14 millions d’€uros.
Pour une société comme IAMGOLD, qui est cotée à la Bourse de New York (NYSE : IAG) à la Bourse de Toronto (TSX : IMG), et qui fait partie des entreprises figurant sur l’indice Jantzi Social Index,... ça représente quoi...?
Il semble que l’on soit à souveraineté variable.
Pour rappel, dans notre lutte contre l’impérialisme français et pour conquérir notre souveraineté, nous avons perdu l’AFD soit, 325 milliards FCFA en 2023, soit près de 10% du budget national. Ce qui veut dire qu’en termes de financement ce n’est pas négligeable. Sur ce montant global, 8,5 milliards FCFA représentent des appuis budgétaires. De ce fait, la suspension de ces appuis entraîne mécaniquement un creusement du déficit budgétaire d’un montant équivalent qu’il faudra financer. Rappelons au passage que le budget 2023 de l’État burkinabè s’élève à 3235,9 milliards de FCFA, avec un déficit de 604,7 milliards.
Et avec IAMGOLD, nous avons renoncé à notre souveraineté, vendu notre dignité pour 9 petits milliards...?
C’est devenu ça, être sankariste ?
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3. Le 2 février à 09:16, par PATRICK En réponse à : Burkina/Affaire ‘’charbon fin’’ : « C’était l’occasion de leur faire comprendre qu’on ne peut pas tout acheter avec l’argent », reproche Roger Millogo, REN-LAC
Merci au secrétaire exécutif du REN-LAC M. Sagado NACANABO ainsi qu’à toute l’équipe qui a voulu nous faire part de cette triste vérité. Moi personnellement je n’ai pas cru à cet procès sur le « charbon fin ».
On ne peut pas marchandé notre souveraineté.
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4. Le 2 février à 09:21, par El KABOR En réponse à : Burkina/Affaire ‘’charbon fin’’ : « C’était l’occasion de leur faire comprendre qu’on ne peut pas tout acheter avec l’argent », reproche Roger Millogo, REN-LAC
Est-ce que le RENLAC est lucide cette fois-ci ou bien il a commencé à faire dans la zizanie, la mauvaise foi et la politique politicienne. On a assisté depuis plus de 5 à 6 ans à un jeu de ping-pong entre experts de IAMGOLD et experts de l’Etat et aussi entre avocats de IAMGOLD et le parquet et tout ça devant nos juges qui ne savent où donner de la tête, toutes choses qui les obligent d’aller de renvoi en renvoi depuis ce temps là. Si ces ping-pong vont continuer, c’est probablement en 2070 qu’on allait se résoudre à privilégier cette transaction à l’amiable que vient de réaliser l’Etat avec IAMGOLG. En 2070, NACANABO même serait mort et donc il serait mort sans avoir vu le dénouement de cette procédure judiciaire. Alors, pourquoi ne pas couper court ? Le gouvernement a bien fait en acceptant cette transaction car ça permet de gagner en temps et en ressources car nous avons besoin d’argent pour lutter contre le terrorisme et la faim.
Webmaster, ne me bloque pas encore stp. Laisse passer stp.
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5. Le 2 février à 10:27, par Gombila SAM En réponse à : Burkina/Affaire ‘’charbon fin’’ : « C’était l’occasion de leur faire comprendre qu’on ne peut pas tout acheter avec l’argent », reproche Roger Millogo, REN-LAC
Bonjour,
Vous avez raison de critiquer l’issue de ce jugement tant attendue.
De l’avis du REN-LAC, même si on est pauvre, on ne doit pas tout monnayer. « Pour un pays qui veut se faire respecter, il faut savoir se passer de certaines attitudes, surtout lorsqu’on veut rester dans la logique de la souveraineté », appuie globalement M. Nacanabo, insistant que la manifestation de la vérité était donc mieux pour l’intérêt du pays.
Cela montre à quel point notre justice doit être reformée car elle n’a pas pu nous offrir ce que tout les burkinabè attendaient c.-à-d. la manifestation de la vérité était donc mieux pour l’intérêt du pays.
Ce sont certains de nos technocrates qui travaillent à ralentir le développement de notre pays au profit de leurs intérêts personnels.
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6. Le 2 février à 11:29, par Article 37 En réponse à : Burkina/Affaire ‘’charbon fin’’ : « C’était l’occasion de leur faire comprendre qu’on ne peut pas tout acheter avec l’argent », reproche Roger Millogo, REN-LAC
Hé oui, c’est ça les affaires. La procédure a duré combien d’année ? Vous comprendrez le mécanisme des grands groupes capitalistes.
Si IAM Gold avait été mis en liquidation, vous imaginez la suite ?
Au delà il faudra que le RENLAVC revienne sur ce qui se passe au niveau local. La corruption. Le projet ZAKA s’est construit avec quel argent ? Ouaga 2000 s’est construit avec quelles ressources ?
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7. Le 2 février à 15:37, par sheikhy En réponse à : Burkina/Affaire ‘’charbon fin’’ : « C’était l’occasion de leur faire comprendre qu’on ne peut pas tout acheter avec l’argent », reproche Roger Millogo, REN-LAC
Je pense que les juges et le parquet tenaient le bon bout. Effectivement, les choses commençaient à apparaitre plus clairement cela ne sentait pas bon aussi bien pour l’Etat, les fonctionnaires que les autres acteurs. Je pense que c’est cette analyse et la compréhension de l’écosystème qui a amené l’Etat à recourir à la transaction. Si on était aller jusqu’au bout, il n’aurait plus été possible de revenir à une transaction sans choquer l’opinion et soulever un tollé général. En outre, connaissant environnement judiciaire avec ses possibilités de recours, on aurait encore des années avant de boucler cette affaire sauf si, par extraordinaire, une indiligence spéciale lui était accordée. Je ne suis pas spécialistes, mais là ou je suis d’accord est qu’on aurait pu gagner beaucoup sauf encore si les résultats du traitement de la cargaison confisquée, au profit de l’Etat, sont conséquentes.
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8. Le 2 février à 16:57, par Levieux En réponse à : Burkina/Affaire ‘’charbon fin’’ : « C’était l’occasion de leur faire comprendre qu’on ne peut pas tout acheter avec l’argent », reproche Roger Millogo, REN-LAC
En plus de 9 milliards l’Etat garde la cargaison saisie et s’il est vrai que sa valeur fait plus de 50 milliards comme disent certains spécialistes des mines alors c’est pas rien.
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Le 2 février à 20:09, par jj En réponse à : Burkina/Affaire ‘’charbon fin’’ : « C’était l’occasion de leur faire comprendre qu’on ne peut pas tout acheter avec l’argent », reproche Roger Millogo, REN-LAC
Un peu simple comme raisonnement. Combien d’autres fraudes antérieures à cette cargaison saisie ? Que dire des responsables de cette fraude qui devraient être à la MACO pour des années ? par contre, un simple voleur de 3 poulets ou d’un mouton, il passe par la case prison et peut y faire banalement un an voire plusieurs années ! Conclusion : volez des milliards vous serez tranquille mais surtout pas 3 oranges, ou quelques poulets !
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