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Guinée : Un à 20 ans de prison pour des médecins coupables de viols et mort d’une jeune femme

Publié le mercredi 5 avril 2023 à 21h00min

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Guinée : Un à 20 ans de prison pour des médecins coupables de viols et mort d’une jeune femme

L’affaire a créé désolation, indignation et révolte en Guinée en 2021 : cette jeune femme, agressée à plusieurs reprises dans une clinique privée dans la banlieue de Conakry. Evacuée en Tunisie, M’mah Sylla, secrétaire, âgée de 25 ans, va finalement succomber, le 20 novembre 2021, à ces actes des médecins.

Violée à plusieurs reprises par de prétendus médecins chez qui elle était venue se faire soigner, la jeune femme de 25 ans n’a pas survécu aux sept opérations chirurgicales qu’elle a subies. Quatre hommes sont mis en cause : Patrice Lamah, Daniel Lamah, Sebory Cissé et Célestin Millimono (les trois premiers ont été, dès les premiers moments, placés sous les verrous, attendant les conclusions de l’enquête diligentée par le parquet tandis le dernier cité a, lui, pris la fuite).

Selon le confrère de jeune Afrique, tout commence dans le courant du mois de juillet (2021), lorsque prise d’un mal d’estomac, M’mah Sylla se rend dans une clinique située en banlieue de Conakry, la capitale. « L’établissement n’est pas répertorié par l’Ordre des médecins de Guinée, mais a pignon sur rue et reçoit chaque jour des patients. Elle y est reçue par Patrice Lamah. Le médecin l’accueille, l’installe dans une chambre isolée, avant de lui tendre un jus de fruit. Il lui fait une injection et l’enjoint à patienter. La jeune femme s’endort », a retracé le journal, poursuivant la narration avec les propos de l’avocate de la victime : « Elle s’est réveillée deux heures après, ne se rappelant de rien, mais constatant un changement dans la façon dont elle était habillée ».

Un mois plus tard, s’inquiétant d’un retard de menstrues, elle retourne voir le médecin, poursuit la publication. « En colère, M’mah Sylla obtient la confirmation de ses craintes. Le médecin a reconnu avoir abusé d’elle lors de sa première visite. Patrice Lamah aurait alors tenté, sans succès, de la dissuader de mettre un terme à la grossesse. Il accepte alors de pratiquer l’IVG, elle revient à la clinique dix jours après, mais ce jour-là, il la viole à nouveau, en lui affirmant même que cela facilitera l’avortement. Le lendemain, il adresse la jeune femme à un complice, en vue de ‘’ faire une échographie’’.

Malgré les agressions sexuelles à répétition qu’il lui a fait subir, M’mah Sylla écoute l’avis de ce médecin et se rend chez son confrère, Célestin Millimono. Celui-ci, à son tour, la viole. Le 10 octobre (2021), lorsque la jeune femme finit par trouver la force de s’extraire de l’emprise dans laquelle ces prétendus médecins semblent l’avoir maintenue, et qu’elle se rend au CHU Ignace Deen, son état est catastrophique. Le ‘’mal de ventre’’, qui n’a été soigné à aucun moment, a dégénéré.

La jeune femme est entre la vie et la mort, ses intestins sont nécrosés. Les équipes de l’hôpital tentent, en vain, de la soigner. Révélée dans la presse, l’affaire commence à agiter l’opinion. Le colonel Mamadi Doumbouya, le chef de la junte, s’inquiète de la situation. Le 22 octobre, les autorités guinéennes évacuent M’mah Sylla en Tunisie où, malgré de nombreuses opérations, elle mourra un mois après », détaille le confrère.

Au moment où le procès du 28 septembre bat son plein (procès qui soulève également viols et autres violences, https://lefaso.net/spip.php?article115872), le verdict sur cette affaire dite « M’Mah Sylla » est tombé ce mardi 4 avril 2023 devant la justice guinéenne, apprend dakaractu.com.

Daniel Lamah, Patrice Lamah et Célestin Millimouno sont déclarés coupables de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner et d’avortement.

Selon le confrère dakarois, M. Millimouno et Patrice Lamah ont également été condamnés pour viol. Un quatrième médecin, Sebory Cissé, a, lui, été reconnu coupable de mise en danger d’autrui. Les accusations d’administration de substances nocives, qui avaient été portées contre les quatre médecins, ont été abandonnées. Patrice et Daniel Lamah ont été condamnés à quinze ans de prison chacun, et M. Cissé a un an de détention. Célestin Millimouno, en fuite, a écopé de 20 ans d’emprisonnement. Un mandat d’arrêt a été lancé à son encontre.

Un verdict accueilli à sa juste valeur par certains défenseurs des droits humains, des proches de la victime et des activistes de la société civile qui ont, dès la révélation de cet acte ignoble, suscité la mobilisation générale, réclamant entre autres aux autorités, un assainissement de la profession médicale (une campagne de l’Inspection générale de la santé a permis de fermer plus de 700 cliniques non agréées, rien que dans la zone de la capitale).

Pour des Guinéens qui ont suivi le déroulement de l’affaire, ce verdict est ‘’un message envoyé aux adeptes de telles pratiques de viols et d’abus sur les femmes, dont certaines traînent seules, en silence et toute la vie, les conséquences’’.

O.L
Lefaso.net

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