Village de Yamtenga : Menacés de déguerpissement, les résidents préviennent qu’il faudra d’abord marcher sur leurs corps
Les autochtones et ménages résidents du village de Yamtenga, actuel secteur 47 (ex secteur 29) de l’arrondissement 11 de la ville de Ouagadougou, sont à couteaux tirés avec Yacouba Sébastien Kikoné, comptable à la retraite et fondateur du collège privé Buud-Yam résidant à Wemtenga, secteur 23, arrondissement 5 de la ville de Ouagadougou. Pour cause, ce dernier a donné un ultimatum aux résidents dits « autochtones » de quitter leurs concessions qu’il aurait, selon les dires, acquis légalement.
En effet, tout aurait commencé dans les années 1992 avec le regretté Patrice T. Ilboudo, père biologique de Benjamin qui est menacé aujourd’hui de déguerpissement de son domicile familial pour des raisons foncières. Selon les dires de ce dernier et de certains riverains, feu Patrice T. Ilboudo, avait cédé un terrain d’une superficie d’un hectare situé en zone non aménagée à Yacouba Sébastien Kikoné pour la construction d’une école primaire en échange d’un montant de 300.000 francs CFA. A l’en croire, la transaction s’est faite en présence des trois témoins ci-après : Idrissa Ilboudo, Roger Saïdou Ilboudo et Issouf Ilboudo, tous vivants et résidant à Yamtenga.
- Aperçu des concessions menacées
Plus d’une dizaine d’années (1992-2022), après l’acquisition de cet espace avec feu Patrice Ilboudo, son ancien ami à qui il avait acheté une partie de son terrain, Yacouba Kikoné aurait surpris plus d’un de la localité. « A notre grande surprise, il est passé par la collectivité territoriale et l’administration (mairie et services des impôts) pour étendre son terrain à une superficie de plus de deux hectares et s’est fait rapidement délivrer un titre foncier daté du 29 avril 2016 », relate l’héritier du défunt Patrice, Benjamin Ilboudo.
- Benjamin Ilboudo, porte-parole des autochtones et résidents de Yamtenga
Cette extension « anarchique et unilatérale », puisqu’ils disent ne pas avoir été consultés par les autorités de la mairie ou d’autres personne, a englouti plus de 37 concessions et l’espace non occupé des ayants droits de Patrice Ilboudo. Pire, la résidence du vendeur, feu Patrice Ilboudo est inclue dans cette extension. « A cause de cette extension, tous les résidents de la zone concernée, qui y vivaient paisiblement avant que le promoteur du collège n’achète son terrain sont tous menacés de déguerpissement », explique Abdoulaye Compaoré, le visage fermé.
Les autochtones déplorent le fait que non seulement le comptable à la retraite a fait preuve d’« ingratitude » envers feu Patrice Ilboudo mais aussi et surtout de « cruauté » en voulant les déguerpir et en les traduisant en justice. « Toutes les démarches entreprises en vue de résoudre le problème à l’amiable n’ont pas abouti. En ce moment, nous faisons l’objet d’assignation devant le Tribunal de grande instance Ouaga 2 par le promoteur. Nous nous sommes retrouvés devant le juge sans avocat le premier jour face à Yacouba Kikoné et son avocat. Après, ils nous ont dit de chercher un avocat et celui que nous sommes allés voir nous demande la somme d’un million de francs CFA que nous n’avons pas pu mobiliser jusqu’aujourd’hui », a confié Benjamin Ilboudo.
- Abdoulaye Compaoré, l’iman du quartier
Toujours selon leur récit des faits, en février 2022, le fondateur du collège est venu leur demander de libérer les lieux sous prétexte qu’il était attributaire du terrain. Pourtant, recadrent-ils, depuis 2011, le gouvernement a suspendu les opérations de lotissement dans les villes de Ouagadougou et de Bobo -Dioulasso.
« S’il en est ainsi, quelle magie monsieur Kikoné Yacouba Sébastien a utilisé pour obtenir ses documents notamment le titre foncier ? », s’interrogent bon nombres d’entre eux. Y a-t-il eu des dessous de tables ou des pots de vin entre le fondateur et le maire pendant l’acquisition des documents du titre foncier (2016) ? Autant de questions soulevées par les riverains lors de notre passage. En tout cas, les riverains avertissent M. Kikoné : « Il faudra d’abord marcher sur nos cadavres avant de nous déguerpir ».
- Image de l’école
Par conséquent, ils demandent aux autorités en charge du foncier et à la municipalité de prendre l’affaire au sérieux de sorte à éviter une catastrophe dans un pays déjà touché par l’insécurité. « Nous invitons les premières autorités du pays à se pencher sur notre situation pour éviter le pire à la satisfaction des différentes parties », ont-t-ils souhaité.
Pour avoir la version de l’accusé M. Kikoné, Lefaso.net a fait un tour à son établissement, malheureusement celui-ci était absent. Puis, joint au téléphone le jeudi 14 juillet 2022 aux environs 11 heures, il a laissé entendre que l’affaire est en justice et il souhaite s’abstenir de commenter. « Je ne peux pas parler parce que l’affaire est en justice », nous a-t-il confié.
Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 15 juillet 2022 à 19:35, par TANGA En réponse à : Village de Yamtenga : Menacés de déguerpissement, les résidents préviennent qu’il faudra d’abord marcher sur leurs corps
Voilà encore.
Il fait ramener tous ceux qui ont signé mes papiers de sieur Kikoné, puis demander à tous si on peut acheter des espaces sans en parler aux propriétaires.
On dit que la justice est bête mais nous ne devons pas êtres bêtes.
Le 16 juillet 2022 à 06:31, par ZORRO En réponse à : Village de Yamtenga : Menacés de déguerpissement, les résidents préviennent qu’il faudra d’abord marcher sur leurs corps
@TANGA, est-ce que vous détenez tous les éléments de cette affaire pour faire ce type de commentaire ? Il faut éviter de foncer tête baisser dans des dossiers sans les maîtriser. Allez vous renseigner au Domaine et vous verrez qu’on n’obtient pas un titre Foncier aussi facilement. Un géomètre est forcément allé là-bas et a fait le bornage du terrain. Les plaignants ne peuvent pas ne pas être au courant de ça parce que c’est un grand travail avec implantation de bornes. Les plaignants étaient où à cette étape ?
Le 17 juillet 2022 à 19:05, par Le Vigilent En réponse à : Village de Yamtenga : Menacés de déguerpissement, les résidents préviennent qu’il faudra d’abord marcher sur leurs corps
@ZORRO, ce que demandent ceux qui prétendent être les propriétaires des terres prises par l’extension du terrain que le sieur Kikoné avait acheté avec leur père, c’est de pouvoir vérifier, sur les documents d’attribution du terrain, dans ses dimensions actuelles, si l’avis des propriétaires terriens légitimes y figure. Vous vous trompez en insinuant que ces héritiers du propriétaire terrien ignorent les procédures légales à suivre pour l’attribution et le bornage d’un terrain sur des terres dont les propriétaires sont connus. C’est justement parce qu’ils en savent bien plus que vous ne le pensez qu’ils demandent a vérifier si ceux qui auraient signé au nom des propriétaires terriens avaient la qualité et/ou l’autorisation de le faire. Dans le cas contraire, il y a eu fraude et les documents d’attribution ainsi que le titre foncier seront remis en cause.
Votre reaction au commentaire de @TANGA me fait penser que vous pourriez être un associé ou un des hommes de mains du sieur Kikoné
Le 18 juillet 2022 à 07:18, par ZORRO En réponse à : Village de Yamtenga : Menacés de déguerpissement, les résidents préviennent qu’il faudra d’abord marcher sur leurs corps
@Le Vigilant, désolé de vous décevoir, je ne connais personne dans ce dossier. Je vous demande juste de relire la réaction de TANGA. Il commence à insulter alors que je suis sûr qu’il n’a aucune information sur le fond du dossier. Ce que je dis, c’est qu’il est impossible qu’un géomètre soit allé là-bas, implanter des bornes jusqu’au delà de leurs concessions, et les propriétaires terriens n’ont rien vu et n’ont rien fait. Bizarre non ? Sinon pour ce que vous dites, je suis d’accord. Les documents du dossier doivent être vérifiés pour savoir qui a signé quoi. Et si l’acheteur va au-delà de la superficie qui lui a été cédée à l’époque, le titre sera retoqué par la Justice. En attendant cette étape, je ne comprends pas pourquoi TANGA insulte la Justice.
2. Le 16 juillet 2022 à 07:18, par Association de développement En réponse à : Village de Yamtenga : Menacés de déguerpissement, les résidents préviennent qu’il faudra d’abord marcher sur leurs corps
Si vous avez toujours un bon vieux au village, demandez lui de sacrifier un poulet et la terre va résoudre ça pour vous. S’il veut vous faire la force. Le jour qu’il mettra son pied sur le sol du village , son compte est réglé. Avec la corruption de nos jours, personne n’est correcte mais les ancêtres ne mentent pas, surtout que celui qui a vendu l’ha est décédé il va agir si vous lui donnez la permission à travers votre sacrifice.
3. Le 16 juillet 2022 à 08:36, par Morbiiga En réponse à : Village de Yamtenga : Menacés de déguerpissement, les résidents préviennent qu’il faudra d’abord marcher sur leurs corps
La même chose, les mêmes plaintes,les mêmes jérémiades seront le lot de la société et de la justice burkinabè dans 20 ans encore. Tous sont assis et les escrocs de Ouaga rentre miroiter les billets de banque au vieux du village qui vendent tout le patrimoine pour marier des femmes qui auront des enfants qui reclamerons leurs terres un jour
4. Le 16 juillet 2022 à 09:59, par Cequejenpense En réponse à : Village de Yamtenga : Menacés de déguerpissement, les résidents préviennent qu’il faudra d’abord marcher sur leurs corps
Donc dans ce pays on peut se faire délivrer un titre foncier sur des propriétés d’autrui. Lui son école risque de ne pas rouvrir à la rentrée prochaine. Prévenez les parents d’élèves de bien vouloir réinscrire leurs enfants ailleurs.
5. Le 16 juillet 2022 à 10:17, par Alexio En réponse à : Village de Yamtenga : Menacés de déguerpissement, les résidents préviennent qu’il faudra d’abord marcher sur leurs corps
Quelle jungle notre burkina est devenu.
La force des plus forts avec leurs reseaux mafieux pour s imposer par la force de l argent et de la corruption morale des temoins.
Peut-on negliger ou contourner les regles dans un etat de droit comme le pays se reclame ?
Vendre son terrain de gre a gre derriere les ayants droit sans une authentification notariale n engage que la responsabilite du souscripteur du contrat et son l acheteur.
La justice doit trancher dans cette affaire mal concue.
6. Le 19 juillet 2022 à 16:08, par Gilets verts En réponse à : Village de Yamtenga : Menacés de déguerpissement, les résidents préviennent qu’il faudra d’abord marcher sur leurs corps
Les gilets verts tenterons d’y voir un peu plus clair dans cette histoire foncière.merci de rester à l’écoute