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Grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho : Un cadre de promotion des valeurs traditionnelles et familiales

Publié le dimanche 27 mars 2022 à 23h00min

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Grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho : Un cadre de promotion des valeurs traditionnelles et familiales

La promotion des valeurs traditionnelles et le renforcement des liens fraternels constituent les piliers des Grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho. Après Boassa, Tanlarghin et Dassasgho, ce fut au tour de Bassinko d’abriter, le samedi 26 mars 2022, cette rencontre des filles et fils de Dassasgho.

« Gestion de famille et traditions dans un monde en pleine mutation ». C’est le thème retenu pour la 4e édition des Grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho, placée sous le parrainage de Dr Cyriaque Paré et de Francis Bationo.
Ce thème, développé par Ousmane Djiguemdé du ministère de la culture, a été choisi pour trouver les voies et moyens qui concourent à une meilleure gestion de la famille.

Les autorités coutumières présentent aux Grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho.

Après avoir dégagé les éléments de contexte pour expliquer la gestion de la famille contemporaine, le conférencier a retenu deux principales sources de valeurs qui permettent de gérer une famille. À l’entendre, les deux boussoles constantes à partir desquelles l’on peut construire un environnement qui humanise l’enfant et le socialise, ce sont la culture et l’éducation. Cela, quels que soient le contexte et les changements.

La décolonisation à l’origine de l’acculturation de l’Afrique

« Il faut la culture pour puiser les ressources de valeurs qui nous différencient des autres peuples, mais aussi nous garantissent une excellente qualité de vivre-ensemble avec eux. À cela s’ajoute l’éducation pour apprendre à gérer et exercer la gestion de nos familles », a souligné Ousmane Djiguimdé.

Il a également relevé dans sa communication quelques facteurs qui ont contribué à dénaturer les cultures africaines. Et pour lui, cela remonte à la période coloniale. « En effet, la colonisation arabe commence en 639, soit sept ans seulement après la mort du prophète Mahomet en 632. Cette conquête va installer durablement une traite négrière arabe jusqu’au 19e siècle qui prend fin avec la colonisation occidentale. Mais à partir du 15e siècle, l’Afrique va connaître aussi une autre traite négrière, celle occidentale, à laquelle on mettra fin au 19e siècle et remplacée par la colonisation occidentale », a expliqué le conférencier.

La prestation d’une des troupes traditionnelles invitées aux Grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho.

M. Djiguemdé a indiqué que durant toutes ces périodes, les esclavagistes et les colonisateurs ont prôné la supériorité de leur culture au détriment des cultures africaines. C’est ainsi que les Africains ont été contraints d’adopter leur façon de vivre, de travailler, d’adorer un dieu, d’éduquer leurs enfants et de gérer leurs familles.

« On imagine donc que durant plus de 1 400 ans, nous avons appris à vivre comme eux et à délaisser nos cultures. C’est donc difficile de dire exclusivement que nous avons encore des cultures propres », a-t-il affirmé.
Dans sa démonstration de l’acculturation de l’Afrique, le conférencier a mis en exergue les chefferies coutumières. À ce sujet, il a rappelé qu’il existait une variété de types de gestion des sociétés en Afrique.

« Certains étaient hiérarchisées, d’autres pas, comme les peuples lobi-dagara. La colonisation a imposé un modèle de société organisé autour de chefs de canton qui n’existaient pas chez nous. Donc les chefs de canton sont une création de la colonisation. Les autres ont imposé une organisation autour de la chefferie religieuse (imam, calife, cheick, etc.) », a détaillé Ousmane Djiguimdé.

Cela a donc constitué une forme de castration culturelle, selon lui. Or la culture, c’est tout ce que nous sommes, c’est profondément notre être, a-t-il laissé entendre.

Un sketch sur les valeurs des Gnongnonssé.

En plus de cette conférence sur la gestion de la famille et des traditions, des témoignages, échanges et partages, ballets traditionnels, sketchs et prestations d’artistes ont ponctué cette édition des Grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho, qui a connu la participation de plusieurs chefs coutumiers.

La création d’un cadre de renforcement des liens fraternels

L’histoire des ressortissants de Dassasgho, elle, tourne autour de deux de leurs ancêtres. D’un aîné et de son frère cadet, précise Evariste Kafando, l’un des ressortissants. L’histoire raconte que l’aîné et son petit frère ont quitté Boassa (leur village natal). Le grand frère s’est rendu à Tanlarghin (commune de Saaba) précisément à Nyoniogo, tandis que son frère cadet a pris la direction de Dassasgho (commune de Ouagadougou).

Et depuis lors, la famille s’est dispersée à Bassinko, Kaya, Koombogo, Zagtouli et bien d’autres localités. C’était généralement donc lors des évènements malheureux que les deux familles se rencontraient à Boassa. Mais l’idée de créer un cadre de rencontre convivial qui réunit l’ensemble des filles et des fils de Dassasgho va naître au fil du temps, pour renforcer les liens fraternels et promouvoir les valeurs traditionnelles en voie de disparition.

Pour le ressortissant de Dassasgho, Evariste Kafando, l’idée, c’est de renforcer les liens fraternels et promouvoir les valeurs traditionnelles en voie de disparition

C’est ainsi qu’ont été instituées les Grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho, tous issus des Gnongnonssé. « En tant que Gnongnonssé, il y a certaines interdictions comme celle de nous marier entre nous. Et cette rencontre permet de nous connaître afin d’éviter de violer cette règle », a avancé Evariste Kafando.
Selon M. Kafando, les principaux noms gnongnonssé sont Sawadogo, Nanéma et Sebego. Il a invité tous leurs frères et sœurs se trouvant dans les quatre coins du Burkina Faso et à l’extérieur du pays à les rejoindre en vue de constituer une famille soudée, pour le bien-être des uns et des autres.

« La gestion de la famille dans ce monde moderne est influencée par les médias, en l’occurrence la télévision », Moussa Ouédraogo, président du comité d’organisation des Grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho à Bassinko.

Pour le président du comité d’organisation de la présente rencontre, Moussa Ouédraogo, « la gestion de la famille dans ce monde moderne est influencée par les médias, en l’occurrence la télévision. Ce qui fait que l’éducation de nos enfants n’est pas basée sur les fondements véritables de la famille », a-t-il regretté.
Il faut alors, estime-t-il, trouver les moyens pour consolider l’éducation des enfants en fonction de la culture moaga et celle des Gnongnonssé en particulier.
Pour avoir vécu depuis maintenant plusieurs années en bonne intelligence avec eux, les ressortissants de Dassasgho ont demandé au Dr Cyriaque Paré de bien vouloir parrainer la rencontre.

« Cette rencontre qui permet d’expliquer aux descendants des ressortissants de Dassasgho d’où ils viennent et surtout de maintenir l’esprit de famille, est une initiative à encourager », Dr Cyriaque Paré, parrain de la cérémonie.

« Je ne suis pas autochtone mais j’ai été adopté en tant qu’habitant de Bassinko. C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai accepté de parrainer cette cérémonie », a déclaré le parrain.

À en croire Dr Paré, compte tenu des contingences géographiques, il est mieux d’avoir un bon voisin qu’un frère lointain. Tout en saluant la vision et l’esprit de cette initiative, il a rappelé cette citation d’un politique allemand : « Celui qui ne sait pas d’où il vient, ne sait pas où il va ».
De son avis, cette rencontre qui permet d’expliquer aux descendants des ressortissants de Dassasgho d’où ils viennent et surtout de maintenir l’esprit de famille, est une initiative à encourager.

Hamed NANEMA
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 28 mars 2022 à 22:23, par Ouedraogo Daniel En réponse à : Grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho : Un cadre de promotion des valeurs traditionnelles et familiales

    Belle cérémonie.
    Beau reportage.
    Merci à tous ceux qui ont œuvré pour que ces retrouvailles soient conviviales.
    Nos pensées aux frères qui subissent actuellement le courroux des terroristes.
    Dieu bénisse le Burkina Faso

  • Le 29 mars 2022 à 08:00, par Ka En réponse à : Grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho : Un cadre de promotion des valeurs traditionnelles et familiales

    ’’’’’’’’’’’’’’’’’’’La décolonisation à l’origine de l’acculturation de l’Afrique.
    « Il faut la culture pour puiser les ressources de valeurs qui nous différencient des autres peuples, mais aussi nous garantissent une excellente qualité de vivre-ensemble avec eux. À cela s’ajoute l’éducation pour apprendre à gérer et exercer la gestion de nos familles », a souligné Ousmane Djiguimdé.

    À l’entendre, les deux boussoles constantes à partir desquelles l’on peut construire un environnement qui humanise l’enfant et le socialise, ce sont la culture et l’éducation. . La culture est la seule valeur pour identifier tout un peuple. Et ceux qui sont les porteurs de ses valeurs culturels sont nos chefs coutumiers, dont leurs continuités des coutumes de l’ancêtre au grand-père, allant au père en fils, restent une référencé de notre jeune démocratie qui cherche son vrai chemin. Cela, quels que soient le contexte et les changements.’’’’’’’’’’’’’’’’’’

    Bravo pour ce retrouvai enrichissant : Voilà l’unique vraie occasion de se hisser sur la plus haute marche d’une vraie réconciliation pour le peuple Burkinabé si chacun s’y mettait, car nous ne devons pas copier la démocratie des autres pour mieux vivre ensemble.

    Une belle initiative qui doit s’étendre dans tout territoire pour le mieux vivre ensemble : Car, faute d’une institution de régulation sociale, comme il en existait dans nos sociétés traditionnelles notre jeune démocratie en gestation n’aura pas des racines solides." Nos sociétés traditionnelles ne sont pas encore mortes comme on le voit ici avec des grandes retrouvailles des ressortissants de Dassasgho avec un parrain averti, elles vivent, dictent nos réflexions et comportements, et elles sont un réservoir de sagesse encore utilisable pour redresser la barre de nos errements et de la mauvaise imitation du modèle occidental. Organisons un concours national pour faire appel de propositions d’amélioration de notre démocratie sur la base des principes transversaux des différentes sociétés traditionnelles, je parie que nous serions agréablement surpris comme ces retrouvailles des filles et fils de Dassasgho. Un peuple en soi, renferme l’intelligence du grand nombre. Ce sont ses dirigeants qui doivent interroger leur aptitude à le diriger.

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