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Journée internationale de la femme 2022 : La Belgique et ses partenaires mobilisés pour une réelle égalité homme-femme au Burkina Faso

Publié le mardi 8 mars 2022 à 23h15min

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Journée internationale de la femme 2022 : La Belgique et ses partenaires mobilisés pour une réelle égalité homme-femme au Burkina Faso

Aujourd’hui, 8 mars 2022 est la journée internationale de la femme. À cette occasion, l’ambassadeur de Belgique, Jean-Jacques Quairiat, au nom des partenaires techniques et financiers du cadre de concertation genre a tenu à souligner l’importance d’une prise en compte du genre dans le domaine de la sécurité et de la santé, tout en réaffirmant leur soutien actif au gouvernement burkinabè afin de parvenir à une réelle égalité entre les hommes et les femmes au Burkina Faso.

LeFaso.net : La Belgique est le chef de file du cadre de concertation genre des partenaires techniques et financiers. Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit exactement ? Et pourquoi avez-vous choisi de jouer ce rôle de chef de file des PTF au niveau du cadre ?

Jean-Jacques Quairiat : Le cadre de concertation genre est une enceinte au sein de laquelle une vingtaine de partenaires techniques et financiers multilatéraux et bilatéraux se consultent en amont des dialogues avec les membres du gouvernement. C’est un cadre qui a été créé en 2000 et la Belgique en est le chef de file depuis octobre 2021. Pourquoi avoir choisi d’être chef de file ? Simplement parce que la question de genre est une question centrale pour la politique belge de développement et en général.

C’est un thème transversal qu’on retrouve dans beaucoup d’interventions. Ce qui est très important pour nous dans le cadre du genre, ce sont les problématiques liées à la santé sexuelle et reproductive. Et là nous sommes extrêmement mobilisés sur ce point. En outre l’égalité des genres fait l’objet chez nous depuis 2002 d’un institut d’égalité des hommes et des femmes qui lutte contre toute forme de discrimination liée au genre et à la différence des sexes.

Cette année le thème retenu pour la journée mondiale de la femme est : « Défis sécuritaire et sanitaire, quelles stratégies pour une meilleure protection des droits des femmes ? » Quelle lecture faites-vous de ce thème ?

Il faut tout d’abord rappeler que le 8 mars est une journée mondiale et que les célébrations et commémorations qui auront lieu ici au Burkina Faso, seront tenues aussi dans d’autres pays du monde. Évidemment le Burkina Faso présente une spécificité pour l’instant qu’on espère purement conjoncturelle, c’est le défi sécuritaire et humanitaire et on sait à quel point les hommes et les femmes souffrent de ces conditions et de ce type de contexte, raison pour laquelle, il était plus qu’important, cette année de pouvoir approcher cette thématique particulière et c’est une proposition extrêmement pertinente de la part des autorités locales. Il est important de rappeler le rôle des femmes dans le cadre de la prévention et de la gestion des conflits.

C’est pour moi aussi l’occasion de rappeler l’environnement global dans lequel s’inscrit ce genre de démarches et ce type de sensibilisation et de mobilisation à savoir la résolution 1325 des Nations unies qui, depuis 2000, a décidé d’apporter un focus particulier sur la place des femmes dans le processus de consultation en amont et aussi de prévention et de gestion des conflits. C’est en Belgique quelque chose d’extrêmement important également car la résolution 1325 invite les pays à décliner un plan d’action national.

En Belgique, nous en sommes maintenant au quatrième plan d’action national 2022-2026 composé de six piliers avec cette fois-ci, un accent particulier mis sur la traite des êtres humains et la justice transitionnelle et le Burkina Faso fait partie des quatre pays prioritaires de ce plan d’action national. Donc nous invitons le gouvernement à avoir une attention particulière sur ce type de plan d’action national et la Belgique se tient évidemment aux côtés des autres partenaires techniques et financiers pour pouvoir mobiliser son expertise à cette fin.

Quelles sont les priorités de la Belgique et des autres partenaires en matière de promotion des droits des femmes au Burkina Faso ?

Au Burkina Faso, il est convenu avec les partenaires techniques et financiers et le gouvernement bien entendu, de revenir sur les fondamentaux, à savoir la place de la femme dans le processus décisionnel, la place de la femme non seulement dans le cadre des politiques générales, mais également dans le cadre des collectivités locales et dans toute forme de processus qu’il soit privé ou publique, qu’il soit dans les régions rurales ou en ville. L’objectif est de pouvoir placer les femmes au centre de ces processus de consultation et de décision.

C’est de s’assurer aussi sur l’importance de l’autonomie et de la lutte contre les violences basées sur le genre. C’est la raison pour laquelle la Belgique plus spécifiquement au Burkina Faso à travers sa coopération bilatérale avec Enabel, son agence de développement, travaille dans la province du Centre-est, à Tenkodogo plus précisément ; dans le cadre de la lutte contre les violences basées sur le genre et également sur l’autonomisation des femmes.

Cette autonomisation devrait leur permettre non seulement dans le cadre entrepreneurial, mais également dans le cadre du processus de décision et de discussion avec les autorités locales, de se mobiliser pour pouvoir déterminer finalement quelle est la réponse à apporter à leur autonomisation et à ce phénomène de violences basées sur le genre. La coopération belge se mobilise aussi à travers sa coopération non-gouvernementale qu’elle soit multilatérale ou qu’elle soit aussi à travers des ONG belges ou des ONG locales.

Quel plaidoyer les partenaires techniques et financiers du CCG souhaitent-ils faire à l’endroit du nouveau gouvernement de transition ?

Évidemment, nous aurons droit à un nouveau gouvernement, mais il ne faudrait pas qu’il y’ait une rupture complète, bien au contraire il faudrait surfer et s’engager plus loin, plus vite, plus fort pour que les femmes soit au milieu des processus décisionnels. À ce niveau, il faudrait voir également comment le gouvernement pourrait mobiliser les moyens financiers de manière à répondre à certaines difficultés d’ordre psycho-sanitaires ou juridiques mais aussi, pouvoir répondre de manière cohérente et vaste à la problématique des inégalités liées au genre.

Pour pouvoir répondre à cela, il est extrêmement important de disposer de données qui soient performantes pour pouvoir assurer une réponse appropriée. C’est aussi important de rappeler l’importance du nombre des femmes, qui représentent 52% de la population ici au Burina. Il est donc nécessaire de respecter la loi quota genre et à ce niveau, nous invitons une fois de plus les autorités à considérer cette loi. En outre, il est important de mobiliser les moyens financiers.

Ces moyens financiers pourraient être mobilisés à travers un fonds national genre qui pourrait être accessible aux acteurs du domaine. Ce fonds national viendrait en complément d’un fonds commun genre qui existe déjà suite à l’initiative de la Suisse, de la Suède, du Danemark, de l’UNFPA (Fonds des nations unies pour la population) et de l’UNICEF (Fonds des nations unies pour l’enfance).

On aurait donc là, deux fonds qui permettraient d’alimenter les initiatives à cette fin. Je tenais aussi à souligner que le Burkina Faso s’inscrit dans le cadre d’un programme plus que transnational, je dirai plurinational. Le 8 mars, nous allons procéder en visioconférence avec des collègues du Sénégal et du Maroc, au lancement d’un projet sur le genre qui sera mis en œuvre dans la partie orientale du Maroc, dans la région Kaolack du Sénégal et dans la Boucle du Mouhoun ici au Burkina Faso.

Un mot pour conclure l’entretien ?

L’importance de la résolution 1325 très certainement, qui se décline comme je l’ai dit en plan d’action national parce qu’elle reste méconnue. Il est important de travailler sur cette déclinaison. Il est important également de recentrer les activités sur la place prépondérante des femmes dans le cadre de discussion sur la prévention et la gestion des conflits.

Rappeler également que les partenaires sont mobilisés aux côtés du gouvernement burkinabè pour pouvoir répondre aux différents défis non seulement sécuritaires mais aussi humanitaires et de pouvoir dans ce cadre travailler ensemble en s’assurant d’un dialogue permanent. C’est d’ailleurs le but du cadre de concertation, pouvoir préparer en amont avec les partenaires techniques et financiers des suggestions, des mobilisations d’entreprises aux côtés du gouvernement.

Et enfin, autant nous avons souligné l’importance de la femme, autant il est important de considérer le modèle de la masculinité positive, de considérer également que les hommes ont leur part à jouer dans la relève des différents défis. Enfin je souhaite pour le 8 mars une excellente journée à tous les promoteurs et à toute personne mobilisée dans le cadre de la problématique du genre et de la lutte contre les inégalités entre les sexes. Les partenaires restent mobilisés aux côtés du gouvernement pour pouvoir répondre aux différents défis.

Propos recueillis par ANP
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 9 mars 2022 à 07:18, par caca En réponse à : Journée internationale de la femme 2022 : La Belgique et ses partenaires mobilisés pour une réelle égalité homme-femme au Burkina Faso

    Nul n’est vraiment pas un prophète chez soi. Vous me dites une égalité parfaite de l’homme burkinabè et la femme burkinabè alors même que dans votre pays, la femme belge continue la lutte pour un salaire égalitaire avec l’homme. Il s’agit une pure fausse prophétie dans un autre contexte où les partenaires et financiers sont des prophètes.
    Vous parlez l’égalité de la femme burkinabè où celle-là accepte la polygamie comme un trophée de sa gloire.La femme africaine n’a jamais eu de complexe infériorité dans la gestion du terroir. Depuis un moment, je ne vois plus la femme burkinabè revendiquée ses droits comme à l’époque de certaines femmes dans la politique du genre et de l’éducation de la jeune fille burkinabè. De plus en plus, elles se contentent de leurs statuts sociales malgré l’inégalité notoire dans le code de la famille et de la personne. Aujourd’hui, le 8 mars représente pour elle la fête tout cour où elle peut sortir librement aller danser dans les discothèques en mangeant son poulet.

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