Le présimètre est un programme d’influence politique dans la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance. Lancé en janvier 2017 par Diakonia avec ses partenaires de la société civile, grâce à l’accompagnement financier de la Suède, de l’Union européenne et de la Suisse, ce programme est arrivé à terme. Afin d’évaluer les performances et recueillir des recommandations, le comité de pilotage s’est réuni ce mardi 8 février 2022, à Ouagadougou.

Au titre du bilan, les changements obtenus dans le cadre du présent programme portent sur divers aspects que sont : l’ancrage démocratique, l’utilisation des TIC dans le suivi des politiques publiques, la question du genre, le dialogue social et médiations, le renforcement des compétences des acteurs, les synergies d’actions, la production de connaissances (...).

Un aperçu des participants

Au niveau du renforcement des compétences par exemple, le programme a consolidé le rôle de sentinelle et de veille citoyenne des OSC pour l’application des décisions des conseils municipaux. Il a également permis un éveil des consciences à travers l’animation de débats publics sur des grandes questions d’intérêt national (gouvernance financière, mines, sécurité, liberté de la presse) et à travers des activités d’éducation aux droits humains.

En outre, les populations ont amélioré leurs connaissances sur l’éducation citoyenne notamment les droits humains de façon générale ainsi que les stratégies adaptées pour que les populations puissent faire valoir leurs droits. Pour ce qui concerne le dialogue social et les médiations, les actions réalisées par les partenaires du programme ont permis de mener des élections paisibles au Burkina au cours de l’année 2020.

Les participants ont prêté une oreille attentive à la présentation des résultats du programme

Malgré les acquis enregistrés en matière de suivi citoyen des politiques publiques, certaines contraintes entravant la bonne exécution du programme ont été relevées. Entre autres, les difficultés de mobilisation de certains acteurs publics, l’aggravation du contexte sécuritaire à partir de 2016, la survenue de la pandémie à coronavirus et la faible utilisation de la plateforme.

« Sur ce dernier point, il y a beaucoup à faire. Normalement, on devrait travailler à ce que les internautes aient le réflexe systématique d’aller sur la page du présimètre quand ils veulent s’informer sur les questions de gouvernance, de lutte contre la corruption, de politique. Je pense qu’à ce niveau, nous n’avons pas atteint nos objectifs », a déclaré le coordonnateur du Centre national de presse Norbert Zongo, Abdoulaye Diallo.

Pour Abdoulaye Diallo, le fonctionnement de la plateforme est une préoccupation

Mais comme toute œuvre humaine est perfectible, la directrice pays de Diakonia, Nadine Bonkoungou/Koné, bien que satisfaite des acquis, estime qu’il faut consolider la démocratie. « Avec ce qui s’est passé, il y a trois semaines (le coup d’État du MPSR, Ndlr), la démocratie bien qu’étant un processus en cours au Burkina Faso n’a pas réussi à engranger des résultats satisfaisants aux yeux des citoyens burkinabè. Nous pensons que le travail de renforcement de la démocratie reste encore à consolider », dit-elle.

La directrice pays de Diakonia

Mieux, poursuit-elle, il faut repenser cette démocratie parce que « si elle n’a pas donné satisfaction dans la forme qui était proposée aux citoyens, il faut nous asseoir, prendre un moment de réflexion, repenser ce principe de démocratie ainsi que sa pratique afin qu’il réponde mieux aux aspirations des citoyens ». Un processus beaucoup plus inclusif, plus participatif et plus égalitaire répondrait davantage aux attentes des populations, selon Mme Koné.

La fin du programme présimètre annonce l’exécution d’un autre programme intitulé « Gouvernance et citoyenneté active et responsable ». Le document de projet est en train d’être finalisé. Diakonia a déjà engagé des concertations avec les partenaires techniques et financiers (PTF) du programme précédent mais aussi avec d’autres acteurs pour son opérationnalisation prévue « pour très bientôt ».

Jinert-Baret a dit la disponibilité des PTF à accompagner Diakonia

Le Burkina Faso connait une période de turbulences. Face à cette situation, la tâche des organisations de la société civile devient encore plus importante, a relevé le chef de file des PTF, Tom Jinert-Baret, tout en soulignant leur engagement à poursuivre la collaboration avec Diakonia. « La Suède et les autres bailleurs vont analyser le rapport et voir ce que nous pouvons faire pour la suite des activités », a-t-il promis.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net