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Infrastructures éducatives endommagées : 65% ont une durée de vie de moins de 20 ans

Publié le vendredi 18 juin 2021 à 11h22min

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Infrastructures éducatives endommagées : 65% ont une durée de vie de moins de 20 ans

Le ministre en charge de l’Education nationale a animé une conférence de presse le jeudi 17 juin 2021 au sujet des infrastructures éducatives endommagées. Il ressort que sur 110 ouvrages recensés, ce sont ceux ayant une durée de vie de moins de 20 ans qui constituent le plus grand nombre d’infrastructures endommagées par les intempéries, soit 65% du nombre total. Nous vous proposons la déclaration liminaire du ministre au cours du point de presse.

Je voudrais avant tout propos dire merci à toute la presse ici présente pour son soutien constant dans la mise en œuvre de la politique éducative du Gouvernement.

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Depuis le début de l’installation de la saison des pluies cette année 2021, on assiste à une vague de dégradation et de destruction d’infrastructures éducatives à travers le pays. Cette situation a concerné l’ensemble du pays et a touché les différents types d’infrastructures éducatives de tous les ordres d’enseignement.

Le présent point de presse vise à faire une situation des infrastructures endommagées à la date du 14 juin 2021 sur la base des rapports fournis par les structures déconcentrées du MENAPLN et des structures décentralisées.

Cette situation s’articulera autour des points suivants :
✓ L’état des lieux des infrastructures endommagées
✓ Les causes probables des dégradations des infrastructures
✓ Les perspectives ou solutions envisagées

I. Etat des lieux des infrastructures endommagées

Au total cent dix (110) infrastructures éducatives ont subi des dommages entre le mois d’avril et celui de juin 2021 suite aux intempéries. La plupart d’entre elles sont hors d’usage après lesdits dommages.

Les régions les plus touchées par le phénomène sont celles du Centre-Est et du Nord qui totalisent chacune 19% du nombre total des infrastructures endommagées.

Les infrastructures du primaire sont les plus nombreuses à subir les dommages. Elles représentent 85% du nombre total des infrastructures endommagées soit 94 infrastructures sur les 110 recensées.

Parmi les infrastructures endommagées, on note que ce sont les infrastructures ayant une durée de vie de moins de 20 ans qui constituent le plus grand nombre d’infrastructures endommagées par les intempéries. Elles représentent 65 % du nombre total des infrastructures endommagées soit 72 ouvrages sur les 110 recensés, toute chose qui interpelle tous les acteurs impliqués dans la chaine de réalisation de ces infrastructures.

Tableau 3 : répartition des infrastructures éducatives endommagées selon la durée de vie

Par ailleurs les statistiques que nous avons compilées montrent que les infrastructures qui ont connu les dommages sont dans l’ordre, celles réalisées par les ONG/Associations (32), les Communes (29) et par la Maîtrise d’Ouvrage directe (28).

Pour le cas de la Maîtrise d’Ouvrage directe, s’il est vrai que la proportion est relativement élevée, il faut cependant noter que ce sont les infrastructures les plus anciennes car les premières constructions au MENAPLN se faisaient uniquement par cette modalité. Sur les 28 structures endommagées réalisées en Maitrise d’Ouvrage directe, 18 ont une ancienneté de plus de 20 ans, 8 ont une ancienneté comprise entre 10 et 20 ans, 2 ont une anciennété de de moins de 10 ans.

Tableau : répartition des infrastructures endommagées selon la modalité de réalisation

Le tableau montre que l’ensemble des modalités de réalisation des infrastructures éducatives sont concernées par le phénomène de dégradation. Il s’agit de :

✓ la maitrise d’ouvrage directe (MO directe) à travers laquelle le MENAPLN coordonne les travaux de construction à partir du niveau central ou des structures déconcentrées. Les entreprises et les bureaux de contrôle sont recrutées au niveau central ou au niveau déconcentré. Cette approche a été beaucoup utilisée pendant la mise en œuvre du PDDEB (2000-2010) et est de moins en moins utilisée ;

✓ la maitrise d’ouvrage déléguée (MOD), modalité à travers laquelle le MENAPLN confie les travaux de construction à des agences spécialisées dans le domaine des constructions pour exécuter les travaux ; ces agences sont chargées du recrutement des entreprises de travaux et des bureaux de contrôle ; elle fait partie des modalités les plus utilisées ces dernières années à côté de la maîtrise d’ouvrage communale ;

✓ la maitrise d’ouvrage communale où ce sont les communes qui ont réalisé les infrastructures à partir des ressources à elles transférées par l’Etat ou par d’autres partenaires ou encore sur leurs fonds propres ;

✓ des ONG/Associations qui ont accompagné l’Etat dans le domaine de l’Education à travers la réalisation des infrastructures éducatives ;

✓ des communautés éducatives (APE, COGES) qui ont participé au développement du système éducatif en construisant des infrastructures éducatives avec leurs propres ressources financières, matérielles et humaines.

II. Les causes probables des dégradations des infrastructures

Mesdames et Messieurs les journalistes

Un certain nombre d’éléments pourraient être à l’origine des dégradations répétitives des infrastructures éducatives. On peut citer entre autres :

➢ le non-respect des normes de construction ou des termes contractuels par les entreprises de travaux, surtout au niveau de la pose de la charpente ;

➢ le manque ou l’insuffisance du suivi contrôle lors des constructions (Absence de suivi à pied d’œuvre, insuffisance de compétences des agents commis par les bureaux de contrôle, etc.) ;

➢ l’insuffisance de la supervision contrôle par le Maitre d’ouvrage ;

➢ l’exposition des infrastructures aux vents (isolement des infrastructures surtout en milieu rural, les portes et fenêtres des bâtiments toujours ouvertes, la mauvaise orientation dans l’implantation, etc.).

III. Les perspectives ou solutions envisagées

Mesdames et Messieurs les journalistes,

La collecte de données se poursuit au niveau des structures techniques pour identifier les agences, entreprises et bureaux de contrôle impliqués dans la réalisation des dites infrastructures. Cette tâche s’avère particulièrement délicate au regard de l’ancienneté de certaines infrastructures et de la multiplicité des intervenants.

Des missions d’évaluation physique et financière des infrastructures endommagées sont également en cours en vue de préparer leur réhabilitation.

Par ailleurs, au regard de l’importance des dégâts et des conséquences à certains endroits, des investigations plus poussées doivent être menées par les structures habilitées en vue de situer les responsabilités et de prendre des mesures nécessaires. En attendant, le respect de la règlementation, des normes de construction et des clauses contractuels est indispensable pour disposer d’infrastructures éducatives de qualité.

En outre, le MENAPLN s’attèle à renforcer les compétences des structures déconcentrées par la mise à leur disposition de techniciens en bâtiment identifiés en son sein pour la supervision contrôle des travaux de construction. Cette stratégie a été expérimentée par le projet d’appui au Programme de Développement Stratégique de l’Education de Base (PA/PDSEB) avec des résultats relativement satisfaisants par rapport à la qualité des ouvrages livrés.

Enfin, il est envisagé la généralisation du suivi citoyen à travers l’implication des communautés locales bénéficiaires dans le suivi de la réalisation des infrastructures éducatives. Cette implémentation faite également par le PA/PDSEB a montré des acquis importants dans la qualité des ouvrages livrés.

D’autres actions pourraient être envisagées à l’issue des investigations approfondies qui pourraient être conduites.

Telle est, chers journalistes, la substance de la présente déclaration.

Je vous remercie !

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