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Journée nationale de lutte anti-corruption : « La refonte de la législation du secteur minier s’avère impérative » dixit Gnoumou Boureima, maire de Houndé

Publié le jeudi 10 décembre 2020 à 12h00min

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Journée nationale de lutte anti-corruption : « La refonte de la législation du secteur minier s’avère impérative » dixit Gnoumou Boureima, maire de Houndé

Débutée le 1er décembre, la 15e édition des journées nationales de lutte anti-corruption, organisée par le Réseau national anti-corruption (REN-LAC), sous le thème « Transparence et redevabilité dans la gestion des ressources minières au Burkina Faso » s’est poursuivie ce mercredi 9 décembre 2020 au CENASA, à Ouagadougou, avec le panel sur la lutte contre la corruption dans le secteur minier.

Après le panel sur le dispositif juridique et institutionnel de la gestion minière au Burkina Faso qui s’est tenu le mardi 8 décembre, le public a pu suivre ce mardi 9 décembre 2020 un second sur la lutte contre la corruption dans le secteur minier. Ainsi, le public a été entretenu sur le « Le rôle de la société civile dans la gestion minière ». Cette communication a été présentée par Jonas Hien, directeur des programmes de l’ONG ORCADE. Pour le conférencier, « les organisations de la société civile exercent, entre autres, un contrôle citoyen sur la bonne gestion des affaires publiques en vue d’amener les dirigeants à réaliser le bien-être social des populations et à créer les meilleures conditions de développement durable du pays ».

Dans cette optique, il dira que l’ONG ORCADE s’est lancée dans un monitoring de la gouvernance du secteur minier pour mieux disséquer les différents segments du secteur afin de disposer des éléments d’informations et de données à même de renforcer le contrôle dans la gouvernance du secteur. Les résultats produits sur l’analyse de la loi sur la commercialisation de l’or et des autres substances précieuses, l’analyse de l’évolution du secteur minier burkinabè de 2007 à 2019, l’analyse fiscale du code minier de 2015 permettent de déclarer que les permis de recherche sont octroyés selon un principe dit « Premier venu, premier servi ».

Jonas Hien s’est appesanti sur le rôle de la société civile dans la lutte

Ce qui est dommage selon M. Hien, car il n’existe pas de critères sur les capacités techniques et financières des demandeurs qui rassurent qu’une fois le permis octroyé, ils seront en mesure de faire face aux dépenses estimées et à même d’aboutir aux résultats concluants de leurs projets de recherche. Ce principe, précise-t-il, est de nature à installer la spéculation sur les permis, donc sources de corruption dans le processus d’octroi des permis de recherche.

Pour changer la donne, les OSC doivent se constituer en plate-forme, en alliance stratégique pour jouer un rôle, basé sur un plan de travail cohérent. Au regard des insuffisances, des incohérences et des préoccupations des populations et des communautés impactées par les projets miniers, le contrôle de la gouvernance du secteur minier par la société civile est devenu un impératif afin de permettre au pays de tirer tous les profits et toutes les opportunités de ce secteur, a-t-il déclaré en guise de conclusion.

Bassolma Bazié , modérateur du panel a déploré le comportement de l’Etat

De la nationalisation des sociétés minières

La seconde communication du panel a porté sur « la nationalisation des industries minières au Burkina Faso : Solution possible et faisable ? ». Elle a été assurée par le Pr Taladidia Thiombiano.

Dans son intervention, le Pr Thiombiano a expliqué la nationalisation comme étant un acte politique qui modifie la répartition des pouvoirs dans une société avec pour objectif l’élimination de la direction capitaliste. La nationalisation est une opération qui assure à la collectivité la maîtrise des activités d’exploitation, de production et de répartition (profits) d’une richesse nationale ; de ce point de vue selon le conférencier, elle est équivalente de « l’étatisation ».

Pour le Pr Thiombiano, le développement des mines est considéré comme un des leviers de la diversification économique du Burkina Faso. Aussi au regard des chiffres fournis par les institutions spécialisées et les enjeux des industries minières, il est évident dans le contexte politique actuel du pays d’expérimenter un autre système politique ; un autre système économique, une réorientation du système d’enseignement, une grande mobilisation des masses conscientes et non pour répondre à des slogans.


Lire aussi Lutte contre la corruption :Transparence et redevabilité, la solution d’une bonne gestion des ressources minières


Après la nécessité de la nationalisation des mines du Burkina, les participants ont eu le droit de poser la question « Que gagne le Burkina ? Que perd le Burkina sur les ressources minières ? ». A ce questionnement, Dr Ra-Sablaga Seydou Ouédraogo a tenté d’apporter son éclairage. Pour lui, le Pays des hommes intègres profite du boom minier, mais a une échelle très réduite. Pour M. Ouédraogo, le principal bénéficiaire est l’investisseur étranger, suivi des élites politiques et économiques.

Boureima Gnoumou , maire de Houndé a présenté l’impact de la présence d’une mine dans une ville

La non reconnaissance des compétences nationales voire locales constitue également un handicap pour le Burkina Faso. Aussi, pour y remédier, il faut briser la capture de l’Etat, mettre en place une coalition pour lutter contre le conflit d’intérêt. Une assertion soutenue par le maire de Houndé, Gnoumou Drissa Boureima qui a exposé au cours de ce panel sur « l’impact de l’exploitation minière sur le développement des collectivité locales ».

Pour le bourgmestre, l’exploitation industrielle d’une mine permet à la collectivité de faire des réalisations telles que la construction d’écoles, d’hopitaux, de travaux de voiries, de marchés. Cependant, toutes ces réalisations ne servent à rien si les populations ne sont pas bénéficiaires. En effet, selon M. Gnoumou, la présence de la mine appauvrit la population et crée une surenchère. En outre, une exportation des capitaux financiers se présente au bout de la chaine. Tout le contraire de l’exploitation artisanale. Pour lui, la refonte de la législation du secteur minier s’avère un impératif.

J.E.Z.
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 10 décembre 2020 à 09:56, par DCOUL En réponse à : Journée nationale de lutte anti-corruption : « La refonte de la législation du secteur minier s’avère impérative » dixit Gnoumou Boureima, maire de Houndé

    Chaque localité doit mettre une structure locale en place composée de locaux pour la gestion et le contrôle de tout activité parallèle à la mine afin de permettre à la population locale de bénéficier des retombé de la mine.

  • Le 10 décembre 2020 à 11:38, par Beonere En réponse à : Journée nationale de lutte anti-corruption : « La refonte de la législation du secteur minier s’avère impérative » dixit Gnoumou Boureima, maire de Houndé

    Les ressources naturelles appartiennent aux Burkinabés, il n’est donc pas morale , ni éthique de se contenter des miettes, à l’image de l’economie parallèle dont on parle. Le Burkinabé doit être propriétaire et non demeurer ouvrier ou employé des multinationales.

  • Le 10 décembre 2020 à 12:53, par ali baba En réponse à : Journée nationale de lutte anti-corruption : « La refonte de la législation du secteur minier s’avère impérative » dixit Gnoumou Boureima, maire de Houndé

    y a t-il entre un salaire indu et la corruption ? Bassolma qui ne travaille pas mais qui est gracieusement payé par l’état !! Est ce moralement propre !
    je suis un lutteur farouche de la corruption mais je voudrais que chacun soit propre pour qu’ensemble on mette fin a cette immoralité qui a pignon sur rue de nos jours !

  • Le 10 décembre 2020 à 16:08, par Ka En réponse à : Journée nationale de lutte anti-corruption : « La refonte de la législation du secteur minier s’avère impérative » dixit Gnoumou Boureima, maire de Houndé

    Ayant suivi de près cette Journée nationale de lutte anti-corruption, Je joins les questions pertinentes du Dr. Ra-Sablaga Seydou Ouédraogo quand il dit : ’’’’’’’Après la nécessité de la nationalisation des mines du Burkina, les participants ont eu le droit de poser la question « Que gagne le Burkina ? Que perd le Burkina sur les ressources minières ? ». A ce questionnement, Dr Ra-Sablaga Seydou Ouédraogo a tenté d’apporter son éclairage. Pour lui, le Pays des hommes intègres profite du boom minier, mais a une échelle très réduite. Pour M. Ouédraogo, le principal bénéficiaire est l’investisseur étranger, suivi des élites politiques et économiques.’’’’’’’

    Ce que je peux ajouter, après avoir écouté certains qui en profitent plus des ressources des mines qui devaient être au profit des terriens, leurs arguments restent des discussions de maquis avec des faux raisonnements. On condamne la corruption en ne cautionnant pas les détournements de fonds publics et la manipulation de la Justice au service d’intérêts politiciens. Comment pouvez-vous se réunir pour parler de la corruption en oubliant un Guiro en liberté avec des cantines pleines des billets de banque chez lui dans un pays ou 98% de la population n’ont pas un bon repas par jour ?

    Et comme je ne cesse de le répéter dans ce forum qui est le plat quotidien de nos décideurs depuis plus de dix ans, ‘’’’’la meilleure façon de distribuer les richesses, c’est de permettre aux populations de cogérer leurs terres avec ceux qui ont la capacité de les mettre en valeur comme ces investisseurs sur nos terres minés d’or et d’autres matières. Au lieu de cela, le pouvoir immatricule toutes ces terres sous peine de les retirer à leurs propriétaires pour l’état. Cela s’appelle la spoliation. La terre devrait être un patrimoine d’enrichissement pour ses détenteurs et non un objet les réduisant à la pauvreté. Il y a tout un système de prédation mis en place par les ministres affairistes au pouvoir. Il y a un grand réseau de corruption et de mafia au sein des ministères. La Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance devrait plutôt suivre ces genres de contrats des mines aux inventeurs de ce secteur, au lieu de se contenter des déclarations de patrimoines qui n’ont aucun sens, puisque ce n’est pas publié.’’’’’

    Nous devons remercier le Dieu tout puissant, car dans sa bonté infinie a doté l’Afrique de toutes les richesses, un sous-sol scandaleusement riche, un sol vaste et fertile et bien arrosé, un climat superbe d’été permanent, un soleil généreux, et enfin un peuple jeune et travailleur. Le seul problème, ce sont des hommes politiques, cupides et d’une pauvreté et misère d’esprit à nul autre comparable. Voici où se trouve le vrai problème de l’Afrique, surtout chez nous au Burkina.

    Depuis des siècles, toutes découvertes et changement global sont en faveur de l’Afrique. Mais le mal qui nous ronge avec nos hommes politiques, empêchent l’Afrique de tirer les meilleurs opportunités de ces changements. Lorsqu’on parlait de biocarburants, l’Afrique était la mieux placée. De même en matière d’énergie solaire, l’Afrique est encore mieux placée. Avec la ruée vers les terres, l’Afrique présente encore les meilleurs atouts. Si nous avions des Gouvernants soucieux du devenir de leurs peuples, il y a ici matière à développement avec les terres.

    Ainsi, au lieu de faire des baux emphytéotiques de misère, juste pour quelques commissions versées à titre de corruption à nos dirigeants, on aurait pu imposer de formules obligatoires de joint-venture avec les firmes étrangères à la recherche des mines ou des terres a exploiter comme en raffolent les Chinois. Les propriétaires terriens disposeraient alors de participations dans ces investissements étrangers. Les petits paysans regroupés participeraient à ces entreprises, devenant plutôt riches que le système actuel qui les appauvrit.

    Il en est de même dans le secteur minier, au lieu des travaux d’utilité publique ou des dons faits aux collectivités, la participation des propriétaires terriens devraient leur assurer d’intéressantes retombées économiques à travers les joint-ventures du secteur minier comme agricole. Mais, tout ça c’est trop compliqué pour nos décideurs, cupides et égoïstes, qui préfèrent voir les peuples croupir dans la misère, afin de les asservir en bétail électoral. Que Dieu nous vienne en aide.

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