Les intempéries de ce mois de mai au Passoré ont les mêmes caractéristiques : peu d’eau de pluie, fortes rafales de vent aux conséquences désastreuses. Dans les villages de Boura, de Dakiégré, de Koro et de Samba, tous de la commune de Arbollé, l’orage du lundi 17 mai 2010 survenu autour de 16 h a laissé de mauvais souvenirs. A Boura où les rafales de vent ont été très dévastatrices, on en a même enregistré deux morts. Il s’agit du patriarche Rayimssomba Salif Ouédraogo, âgé de plus de 90 ans, et d’un bébé de 6 mois. Tous les deux sont du quartier de Kossoghin et ont été tués par la chute de murailles causée par le vent violent. D’autres importantes pertes ont été enregistrées dans ledit village endeuillé et consterné.

Sur une vaste étendue de plus de 6 km, le désastre écologique est sans pareil. Plus de deux cents espèces, selon les premières estimations, ont été décimées. Il s’agit essentiellement d’arbres fruitiers dont surtout des karités, des nérés, des baobabs, des manguiers et bien d’autres essences. Feuillages à terre, racines déterrées ; c’est un spectacle écologiquement désastreux qu’il a été donné de voir dans cette partie du territoire communal de Arbollé. Du côté des habitations en banco pour la plupart, c’est aussi la désolation. Le service de l’Action sociale dénombrait le 19 mai à 12h30, 106 ménages ayant perdu une à plusieurs maisons en tôles, en bois ou en chaume et des greniers emportés ou décoiffés. Les blessés étaient au nombre de 5 : 2 fillettes de 2 ans dans un état grave et 3 autres de moins de 7 ans légèrement blessées. Fait remarquable dans ce village aux vertus religieuses ancrées : plusieurs symboles religieux et coutumiers ont été endommagés.

La mosquée, l’école medersa, l’église protestante, l’autel des fétiches et sacrifices du Teng-soaba (chef de terre), la concession du chef coutumier, ont ainsi fait les frais de cet orage que certaines personnes du village n’arrivent pas à se l’expliquer. Le chef du village, intronisé depuis 25 ans et qui n’a jamais vu pareille manifestation de vent, explique ironiquement son calvaire : "Lorsque mon toit a été décoiffé, j’ai couru chez ma femme qui avait déjà perdu son toit en chaume bien avant moi". Dans les autres villages, seulement quelques dégâts matériels ont été signalés. La délégation conduite à Boura par le haut-commissaire du Passoré, Charles Eugène Nabollé, est passée dans quatre concessions différentes tantôt pour présenter ses condoléances, tantôt pour exprimer sa compassion et sa solidarité en ces moments de douleur morale et de grandes pertes matérielles. Après avoir enterré leurs morts, les populations vont devoir faire face au relogement et à l’alimentation des sinistrés d’un autre genre et éventuellement penser à la situation des arbres arrachés qui s’étendent à perte de vue.

Abdoulaye DIANDA (Collaborateur)

Le Pays